La transition énergétique doit protéger l’environnement et la santé publique
Lors du discours de lancement de la Conférence Environnementale, le 14 septembre 2012, le Chef de l’Etat a confirmé, au sujet de la transition énergétique, que l’on arrêterait définitivement Fessenheim en fin 2016 et que l’objectif était de ramener la proportion d’électricité d’origine nucléaire de 75 % actuellement à 50 % en 2025.
Curieusement, rien n’a été dit sur l’ensemble des autres énergies primaires carbonées et importées : pétrole, gaz et charbon qui représentent plus de 50 % de la consommation française en énergie primaire et sont responsables de la quasi totalité des émissions de gaz carbonique.
Or l’accroissement de la consommation en CO2 dans l’atmosphère est responsable des désordres climatiques et pose le problème le plus grave pour l’avenir.
La France est en tête du classement européen, hors pays scandinaves, en matière d’émission de gaz à effet de serre : 5,5 tonnes de CO2 par an et par habitant contre 9,2 en Allemagne.
Ces émissions résultent de l’utilisation des combustibles fossiles carbonés.
(Extrait du rapport de décembre 2011 du Commissariat général du développement durable (Ministère de l'Ecologie du Développement durable des Transports et du Logement).
Les émissions de CO2 dues à la combustion d'énergies fossiles en 2009 :
- Allemagne 750 Mt,
- France 354 Mt,
- USA 5 195 Mt
- Monde 29 Milliards de tonnes
Emissions par habitant et par an
- France 5,5 t par habitant.
- Allemagne 9,2 t par habitant
- USA : 16,9 t par habitant
Au niveau mondial 55% des émissions proviennent de l'industrie lourde.
Parmi ces 55%, elles se répartissent ainsi :
- La production d'électricité : 38%
- Les cimenteries : 8%
- Le secteur transformation de l'énergie (pétrole, gaz, raffinage...) : 7%
- la sidérurgie : 3%
Pour la France (source SOeS. calcul simplifié à partir du bilan des énergies juin 2009) 372 millions de tonnes ont été émises en 2008.
Les émissions se répartissent entre :
- Les transports : 38%
- Les secteurs résidentiels et tertiaires : 26%
- L'industrie et l'agriculture : 21%
- La production électrique, parc de référence : 8% (dont 26,7 Mt rejetées par le secteur transformation de l'énergie : 6%)
En 1980, la production électrique était responsable de l'émission de 106 Mt de CO2.
En 1990, de 39 Mt
En 2008, de 33 Mt.
Cette baisse spectaculaire est liée à la montée en puissance de l’électronucléaire.
En France, l'émission globale moyenne de la production d'électricité est de 79 g par kWh.
La répartition par mode de production :
- Nucléaire : 3 g par kWh
- Hydraulique : 5 g par kWh
- Charbon : 900 g par kWh
- Fioul-pointe : 1 100 g par kWh
- Hors parc : 500 g par kWh Importé
Comme on le voit dans les statistiques du Ministère, la situation de la France résulte simplement du fait que le secteur électrique est le 4ième émetteur de gaz carbonique en France alors qu’il est le premier ailleurs.
L’électricité française est décarbonée à 90 %. Ce qui, d’ailleurs, ne nous laisse que très peu de marge de manoeuvre pour réduire encore les émissions dans le futur.
Lors de la Conférence de Copenhague en 2009 qui faisait suite aux accords de Kyoto, la France, qui en a été le moteur, a proposé :
- Une réduction de 25 % de ses émissions en 2020 par rapport à la référence de 1990, objectif qui devrait être atteint mais difficilement.
- De se placer sur une trajectoire qui lui permettrait d’atteindre une division par 4 des émissions de CO2 en 2050, soit 1,5 tonne par an et par habitant. C’est un engagement très difficile voire impossible à tenir. Cet effort est complètement tributaire des secteurs de l’habitat et du transport. Il nécessite, outre les économies d’énergie, la substitution d’énergies non carbonées au fioul et au gaz
Cette Conférence n’a pas débouché sur un accord international. Néanmoins ce sont ces chiffres qui ont été retenus dans les feuilles de route issues du Grenelle de l’Environnement.
Pour confirmer les engagements de la France dans la lutte pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la protection de l’Environnement, le Président de la République a été l’un des rares chefs d’Etat des pays industrialisés à se rendre à la Conférence de Rio et à y prononcer un discours pour bien montrer le sérieux des intentions du pays.
Ces engagements ont été pris pour essayer de limiter les impacts sur le climat liés aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre, notamment la montée des températures et tout le cortège des conséquences qui en résultent, ainsi que les dérèglements climatiques qui semblent se multiplier.
Le chemin proposé aujourd’hui, s’il était suivi, conduirait, en réalité, à augmenter considérablement nos émissions de gaz à effet de serre qui, outre le gaz carbonique, résultant de l’utilisation des combustibles carbonés, comprennent aussi les rejets directs de méthane via les fuites sur les réseaux de gaz et les stations de détente et compression.
Les émissions de gaz carbonique entrainées par la production de 110 TWh par des CCGT donneraient, à elles seules, une augmentation de 1 tonne par an et par habitant !
Par ailleurs, un cycle combiné à gaz fonctionne, pour la partie turboréacteur, à des températures très élevées qui oxydent l’azote de l’air. Malgré les dispositifs de dénitrification qui n’ont pas un rendement de 100 %, ces émissions d’oxydes d’azote ont trois effets :
- La recomposition avec l’humidité de l’air pour donner de l’acide nitrique qui retombe sur les sols à proximité des points d’émission des rejets gazeux,
- La libération d’ozone, gaz irritant, dans la couche la plus basse de l’atmosphère,
- Et, de façon plus éloignée des points d’émission des rejets gazeux, se produit une recombinaison chimique qui transforme ces oxydes d’azote en nitrates aérosols. Ces nitrates retombent alors sur les sols. Une partie sert de nutriment à la végétation et la partie excédentaire se retrouve dans les cours d’eau par ruissellement. La pollution par les nitrates des eaux superficielles n’est pas seulement d’origine agricole.
On voit donc bien que les orientations en matière de production électrique auraient un impact sensible sur notre environnement et la santé publique. Dans ce cas précis, il s’agit d’une pollution de l’air, des eaux et des sols.
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