La Terre : une planète en souffrance logeant des Hommes qui n’ont pas compris grand chose
Elle s'appelle « Terre », elle porte également le joli nom de « planète bleue », tant l’eau qui coule en elle est abondante et lui donne vu du ciel cette couleur dominante.
Pendant 4,5 milliards d'années, elle est restée exempte de toute trace humaine, lui offrant une virginité jamais connue des actuels hominidés. Il y a quelques milliers d’années, toujours perdue dans un univers vieux de 13,8 milliards d'années (aux dernières nouvelles), quelques secondes à l'échelle humaine, rien ne pouvait encore salir, dégrader, contrarier ses créations artistiques. Elle n’était que paysages abritant un monde vivant très diversifié fait d’animaux et de végétaux, aboutissement du long cheminement vers la complexité. Tout était en harmonie et en équilibre, enfin presque, car il fallait compter sur quelques ruptures majeures, telles que des collisions cosmiques.
De nouvelles espèces apparaissaient, d’autres disparaissaient, résultat de la subtile rencontre entre le hasard, la nécessité, le règlement naturel, les lois régissant l’évolution d’un monde baigné d’une lumière venant tout droit d’un astre nommé ‘Soleil’. La nature avait gravi progressivement l’échelle de la complexité, de l’atome aux êtres vivants les plus évolués, en passant par les molécules, les macromolécules, les organites, les cellules, les tissus, les organes, les systèmes fonctionnels.
Mais voilà, il y a quelques milliers d’années, l’évolution accélère et une espèce pas vraiment comme les autres va s’emparer progressivement des terres. Son intelligence va lui donner tous les pouvoirs et tous les droits : le droit de prélever, le droit de transformer, le droit de construire, le droit de détruire, le droit de polluer, le droit de s’approprier. Aucune autre espèce ne pourra les lui contester.
La force de cette espèce tient à son intelligence, à sa technicité, à son appétit toujours croissant et à son nombre d’individus toujours plus élevé. Plus de 7,5 milliards aujourd’hui et peut-être 10 ou 12 milliards demain.
Ils sont près de 50 individus en moyenne sur chaque Km2 de terre. Ils rêvent de croissance, de consommation, de loisirs, de déplacements. Ils ont besoin d’énormes quantités d’énergie et de matières pour fabriquer leurs produits marchands, extraire, puiser, cultiver, irriguer, récolter, distribuer, se nourrir, se déplacer, s’amuser. Tellement énergivores ils sont, que dans un siècle ils auront brûlé tout le gaz et le pétrole qu’elle aura mis plusieurs millions d’année à produire et à stocker. Les générations futures se contenteront d quelques miettes. En 2 ou 3 siècles, les Hommes auront épuisé tout ce qui était facilement épuisable, notamment les énergies fossiles. L’émergence rapide de la vie au cours de l’explosion cambrienne avait provoqué une glaciation, par le fait de la réduction du CO2. Les Hommes toujours plus nombreux et accrochés à leur croissance provoquent un réchauffement climatique en rejetant dans l’atmosphère de nombreux gaz à effet de serre. On peut tous imaginer désormais ce qui pourrait se passer par simple lecture de la vie dans le passé.
Ils sont si nombreux qu’ils ont besoin d’espaces toujours plus vastes pour vivre, se nourrir, et surtout produire. Ainsi, ils détruisent tes forêts pour étendre leurs cultures. Ils construisent leurs habitats, leurs réseaux, et leurs usines sur les terres les plus fertiles. Ils polluent l’atmosphère, les sols, les lacs, les rivières, les océans. Ils modifient le climat, c’est ce qu’ils appellent « l’effet de serre » ou le « dérèglement climatique ». La banquise et les glaciers fondent, les mers et les océans rongent les terres en salinisant les plaines, le désert avance, les lacs s’assèchent, les forêts primaires disparaissent au profit de forêts de palmiers alignés, l’Homme préférant la géométrie au hasard, la monotonie à la diversité.
Et pourtant la Terre parfois se rebelle et explique l’évidence avec des arguments tonitruants : tempêtes, cyclones, inondations, sécheresses, canicules. Mais les Hommes n’ont pas l’air de comprendre.
Certains, peu nombreux, sont capables de devenir les observateurs attentifs et admiratifs de l’univers et de la nature, de déchiffrer les énigmes de la vie, de mettre le monde en équation, tout simplement comprendre. D’autres détruisent la vie, n’imaginant pas un instant que la nature est une artiste, que ses œuvres sont uniques, suggérant fortement une obligation morale de préservation et de respect.
Les écosystèmes sont menacés et les équilibres rompus. Beaucoup d’espèces perdent leurs habitats et disparaissent. La pollution est présente et menaçante en tout lieu. De nombreux terriens souffrent d’un manque de nourriture, d’eau potable, et de ressources énergétiques. Les Hommes ont chaud, auront de plus en plus chaud, contraints de se déplacer vers des zones plus clémentes. Pourrait-on dire que ces souffrances ne sont que des anecdotes d’une condition humaine qui a fabriqué les conditions de sa propre destruction. L’Homme fabrique des armes et fait la guerre. Les pays occidentaux, les riches, se fichent royalement des petits tracas d'autrui, se déculpabilisant avec quelques aides ou subventions à l'adresse des pays dits pauvres, mais peut-être si riches de leurs cultures et pour certains peuples de la connaissance de leurs milieux. Je pense au monde Touareg que j’ai eu la chance de rencontrer dans mes escapades désertiques.
Surtout ne pas toucher à notre petits acquis de confort, et comme disait un certain président des États-Unis : « notre mode de vie est non négociable ». Pas de place pour le partage. Il n'avait assurément pas compris que la Terre ne négocie jamais avec les Hommes. Il n’y a pas eu de sommet international entre la Terre et les Hommes pour négocier la fonte de la banquise, de l’Antarctique, et des glaciers de l’Himalaya. Il n’y a pas eu de sommet non plus pour négocier la force des cyclones ou des ouragans, pas plus que pour la montée du niveau des mers.
Courons vite vers le progrès technologique : Ah, des Airbus A380 déjà boudés, des TGV, bientôt dépassés par les hyperloop, pour les Hommes toujours plus pressés. Un monde tout numérique, programmant la disparition du livre, un monde en réseau tissant les liens de la bêtise.
L’Homme disparaîtra-t-il à son tour comme tant d’autres espèces ? Oui, assurément, car toute structure est appelée à disparaître, et bien avant la disparition de notre Soleil. Mais avant, il aura encore le temps de sévir et d’amplifier ses opérations méthodiques de destruction.
Ce dont je suis sûr et le passé en témoigne, la vie sera gagnante même s’il faudra du temps. L’Homme aura fait disparaître des centaines de milliers d’espèces vivantes, un patrimoine a jamais perdu, mais il faut se rassurer en pensant que dans des millions d’années, un temps très court à l’échelle de l’univers, les choses se reconstruiront, et un nouveau monde fera son apparition.
Puisque l’Homme est condamné à disparaître, pourra-t-il revenir dans quelques millions d’années ? Est-ce que la finalité du vivant engendre forcément des êtres intelligents (au sens où on l’entend). Personne n’a la réponse. Personne ne sait si l’univers a créé dés son origine les subtils paramètres qui conduisent inéluctablement à des êtres capables d’en observe la beauté.
Alors en attendant, puisque tout semble perdu, nous les Terriens, continuons de produire toujours plus, de consommer toujours plus futile, de gaspiller, de jeter, de détruire, de polluer, de délocaliser. C’est notre monde marchand, non négociable aux yeux de certains dirigeants..
Mais surtout ne pas se plaindre et ne jamais dire plus tard : on ne savait pas !
Alain Desert
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