L’énergie du futur est l’intelligence : Beppe Grillo mise tout sur le référendum italien (12 et 13 juin 2011)
Les funérailles de l'énergie atomique. L'appel de Grillo pour une mobilisation générale contre les centrales.

Beppe Grillo : « Aujourd'hui nous célébrons les funérailles de l'énergie atomique. Après ce qui s'est passé au Japon, et après les déclarations de ce gouvernement qui veut néanmoins aller de l'avant* sur le nucléaire, tout a changé. Maintenant c'est la guerrre ».
La guerre à ceux qui veulent le nucléaire ?
BG : « Moi je n'accepte plus un dialogue entre "pour" et "contre". C'est une guerre qui oppose "vivants" et "morts". Nous avons mille projets, des idées pour le développement, et nous parlons de sources d'énergie alternatives et propres. De leur coté, merde et ciment ».
On vous accusera de ne savoir être que "contre"
BG : « Mais non... Nous présentons des idées concrètes. Nous parlons de parcs éoliens qui, dans beaucoup de pays, fournissent désormais plus d'énergie que le nucléaire lui-même, nous parlons d'énergie solaire photovoltaïque, de géothermie. Des sources d'énergie propres qui, si elles étaient développées et appliquées, seraient en mesure de satisfaire nos besoins énergétiques, et stimuleraient aussi bien la recherche que l'économie, en donnant du travail à des millions de personnes ».
De bien jolis mots, diront ceux qui vous critiquent, mais ensuite comment illuminerons-nous nos maisons ?
BG : « Ce sont des solutions concrètes. L'essentiel est d'intégrer nos ressources : ainsi en Sicile on pourrait miser sur l’énergie solaire photovoltaïque, en Sardaigne sur l'énergie éolienne, et en Toscane sur la géothermie. Chacun doit savoir exploiter sa propre potentialité. Jusqu'à aujourd'hui cela n'a pas été le cas... On a construit des moulins à vent dans des lieux où il est absent et des panneaux solaires là où les rayons ne battent jamais. Souvent le réseau électrique ne réussit même pas à recevoir le produit de l'énergie renouvelable. Parce que trop de personnes s'engraissent sur notre dos, et parce que manquent les controles et la coordination. Ce travail doit etre réalisé par ceux qui nous gouvernent ».
D'accord, mais concrètement ?
BG : « Ne sommes-nous pas sur la voie du fédéralisme ? Alors chaque région doit faire un plan énergétique, puis toutes le partager en réseau. Et puis... il faut pointer sur la microgénération d'énergie, pas sur la macrogénération qui sert aux multinationales. Au bout du compte, les citoyens produisent l'énergie et la mettent sur le réseau, ils la partagent suivant leurs nécessités. On élimine le gaspillage ».
Mais croyez-vous vraiment que cela suffirait ?
BG : « Il suffit de le vouloir. Il faut travailler beaucoup sur l'efficacité. Nous consommons 6 kilowatts par personne à l'année. En Allemagne on a démontré que pour pour jouir du même confort il est possible de baisser ce chiffre à 2 kilowatts. Éliminons le gaspillage. Savez-vous que 5% de l'énergie est dépensé par le 'stand bye' de nos appareils électroménagers ? Et moi, bon sang, je devrais construire une centrale nucléaire pour ces millions de télévisions éteintes ? Rien qu'en éliminant le 'stand-bye' nous pourrions fermer 17 centrales thermiques à charbon ».
On parle au futur ou au présent ?
BG : « Aujourd'hui, je dis bien aujourd'hui, nous pouvons miser sur la lumière froide, pas sur celle à incandescence, et sur l'électrodomestique de classe A. Rien qu'en faisant cela nous pourrions économiser 38 mille mégawatts à l'année. Ces technologies sont déjà disponibles. L'énergie du future est l'intelligence. Mais voilà que... »
Que quoi ?
BG : « ... que je vois arriver la loi Romani, qui est une infamie, que je vois le gouvernement qui fait des coupes budgétaires sur l'énergie renouvelable, et mise sur le nucléaire. Ces gens-là sont des "morts" ».
Le gouvernement n'a pas de doutes : le nucléaire est la voie à suivre. Ils ne seront quand même pas tous devenus fous...
BG : « Mais la réponse est sous les yeux de tous : avec le nucléaire nous remboursons nos dettes. Nous avons vendus 511 millions d'obligations financières aux français et aujourd'hui ce sont eux qui réalisent nos centrales. Allons donc un peu voir ce qui se passe réellement en France avec le traitement des déchets nucléaires. Ils en retrouvent partout, jusque sous les écoles. Les centrales conviennent seulement à ceux qui les construisent, et les gérer n'est avantageux pour personne. Vous vous souvenez de Thatcher ? Elle offrit à gratis ses centrales et personne n'accepta de s'en occuper ».
Maintenant les Italiens devront décider...
BG : « Il suffit qu'ils regardent le Japon, l'apocalypse d'une île qui n'existe plus. On dirait presque qu'ils s'immolent afin de nous faire comprendre quelle erreur nous pourrions commettre. Il y a trente ans je suis allé au Japon. Dans un supermarché il y avait des laitues qui poussaient à l'aide d'une illumination artificielle costante, une énergie produite par leurs centrales nucléaires. Et vous savez pourquoi ? Pour ne pas les laver. Voilà, nous faisons des centrales nucléaires pour ne pas laver les laitues. En regardant la tragédie japonaise aujourd'hui, j'y vois aussi la nature qui vomit des millions d'automobiles, qui recrache l'énergie que nous nous obstinons à produire à des fins inutiles... La nuit il y a des millions de gratte-ciel illuminés, comme des arbres de Noël, à cause desquels on ne voit même plus les étoiles. La question du partage de l'énergie ne doit plus etre posée seulement à un niveau marchand, elle doit etre posée de manière éthique, parce que pour notre vie elle est fondamentale, presqu'autant que l'eau.
Quelle sera selon-vous l'issu de ce référendum ?
BG : « Nous irons tous voter. Par millions. Parce que le nucléaire est mort, et que ceux qui nous gouvernent sont morts. Ils sont comme le federale d'Ugo Tognazzi, tels que le seraient aujourd'hui des fascistes encore ignares des faits du 25 avril 1945 ».
Ferruccio Sansa
Nucleare, Beppe Grillo “Il referendum ci salverà”
Source : Il Fatto Quotidiano del 17 marzo 2011
* Le gouvernement italien aurait décidé de repousser, sinon éloigner, ses projets de développement en matière de nucléaire italien. Mais seulement motivé par la peur de perdre des électeurs, selon Il Fatto Quotidiano (17.03.2010)
Links : BeppeGrillo.it | Spegni il nucleare |Référendum 1987.
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