Chaque année le Centre d'Information sur l'Eau publie un "baromètre" pour nous dire à quel point les français sont satisfaits de leur eau du robinet. Cet organisme - présenté comme indépendant - regroupe en réalité les trois plus grandes multinationales de la filière de l'eau du robinet.

Sous couvert de pédagogie, l’ensemble de la presse, relaie les petits mensonges ou demi-vérités assénées par les grandes entreprises de l’eau du robinet. Cela ne poserait pas de problème si le nom des commanditaires (Véolia, Suez, Saur, etc.) apparaissait clairement.
Mais les distributeurs d’eau préfèrent communiquer derrière le masque du Centre d’Information sur l’Eau en parodiant le style des enquêtes de l’INSEE ou du Credoc. Et ça marche : depuis 15 ans, les médias propagent les messages publicitaires dictés par les multinationales de l’eau.
Décryptages de 5 éléments de propagandes.
1/ « 7 français sur 10 satisfaits de la qualité de l’eau du robinet »
Le baromètre ne dit pas un mot sur l’explosion des ventes de carafes filtrantes et autres systèmes de filtration. Quoiqu’on pense de ces filtres, l’explosion des ventes témoigne d’une défiance croissante pour l’eau du robinet.
De la même manière, le CIeau s’abstient d’expliquer un chiffre pourtant révélé par son étude : 47% des français boivent de l’eau en bouteille de façon quotidienne. Un chiffre qui fait relativiser les indices de satisfaction présentés comme élevés de l’eau du robinet...
2/ Les français seraient d’accord pour une augmentation du tarif de l’eau !
Car les augmentations seraient bien sûr justifiées par une préoccupation écologique. Or on sait que le prix de l’eau augmente quasiment
deux fois plus vite que l’inflation depuis 2004. Les bénéfices réalisés ont ils été investis dans l’amélioration de la ressource ? Bien au contraire !
Le modèle français consiste à investir massivement dans la dépollution sans agir sur les causes des pollutions. Au pire, quand une nappe phréatique est trop polluée, on l’abandonne pour en chercher une autre…
Justifier les augmentations de tarifs par un souci écologique revient à tromper le consommateur. Le prix de l’eau augmente car la dépollution coûte plus chère en raison de la dégradation des masses d’eau en France.
3/ Le goût chloré ? Un mal nécessaire…
Le goût de chlore reste le principal grief formulé par les consommateurs contre l’eau du robinet. Systématiquement, le CI Eau présente le chlore comme un mal nécessaire.
Or depuis 2004, notre eau est surchlorée ! Les distributeurs d’eau ont obtenu un triplement de la dose admissible de chlore qui est passé de 0,1 mg à 0,3mg / L. Soit le triple des doses tolérées au Canada ou aux Etats-Unis !
L’exemple de l’Allemagne, où 95% des viles parviennent à distribuer une eau non-chlorée montre que la chloration n’est pas une fatalité.
La France serait bien inspirée d’observer ces bonnes pratiques. Car plusieurs études canadiennes et américaines ont détecté des incidences entre l’exposition des populations aux résidus chlorés et l’augmentation du nombre de cancers (notamment de la vessie et du colon).
C’est l’autre versant du modèle français : on chlore plus pour compenser un réseau de canalisation vétuste et mal entretenu.
4/ Les nitrates ? Pas de danger pour les nourrissons !
Voilà une question qu’un institut sérieux et non-partisan aurait pu poser pour mesurer le degré de confiance dans l’eau du robinet : donneriez-vous de l’eau du robinet à un nourrisson ou à une femme enceinte ? Silence radio du CI Eau !
Avec une limite de nitrates fixée à 50 mg/L, et alors que dans la plupart des localités les teneurs en nitrates dépasse allègrement les 25 mg/L, la qualité de l’eau du robinet en France est trop mauvaise pour la consommation des nourrissons.
Ce qui n’empêche pas le Centre d’Information de l’Eau de vanter la présence de calcium dans l’eau pour inciter les femmes enceintes à boire l’eau du robinet… Quelle valeur accordée à un « Centre d’information » qui induit les usagers en erreur sur des questions aussi graves ?
5/ Le prix de l’eau : ou comment manipuler l’opinion
En 2010, le baromètre note que « 51% des Français jugent l’eau plutôt chère » alors que « 38% l’estiment plutôt bon marché ». Et se félicite d’une augmentation des réponses qui penchent vers une eau « plutôt bon marché ».
Or en 2011, le baromètre zappe la question du prix. Il justifie son silence par une « appréciation » du « budget eau » qui serait « perfectible ».
Un terrible aveu : les français ne sont plus compétents pour juger de la cherté de l’eau. Probablement car la part de français qui jugent l’eau trop chère à augmenter ? On ne le saura pas, il est impossible de trouver les résultats bruts du sondage sur la toile.
Mais une fois encore, dès que les résultats vont à l’encontre des intérêts des grandes entreprises de distribution de l’eau, ils sont écartés. Au profit de vagues de considérations écologiques, qui justifieraient l’augmentation des prix…
Un discours « vert » décalé quand on sait que faute d’investissements suffisants dans le réseau de distribution d’eau, les multinationales qui financent le CI Eau, perdent plus de 20% de notre eau dans des fuites de canalisations !
Autant dire qu’en matière de responsabilité écologique, le CI Eau est mal placé pour faire la morale aux consommateurs…