La réunion du G8, des promesses pour 2050 !
Le professeur Khalifa Chater, analyste géopolitique, évalue les travaux du G8 et montre que ce club des puissances privilégie les centres d’intérêts de ses membres et engage la concertation sur la répartition de leurs rôles. Evaluant les résultats de leur dernière assise, il estime que la crise USA/Russie à propos de la création d’un bouclier nucléaire en Pologne et Tchéquie est loin d’être désamorcée et que le renvoi aux calendes grecques d’une solution vitale du réchauffement de la planète traduit les limites du pluralisme, tout en demandant d’ouvrir l’horizon du G8 sur son environnement géostratégique international.
Structure informelle de coexistence des puissances, il était
normal que le G8 privilégie les centres d’intérêts de ses membres, qu’il
engage la concertation sur la répartition de leurs rôles et qu’il favorise
leurs points de vue. Les autres pays peuvent les intéresser, en tant que
clients politiques et économiques ou s’ils ont des capacités de nuisance, réelles
ou imaginaires, telles « les armes de destruction massives » d’Irak ou les
missiles à futures têtes nucléaires d’Iran. De ce point de vue, la dernière réunion
du G8 a permis au président Poutine d’exprimer fermement son opposition à l’installation
par Washington de dix rampes de lancement en Pologne et d’une station radar en
République tchèque, censés protéger l’Europe d’une attaque future de l’Iran. Cette
installation du bouclier antimissile en Europe, dans le voisinage de la Russie
et son ancienne aire d’influence réanime la guerre froide d’antan et identifie
la Russie comme ennemi éventuel. Offusqué, Poutine mit la question à l’ordre du
jour de la conférence et de l’opinion publique européenne. Fait important, le
projet américain a l’ambition de prendre en charge la défense de l’Europe,
avec l’accord de la Pologne et de la Tchéquie, sans la consultation de leurs
partenaires au sein de la Communauté européenne, bien redimensionnée par la
limitation de ses prérogatives. En dépit des assurances réciproques, la crise
est loin d’être désamorcée car elle redéfinit les relations désormais
conflictuelles, du moins virtuellement, entre les USA et la Russie.
La concertation internationale s’est limitée à l’étude de la question du Kosovo et sans doute la question du nucléaire iranien, objet d’un consensus du clan occidental. Mais les questions essentielles telle celle du Moyen-Orient et ses multiples brasiers ne sont guère abordées. Dans ce domaine, la vision européocentriste rejoint la vision américaine, tolérant les manœuvres de diversion, qui consolident l’ordre établi par l’actuel rapport de forces. Mais l’enterrement du tiers-mondisme ne permet pas d’ignorer les tragédies dues au commerce inégal, au développement du sous-développement et de la misère. L’aide consentie à l’Afrique, un expédient pour répondre à des solutions d’urgence, ne peut avoir d’impact significatif. Ne faudrait-il pas anticiper la solution des problèmes de la planète-monde, instituer une solidarité organique et ouvrir l’horizon du G8 sur son environnement géostratégique international, dans le cadre d’une véritable éthique onusienne de compréhension, d’association et de partenariat responsable ?
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