Les écobobologistes
Le Monde des bisounours verts …
Ils sont à l’écologie ce que le SMS est à la littérature, une forme condensée de la chose, un raccourci qui prend toutes les falicités, accepte tous les truismes tout en martyrisant allégrement le concept de départ. Ils se moquent de penser en profondeur, ils se satisfont de la surface des choses, tombant dans tous les panneaux, tous les slogans, toutes les solutions simplistes pourvu qu’elles soient à la mode et se repaissent de l’air du temps.
Ils sont les premiers à se monter le bourrichon à propos de tous les subterfuges foireux qu’on leur présente pour préserver notre Planète à commencer tout naturellement par le redoutable vélo électrique, nucléaire de son vrai nom, qui leur permet de s’afficher comme résolument à la page. Ils nous narguent, en roue libre, chevauchant des destriers rutilants, fabriqués aux quatre cents diables et venus à bicyclette comme il se doit jusqu’à chez eux.
Ils s'extasient de voir des renoncules et de la jussie couvrir notre Loire, affirmant péremptoires, que c’est là un signe éclatant de l’amélioration de la qualité de l’eau. Ils sont si proches de la nature que la moindre fleurette les fait bourdonner de contentement, qu’importe si elle est la marque d’une présence alarmante de produits phytosanitaires. Ils sont naïfs puisque bucoliques, pour eux tout est bon dans la nature, pourvu que l’homme ne vienne pas y jouer sa partition.
Si on les pousse un peu, ils oublient leurs ancêtres : chasseurs, cueilleurs, pêcheurs. Ils se font végétariens pour la sauvegarde de la Planète et bientôt Végan pour pousser plus loin encore une théorie qui relève de l’idéologie. Ils sont disposés à tout, y compris leur mise en danger pour démontrer au monde ébahi, qu’ils ne reculent devant aucun sacrifice.
Puis, ils s’accordent un peu de bon temps tout en prétextant une mission planétaire. Ils prennent l’avion, en dépit de quelques restrictions d’usage, pour se rendre auprès de l’humanité en souffrance. Représentants des citoyens du Monde, ils vont apporter le bien-être ou simplement leur témoignage là où, la loterie des chances a été la moins généreuse.
Ils s’accordent même le droit de modifier le cours des choses en finançant des projets, des réalisations, des entreprises qui permettront aux démunis de la géographie, l’occasion de suivre leur exemple. Ils s’y rendront souvent durant des voyages qui deviennent des missions humanitaires pour traîner leur ennui de privilégiés gavés.
Ils organiseront des manifestations caritatives pour financer leurs bons sauvages lointains. Tout sera bon pour faire de l’argent qu’ils porteront dans un nouveau voyage en avion. Sans eux, le tiers monde ne peut subvenir. Ils ont besoin d’être les témoins attentifs de cette générosité qui dégouline de leur immense altérité. Ils imitent en cela nos chers élus, éternels voyageurs aériens à l’heure des conférences vidéo, toujours prompts à évoquer le développement durable sans jamais y contribuer.
Les écobobologistes sont des êtres merveilleux. Ils ne sont pas là pour remettre en cause une doctrine libérale qui leur profite si bien. Ils se contentent d’intervenir à la marge, d’apporter un peu de réconfort, de montrer leur bonne volonté sans rien remettre en cause. Ils ne sont pas fous, ils ne vont pas détruire ce système dont ils profitent honteusement. La merveilleuse légende du Colibri leur va à ravir, agir modestement sans rien changer fondamentalement. Ils ont simplement besoin de s’offrir un peu de bonne conscience à peu de frais sans remettre en cause une société dans laquelle ils évoluent comme des poissons dans l’eau souillée.
Ils sont le pire de cette société qui va à sa perte. Ils n’ont pas l’excuse de n’avoir rien vu venir, de ne pas savoir ou bien de n’avoir rien compris. Ils se plaisent à agiter le chiffon vert pour se donner bonne conscience tout en jouissant de tout ce qui nous pousse vers la grande catastrophe. Ils se satisfont d’un discours de façade, d’une posture qui les dédouane de toute responsabilité. Ils auront fait leur part tout en fermant les yeux sur les véritables raisons de la catastrophe à venir.
Monstres d’égoïsme, de suffisance et de vacuité, ils sont capables de toutes les monstruosités pour passer aux yeux des autres pour les chevaliers verts de la sauvegarde de la planète et de l’humanité en souffrance à la seule condition d’agir loin de ce petit peuple qu’ils exècrent, qu’ils méprisent et qui se vautrent, à leurs yeux, dans la facilité. Eux, sont naturellement au dessus de tout ça, ils ont tout compris et le font savoir avec grand bruit.
Pitoyablement leur.
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