Le phénomène Nicolas Hulot : une fenêtre d’opportunité politique s’ouvre-t-elle enfin pour l’environnement ?
Avec sa proposition de Pacte écologique, Nicolas Hulot est sur le point de réussir son premier pari : interpeller les hommes et femmes politiques sur la problématique environnementale. Fort des 10 % d’intention de votes que les instituts de sondage lui prêtent, Nicolas Hulot semble faire l’unanimité à gauche et à droite, et se voit convoité par tous les candidats qui espèrent en son ralliement.
Hulot réussirait-il à remettre l’écologie au cœur du débat politique, et en particulier au centre de la campagne présidentielle, chose que le parti des Verts et les leaders écolos n’étaient jamais vraiment parvenus à faire ? Il paraît en tout cas enlever à la gauche le monopole de l’écologie.
Il faut croire que depuis vingt ans, l’environnement a progressivement fait son chemin pour devenir une préoccupation majeure de cette opinion publique qui, notamment, appréhende avec inquiétude et anxiété le cataclysme climatique que tous les cassandres annoncent, sans doute non sans raison. Dans notre société anxiogène, les discours qui interpellent et qui attirent ont souvent pour point commun de capitaliser sur les peurs et les risques : insécurité, insécurité de l’emploi, risque terroriste, risque climatique, écologique, sanitaire ; et le pendant, le principe de précaution.
Alors, Hulot, jouit-il véritablement de solides intentions de vote ? Rien n’est moins sûr. Il faut peut être y voir un succès plus médiatique que politique. Crédible sur les questions environnementales, semblant également respirer la sincérité, le personnage Hulot réunit deux qualités qui font peut-être le plus défaut à la classe politique actuelle. Du coup, il suscite l’engouement populaire et acquiert la sympathie de l’électorat qui aspire au renouvellement du politique (au sens de la chose publique).
Par ailleurs, les questions environnementales occupent-elles vraiment le débat d’idées, depuis l’arrivée de Hulot dans la campagne ? Certes, on a parlé des cinq propositions de ce pacte ; mais, hormis, peut-être, la taxe sur le carbone, il faudrait, pour engager un réel débat, sortir des grandes annonces (le symbole étant évidemment la création du fameux poste de vice-ministre chargé du développement durable) pour entrer davantage dans le concret. L’insécurité, l’emploi, le pouvoir d’achat (« la vie chère » pour ceux qui aurait besoin d’un petit coup de pouce lexical de Ségolène Royal) semblent ne pas être détrônées au rang des priorités.
Mais ne soyons pas si cyniques et si difficiles pour la cause environnementale. Après tout, c’est peut-être la première fois que l’éclairage médiatique semble témoigner de ces questions, et en même accélérer une prise de conscience plus généralisée. Et si on se prend à rêver, on pourrait être tenté d’y voir une opportunité qui permettrait d’envisager un renouvellement du rapport à la chose publique, car c’est sans doute un rare domaine de la politique, pour lequel le progrès et l’action doivent nécessairement passer par la combinaison de l’implication individuelle et collective, celle de chacun, et celle des pouvoirs publics, sans quoi rien n’est véritablement réalisable.
Ps : Hulot n’a manifestement aucune envie d’aller vraiment jusqu’au bout d’une candidature... et je serais surprise qu’il se rallie officiellement à l’un ou à l’autre, son indépendance faisant sa force...
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