Main verte pour tomates rouges
La main verte, c’est ce que le jardinier qui sommeille peut-être au fond de chacun de nous, souhaite avoir, et au-delà de cette notion à l’aspect quelque peu magique, il reste toutefois des méthodes à la portée de tous pour s’assurer de jolis résultats.
On le sait, l’hiver a été long, le printemps humide, et l’été ne se porte pas bien pour l’instant, ce qui va poser un gros problème aux amoureux de la tomate.
En effet ce fruit n’aime pas trop l’humidité, du moins sur ces feuilles, et celle-ci va provoquer l’apparition de champignons, dont le fameux mildiou, qui va condamner fatalement toute production.
Ce champignon, aimablement appelé « phytophtora infestans » est une calamité pour les tomates, ainsi que pour les pommes de terre, et il se développe lorsque l’écart de température entre le jour et la nuit atteint un certain niveau, dans un milieu humide persistant.
Au-delà de la technique connue qui consiste à l’aspersion de la plante avec la « bouillie bordelaise », laquelle, même si elle est tolérée en culture bio, (lien ) pose tout de même le problème du sulfate de cuivre, qui n’est pas anodin. lien
Heureusement d’autres alternatives existent.
On connaissait le « purin d’ortie » qui n’est pas dénué d’efficacité, mais qui est surtout stimulant de la croissance des tomates, et répulsif face aux pucerons, et acariens (lien) mais il y a mieux !
Le bicarbonate de soude, voila la solution.
Après avoir mélangé 2,5 gr de bicarbonate de soude, (une cuiller à café) dans 1 litre d’eau, auquel est ajouté une cuillérée à café de savon liquide biodégradable, on pulvérise le résultat sur les plants, ce qui entraine la disparition du champignon si préoccupant. lien
Afin de mieux assurer la pérennité du produit vaporisé, qui résiste mal au ruissellement en cas de pluies abondantes, on peut ajouter au mélange de l’huile de neem, un produit phytosanitaire naturel originaire de l’Inde.
Cette huile « miracle » se trouve entre autres sur ce lien
Il y a pourtant une difficulté : l’huile de neem a été interdite par la commission européenne, car elle contient de l’azadirachtine, principe actif de cette huile, mais comme il s’agit de pulvérisation à des doses infimes, le risque parait mal mesuré, d’autant que pour les oiseaux, mammifères, abeilles, et plantes, l’AESA (autorité européenne de sécurité des aliments) assure que ce risque est faible. lien
On peut toutefois remplacer cette huile par celle de l’olive, qui risque d’être moins efficace.
Mais lutter contre le mildiou est possible par d’autres pistes.
On peut utilement préparer une décoction de prêle des champs, la prêle des marais serait moins efficace, (deux poignées de cette plante à faire frémir dans un litre d’eau pendant 10 minutes) puis laisser refroidir, filtrer, avant pulvérisation.
D’autres proposent de faire bouillir 1 kg de prêle fraiche dans 4 litres d’eau pendant ½ heure qu’on laisse reposer un jour ou deux, et qui se conserve 15 jours. lien
La décoction se trouve aussi chez quelques commerçants. lien
Ne faisons pas l’impasse avec la sauge : cette plante dont les propriétés antifongiques sont connues est efficace si on prend la précaution d’en faire une infusion : 200 gr de feuilles pour 10 litres d’eau, à pulvériser sur les plantes malades dès que la solution est froide.
On peut aussi explorer la piste des huiles essentielles : 20 gouttes d’huile essentielle de romarin à cinéole, pour 5 litres d’eau savonneuse, pour permettre la dilution. lien
D’autres huiles essentielles peuvent être utilisées, celle de l’Origan, de la Tanaisie, et du Serpolet, par exemple. lien
Pour permettre la dilution de ses huiles dans l’eau, il est conseillé de verser un peu de poudre d’argile fine dans votre pulvérisateur, ou de savon noir liquide.
Il reste une dernière solution.
On sait que l’ail et l’oignon sont des fongicides puissants. Pour cela il suffit de mettre dans 10 litres d’eau, 800 grammes d’oignon et 100 gr d’ail finement haché qui vont macérer une journée avant de pulvériser le résultat sur les plantes menacées. lien
Une méthode plus aléatoire consiste à percer le pied de la tomate par un bout de fil de cuivre, mais l’explication scientifique de l’efficacité de ce procédé reste à être prouvée. lien
Une autre piste est à explorer, celui du choix de la variété de tomates, car en effet, certaines variétés résistent mieux au mildiou que d’autres.
C’est le cas, comme j’ai pu le remarquer, des tomates cerises, mais aussi, s’il faut en croire Bernard Bureau, producteur de plants potagers, celui de la Ferline, de la Maestria, une tomate greffée, de la Yellow Pearshaped, appelée aussi poirette jaune, de la Red Pear, (poirette rouge) de la Prune Noire, de la Roma, et de la Rose de Berne. lien
Au-delà de ces problèmes de champignons, et de pluies incessantes, le jardinier respectueux de la qualité de son sol devrait utiliser la grelinette, outil imaginé par un de mes amis savoyard qui lui a donné son nom, Olivier Grelin. lien
Elle permet grâce à ses fourches, d’extraire les herbes indésirables, sans pour autant enfouir la partie fertile, contrairement à ce font les bêches habituelles.
Elle protège aussi le dos du jardinier qui n’est pas obligé de se casser en deux, ou de faire des efforts dommageables pour ses reins. lien
C’est aussi l’occasion de rappeler le BRF (bois raméal fragmenté) technique qui permet d’enrichir naturellement et rapidement le sol, et surtout de produire sans quasi arroser (lien)…mais par les temps qui courent, la question ne se pose pas pour l’instant...
Par contre, sur le chapitre des champignons, n’attendez pas l’automne pour en ramasser, les chanterelles seront abondantes…mais aussi les bolets, ce qu’ignorent de nombreux mycophages.
Comme dit mon vieil ami africain : « une femme sans mari, c’est un champ sans pluie ».
l’image illustrant l’article vient de « 2.bp.blogspot.com »
merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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