Le texte qui suit est un cri d’alarme doublé d’un cri de désespoir, tout comme le billet d’humeur écrit par Fabrice Nicolino* dans son excellent blog ! Jusqu’où iront la malfaisance et l’imbécillité bureaucratiques ? Le département de la Côte d’Or déclare en effet une guerre totale aux blaireaux et ordonne, par voie de circulaire préfectorale**, l’extermination la plus complète comme la plus systématique de ce mammifère nocturne... On ne voit pas en quoi ce noble animal qu’est le blaireau (animal monogame sa vie durant, vivant en large famille et amateurs de gastéropodes) même s’il est un porteur sain de nous ne savons quel bacille de Koch, serait actuellement “Le” vecteur contaminant privilégié des vaches ?
Vaches d’ailleurs “tuberculeuses” depuis la nuit des temps (c’est grâce à elles que fut inventée la vaccine) et que nul n’a jamais songé à éradiquer sous prétexte qu’elles transmettraient leurs mycobactéries à l’homme... Des bovidés qui, soit dit en passant, ne sont plus guère nombreux dans le sus-dit département où les prés sont à présent tous plus ou moins convertis en champs de colza destinés à la production d’agrocarburants !
Devrait-on de la même façon éliminer les chauve-souris pour la plupart porteuses saines du virus de la rage ? En Côte d’Or des « piégeurs » qui se prétendent assermentés, ne se font-ils pas en outre un devoir de tirer à vue les chats sauvages, espèce protégée…
Bref, de qui se moque-t-on ? Derrière une apparente mesure de prophylaxie pour enrayer une très hypothétique épizootie (on a vu ce qu’il en était du virus H1N1 dont la menace était proportionnelle à la corruption de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dont les rapports avaient été trafiqués pour servir les intérêts des grands groupes pharmaceutiques), on en vient à se de se demander s’il ne s’agit pas tout simplement de donner satisfaction au « lobby » des ramasseurs d’escargots de bourgogne ?

Le blaireau grand consommateur de “cagouilles” met-il en péril l’industrie rémunératrice de l’escargot de bourgogne et de son caviar blanc (les ventes d’œufs d’escargots constituent un secteur lucratif en pleine expansion) ? S’agirait-il alors d’une sombre histoire s’inscrivant dans l’éternelle guerre asymétrique que l’homme livre à l’animal, du plus gros au plus petit, au plus humble ? Guerre qui se solde invariablement par l’élimination génocidaire du rival animal ? Ajoutons que l’industrie de l’escargot prend maintenant une allure transnationale avec une collecte extensive et l’arrivée sur le marché de ce “glanage” d’un nouveau genre, d’une main-d’œuvre en provenance d’Europe orientale... Activité commerciale qui commence également à ressembler à un véritable pillage de nos ressources et patrimoines naturels, en particulier forestiers.
Car il ne s’agit pas seulement d’escargots mais aussi de champignons (cèpes, morilles, truffes) dont les prix sont toujours plus élevés, ou bien de mousses décoratives, et cætera, cela trop souvent avec la bénédiction tacite des autorités publiques.
Que cette raison (cachée) de la tragédie qui va s’abattre sur les blaireaux de la Côte d’Or, soit fondée ou non, il n’en reste pas moins dans ce cas précis que le sacro saint « principe de précaution » n’est certainement pas prêt d’être appliqué en faveur des plus démunis, des moins syndiqués, des sans porte-voix, des plus vulnérables que sont ces malheureux représentants du monde animal, les blaireaux. Lesquels ont, pour longtemps encore, l’insigne malchance de se trouver du mauvais côté de la barricade administrative auxiliaire actif de la bêtise et de la méchanceté humaine…