La peste ou le choléra
Nucléaire ou charbon ?
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Le problème, c'est que nous sommes incapables de nous convaincre qu'un danger à court terme et local est préférable à un danger à long terme mais global. Surtout que le danger global en question fait débat. Nous sommes tout simplement faits comme ça : tant qu'on n'est pas confronté directement à une catastrophe, on ne veut pas voir le danger.
C'était le cas pour le nucléaire, avec Tchernobyl et maintenant la piqûre de rappel de Fukushima. En ce moment nous assistons à une réaction épidermique à travers le monde. En France les manifestations contre Fessenheim reprennent de plus belle, en Allemagne on veut accélérer la sortie du nucléaire, en Suisse presque 90 % de la population veut sortir du nucléaire... et même aux Etats-Unis l'opinion publique, qui se foutait jusque-là du nucléaire comme de sa dernière chaussette, va commencer à s'intéresser à la question. Mais moi je dis : attendons un peu et laissons les choses se tasser avant de prendre des décisions trop rapides. Il faudrait prendre du recul et avoir la tête froide pour réfléchir sur ce genre de choses.
Alors faut-il arrêter de jouer à l'apprenti sorcier et sortir du nucléaire ? Ce serait bien si on pouvait s'en passer, c'est certain, mais avons-nous vraiment le choix ? Quelles sont les alternatives à l'énergie atomique ? Non, ce ne sont pas les énergies renouvelables - elles ne vont jamais sortir de rôle qui consiste à simplement compléter l'offre d'énergie de quelques % variables. Non la seule vraie alternative au nucléaire pour produire de l'électricité, ce sont encore les énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz), tout simplement car on peut en produire à la demande. Tandis que le vent et le soleil ne sont jamais là quand on en a besoin. Or les énergies fossiles posent deux soucis : leurss réserves sont très limitées et elles provoquent l'émission de gaz à effet de serre (CO2).
Ce qui me mène au point suivant : qu'on ne voie pas le danger, c'est encore plus le cas avec le climat. Malheureusement il faudra là aussi attendre la catastrophe pour s'en rendre compte. Mais c'est comme ça, c'est humain. On est capable de se défendre contre un danger imminent et on se débrouille très (il n'y a qu'à regarder ce qui se passe au Japon pour s'en convaincre). Mais les menaces lointaines, on les ignore. C'est exactement le même phénomène avec les révisions avant un examen - on n'est jamais aussi efficace qu'à la veille du contrôle.
Et puis il faut bien se dire que de toute manière, pour prendre des décisions sur les modes de production d'énergie, il faut un certain nombre de compétences, ne serait-ce qu'en gestion de risque (car le risque zéro n'existe pas, peu importe le niveau de sécurité dans lequel on investit). Quoiqu'il en soit, ce sont des compétences que le grand public n'a pas. Donc remettons-en nous à nos experts.
Ce qui se passe actuellement dans l'opinion publique montre bien que tout combat pour éviter le réchauffement climatique est vain, car les gens ont beaucoup plus peur d'avoir une centrale nucléaire à côté de chez eux que de laisser une planète complètement déréglée à leurs enfants. Et pourtant personne ne renoncerait à consommer de l'énergie. C'est pour ça que je fais écho à ce cher Jean-Marc Jancovici en disant : "Nous sommes tous des nababs" ! L'électricité pas chère est un luxe énorme, rendons-nous bien compte, et profitons-en tant que nous le pouvons...
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