L’Inde face au dilemme énergétique et climatique
Au moment où commencent les négociations de la COP21, tout le monde a encore en tête l’échec de la conférence de Copenhague en 2009 (COP15). Considéré comme le principal coupable en 2009, le « G2 » Etats Unis-Chine pourrait devenir un « G3 » auquel s’ajouterait, cette année, l’Inde. Troisième émetteur mondial de gaz à effet de serre, l’Inde résume à elle seule tous les paradoxes et les contraintes à lever pour sauvegarder le climat, sans freiner le développement.
Le ton a été donné dès la semaine dernière dans le Financial Times. L’économiste en chef du gouvernement indien, Arvind Subramanian, y revendiquait « le droit de l’Inde à résister à l’impérialisme occidental concernant la lutte contre le changement climatique ». Si l’expression est provocatrice, elle est à la hauteur des craintes des Indiens. 20% d’entre eux (220 millions de personnes) n’ont pas encore accès à l’électricité. Lorsqu’ils l’ont, ils sont exposés à des blackouts massifs, comme celui de 2012 qui a privé la moitié du pays d’électricité.
Pas d’abandon du charbon, ni aujourd’hui, ni demain
En recherche chronique d’électricité pour assurer son développement, l’Inde se repose très largement sur les énergies fossiles, tout particulièrement le charbon qui est utilisé dans les deux tiers des centrales électriques du pays. Le pays dispose en effet de 12% des réserves mondiales, et compte bien continuer à s’en servir.
D’ici 2030, le gouvernement indien estime qu’entre 40 et 60% de son électricité proviendra du charbon. Dans cette perspective, il est hors de question pour New Delhi que la conférence de Paris aboutisse à une obligation de limiter l’usage du charbon. A la place, Arvind Subramanian exhorte les Etats à mettre en place un « projet Manhattan » pour trouver un moyen de limiter l’impact du charbon sur l’effet de serre, aussi hasardeux ce projet soit-il.
Par ailleurs, les récentes campagnes de pression publique contre le financement ou la construction de centrales à charbon par des groupes occidentaux sont perçues comme contre-productives. Dans la logique indienne, faute de financements pour développer des centrales plus « propres » (ou au moins plus efficaces que celles en fonctionnement aujourd’hui), le pays n’aura d’autres choix que de faire au moins cher et donc au plus polluant.
Dans tous les cas, l’économie indienne compte s’appuyer sur le charbon pour soutenir son développement. Selon l’AIE (Agence Internationale de l’Energie), l’Inde et l’Asie du Sud-Est concentreront les plus fortes hausses d’utilisation du charbon, quel que soient les décisions internationales en matière de lutte contre le CO2. Bonne chance aux négociateurs de la COP21 pour trouver une solution au dilemme indien !
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