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Accueil du site > Actualités > Environnement > L’urbanisation centrifuge

L’urbanisation centrifuge

L’étalement urbain est le plus souvent vilipendé et associé à des dépenses énergétiques excessives et à une moindre qualité de vie. Lutter contre cette forme d’urbanisation motive la plupart de nos documents d’urbanisme. La réalité est toute différente et les politiques de limitation de cette urbanisation diffuse produisent précisément l’exclusion des zones les plus urbanisées et les plus équipées d’une part significative des arrivants ou de ceux qui souhaitent évoluer sur chaque territoire. Le désert français n’existe plus.

L’urbanisme et les urbanistes en travaillant sur un espace fragmenté par un nombre excessif de communes conçues comme des unités cohérentes, ce qu’elles ne sont pas, renvoient de plus en plus loin l’urbanisation.

Les données SITADEL (le dispositif statistique du ministère du Développement durable) met en évidence l’évolution de l’urbanisation en milieu rural et dans les unités urbaines de moins de 5 000 habitants où 43,5 % des logements ont été autorisés en 2006 pour 27,5 % en 1994.

En nombre, l’évolution est encore plus significative puisqu’il s’agit de 173 000 logements à comparer au 77 000 autorisés en 1994.
Cette situation constitue une réponse cruelle au discours ambiant sur un urbanisme soucieux de limiter l’étalement urbain. En fait, l’urbanisme, en protégeant excessivement le tissu urbain existant des agglomérations importantes contre l’urbanisation nouvelle, génère une croissance très consommatrice d’énergie et d’espace.

La direction régionale de l’équipement des Pays-de-Loire dans un document de synthèse sur l’urbanisation met clairement en évidence cette propension des territoires à s’urbaniser loin des villes.
Cette exclusion des nouveaux arrivants des espaces urbains constitués s’accompagne d’une discrimination sociale. L’espace rural concentre en effet les logements construits à l’aide de prêts à taux zéro et le logement social qui y évolue plus vite en proportion.


Nous savons par ailleurs que le prix des maisons est d’autant plus élevé à la construction que le prix des terrains d’assiette était élevé.
Le paradoxe de la grande maison sur le grand terrain dans la grande ville, et de la petite maison sur un petit terrain en campagne nous guette. Les agglomérations ne s’émeuvent guère du phénomène si ce n’est pour regretter les bouchons aux entrées de ville aux heures d’embauche. Elles négligent la rationalité d’utilisation des équipements publics structurant en les réservant aux habitants qui priment toujours sur l’arrivant. Elles s’inquiètent également des fermetures de classes qui font bizarrement écho aux ouvertures en zone rurale dans une arithmétique affectée par l’émiettement des écoles dans des zones peu peuplées.

Qu’en est-il de Paris ou plutôt du territoire aggloméré parisien, le futur Grand Paris peut-être ? Un comble, comme souvent + de 38 000 logements construits en 1994 soit 14 % des logements construits nationalement, moins de 30 000 en 2006 représentant 7,40 % du total.

Qu’en conclure si ce n’est que la grande centrifugeuse de l’urbanisme marche à plein malgré la bien-pensance et les discours et que seule la décohabitation de plus en plus difficile faute de logements continue d’agréger les populations au plus près des lieux d’habitation constitués.

 


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7 réactions à cet article    


  • Méric de Saint-Cyr Méric de Saint-Cyr 19 mai 2008 11:25

    Désolé de ne pas vous suivre : d’abord parce que je cherche encore le but de votre article qui ne fait que constater un phénomène qui est justement en train de s’épuiser à cause d’une force contraire.

    Plutôt que de déplorer l’horizontalisation de l’urbanisationil faudrait surtout poserles bonnes questions qui ne relèvent pas de l’urbanisme mais de nos modes de vie.

    Les gens sont allé habiter de plus en plus loin uniquement parce qu’ils cherchaient plus grand et moins cher, sans compter la tranquillité dela campagne.

    Mais, revers de la médaille, l’augmentation des distances à parcourir est aujourd’hui piégé par l’augmentation vertigineuse du carburant (plus de 1,60€ le litre). Ainsi cette liberté que l’on croyait gagner en allant "vivre à la campagne" tout en continuant de travailler à la ville a subi un sacré coup de frein.

    Si l’on doit reprocher quelque chose aux urbanistes c’est de ne pas avoir fait en sorte que l’étalement des logement suivent aussi létalement des lieux d’activité professionnelle.

    Même le télétravail n’a pas réussi totalement sa mutation : l’ADSL est bien meilleur en ville que dans les villages. Or l’idéal serait d’avoir tous les avantages de la ville tout en étant à la campagne.

    Moi-même je vis dans un village ou l’ADSL est à peu près supportable (6 mega), mais en zone montagneuse que les alpes de haute provence ou la savoie, le massif central, le désert existe encore.

    Autre point où je ne suis pas d’accord :le désert n’existe plus ! Bon sang, allez donc du côté de la drome ou de la dordogne, ou même les alpes de haute provence et vous saurez ce qu’est le désert.

    Vivre loin des grandes villes reste un idéal même si les déplacement risquent de coûter de plus en plus cher.


    • Jules Boncors Eric 19 mai 2008 14:40

      Bonjour,

       

      mon article n’a pas d’autre but que de mettre en évidence la contradiction qui existe entre le discours sur l’étalement urbain et la réalité observée. Les agglomérations constituées, et ce indépendamment de leurs tailles, se révèlent peu accueillantes pour les nouveaux arrivants et ce depuis les années 2000. Le milieu rural en profite. Je ne porte pas de jugement sur l’intérêt qu’il y ou non à vivre à la campagne et je suis d’accord avec vous quand vous indiquez que bien souvent le logement devrait se développer avec l’emploi, ce qui d’ailleurs commence à se produire. Il n’en reste pas moins vrai qu’avec 1 millions de logements manquants et des itinéraires résidentiels de plus en plus lointains, il me semble que les urbanistes ont failli à leur mission et qu’une critique radicale de leur pratique marquée par un malthusianisme constant reste nécessaire. Il me semble également que les départements que vous citez bénéficient tous d’une augmentation substantielle de population ces dernières années, les Alpes de Haute Provence représentant quasiment un pic national.

       

       


    • cza93 cza93 19 mai 2008 14:59

      "dans un village ou l’ADSL est à peu près supportable (6 mega), "

      Là je bondis : le "désert " en terme de déploiement et performances du réseau informatique haut débit n’est pas circonscrit aux zones rurales isolées ou en haute montagne :

      Je réside en Seine st denis (petite couronne Ile de France, donc), mais à plus de 3KM d’un central telecom et donc nous ne sommes éligibles au 1Mo que depuis moins d’un an, auparavant nous ne pouvions avoir que du 512k maximum !!! Et a priori nous ne pourrons pas obtenir de meilleures performances car nous sommes situés trop loin de bassins d’emplois suffisamment importants pour que France Telecom soit disposé à investir sur ce territoire qui comprend pourtant plusieurs communes fortement urbanisées ...

      Donc ces communes ont du se regrouper pour négocier ensemble un marché de câblage en fibre optique, et nous sommes dans l’attente du déploiement de ce réseau pour pouvoir accéder au haut débit et aux chaines TV numériques ; pour l’instant nous n’avons rien, alors que lorsque je rends visite à ma famille dans un tout petit village du sud Finistère, eux qui ont déjà accès à tout cela, cela les fait bien rigoler !!!


    • HELIOS HELIOS 19 mai 2008 18:58

      Au centre d’Antibes, contre Sophia Antipolis, je suis dans le même cas : 1 megamax depuis 1 an seulement. pas de télé, bien sur, mais pas de téléphone non plus. Pas de degroupage, car FT pretend toujours aux autres FAI que c’est 512 (test d’éligibilité).

      Nous payons donc 25€ plus 16€ soit 41€ juste pour avoir droit de payer les communications telephoniques et un surf anemique... quand il marche... Les autres ont droit au tel gratuit pour les fixes, la télé et un vrai adsl pour 30€. On est défavorisé et en plus on paye plus cher.

      Pourquoi ? parceque France télécom ne veut pas nous raccorder au central plus proche qui est moins d’1 km alors que celui qui nous dessert historiquement est a 4,5 km (juan les pins) cette organisation correspond a ce qu’il se faisit il y a 30 ans lorsque la longueur des lignes n’avait pas d’importance.

      France télécom ne veut pas non plus, comme ça se fait dans beaucoup de pays dit "pauvres", installer des "amplis" qui permettent d’avoir des debits de l’orde de 4Mo a 20 km du central (cela se passe au Chili, en Argentine par exemple).

      Quand a la fibre et le 100Mo symetrique, ce n’est pas demain qu’on va en beneficier ! Un entrepreneur de mes amis (et voisin) a proposé a FT de l’installer a nos frais (1 km de gaine souterraine travaux compris, jusqu’au central). La réponse de France télécom a été catégorique : NON.

      Quand a l’article de l’auteur, on sent poindre, helas, cette fausse bonne idée écologique qui consiste a vouloir mettre tout le monde a la ville parce que cela eviterait les transports collectifs ingerables sur un tel etalement. Outre que l’on retrouve la phobie de l’automobile, on vient maintenant sortir des phobies contre la maison individuelle. Nous en avons déjà débattu, une maison a la campagne n’a pas necessairement une empreinte ecologique superieure a un appartement, car le mode de vie des occupants est differents.

      La pointe de sectarisme de cet article est cachée, mais bien réelle.


    • thomthom 19 mai 2008 15:57

      Votre article rappelle une réalité terrible qui commence à etre connue : à trop vouloir limiter l’étalement des zones urbaines existantes, on ne laisse pas d’autre choix à la population que d’aller s’exiler en grande banlieue ou en pleine campagne, ce qui est bien pire d’un point de vue transport, aménagement du territoire et développement durable que de voir les zones urbaines juste s’agrantir.

       

      Encore un exemple de reglementation contre-productive. Ca part d’une bonne intention, mais à force de trop reglementer, la situation nous échappe et ca devient n"importe quoi. Tout ca car la politique de gestion du foncier dans ce pays est totalement lamentable. On a des terrains techniquement constructibles autant qu’on peut en avoir besoin, y compris dans ou à proximité des centre surbains, mais voila... le maire, au travers du PLU, a décidé qu’on avait pas le droit de construire... ou imposé trop de restriction... résultat, il faut faire 50km, quand ce n’est pas 100, pour trouver un terrain où construire à prix raisonnable (bah oui, c’est la juste loi de l’offre et la demande... à artificiellement créer une pénurie dans l’offre, on contribue à faire flamber les prix...tant qu’il y a des clients qui peuvent payer), et se taper le double de km tous les jours pour aller travailler.

      Vive la France !

       

      Et ne parlons pas des reglementations locales diverses qui souvent interdisent de se lancer dans tout projet architecturalement innovant... et parfois même écologique (maisons pasives,etc...)


      • HELIOS HELIOS 19 mai 2008 19:14

        Encore une réaction...

        Je vous suis dans vos remarques, a propos du prix des terrains en peripherie, et je voudrais rajouter une remarque sur les zone dites " commerciales". et les lotissements a leurs abords.. elles se sont installées a la peripherie et occupent des espaces enormes, tous pris sur des terres fertiles ciultivées depuis tres longtemps. Evidement, les terrains plats sont plus facile a construire que le rebord des collines pierreuses.

        Aujourd’hui ou nous decouvrons que l’agriculture vivrière locale a un sens, nous n’avons plus de terres a exploiter.

        Dernier mots sur l’imbecilité manifeste des "architectes" de l’etat qui sevissent dans les DDE. Tous formés a la même ecole, en général a Paris, ils ont obligé toute la Provence et en particulier la Côte d’Azur a faire des toits pentus avec des tuiles rondes. C’etait l’image de nos pays qui circulait dans la tête d’un parisien alors qu’ici, de l’Esterel a l’Italie, ce sont les tuiles plates, dites "mecaniques" qui furent toujours utilisées.

        Que de gachis...


      • barrere 19 mai 2008 21:06

        tout a fait d’accord !

        c’est la folie ! pour faire rentrer de la taxe d’habitation les maires lotissent à tout va ! et cela sur lesterres les meilleures agronomiquement parlant......

        dans ma communauté des communes, sous préfecture, des grandes surfaces se sont crées qu’il faut bien alimenter en clients, alors le maire de mon village aussi vice président de cette communauté des communes se transforme en lotisseur.........

        l’urbaniste chargé des plu est salarié de la communauté.........

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