Manuel de transition : chapitre 2 « La descente énergétique »
Comme on a pu le voir lors de la lecture du chapitre 1, le pic pétrolier et le changement climatique ne peuvent pas être vus séparément. Depuis le début de notre voyage nous parlons de notre démarche et de ces problématiques imminentes, il est intéressant de voir combien de personnes se sentent concernées, mais que les actions ne suivent pas forcément. Il y a plusieurs raisons à cela, mais une de celle-ci est que les gens ne pensent pas que ça ne puisse arriver imminemment.
La vue du sommet
Comme on a pu le voir lors de la lecture du chapitre 1, le pic pétrolier et le changement climatique ne peuvent pas être vus séparément. Depuis le début de notre voyage nous parlons de notre démarche et de ces problématiques imminentes, il est intéressant de voir combien de personnes se sentent concernées, mais que les actions ne suivent pas forcément. Il y a plusieurs raisons à cela, mais une de celle-ci est que les gens ne pensent pas que ça ne puisse arriver imminemment.
« C’est pour plus tard, cela arrivera, mais ne nous touchera pas, par contre, les prochaines générations… »
Dans le chapitre 2, Rob Hopkins nous parle de la perception que l’on peut avoir du pic pétrolier et du changement climatique, mais aussi comment on s’en échappe intellectuellement avec des visions du futur où l'innovation technologique arrivera à tout résoudre, jusqu'à l'autre extrême c'est-à-dire la destruction de la société. Afin de l'expliquer, il sépare en trois attitudes :
Adaptation : les scénarios qui prennent acquis que nous allons toujours trouver des inventions qui vont nous tirer du pétrin l’Évolution : les scénarios qui demandent une certaine évolution, un changement d’attitude, mais qui prennent pour acquis que la société arrivera à préserver sa cohérence, quoique sous une forme plus localisée qui consommerait moins d’énergie. l’Effondrement : les scénarios qui prennent pour acquis que le pic pétrolier et le changement climatique auront pour résultat inévitable de fracturer et de désintégrer, d’un seul coup ou graduellement, la société telle que nous la connaissons.
Le scénarios de l’adaptation est peu probable pour Rob Hopkins, car selon le planificateur Pierre Wack, ils reposeraient sur ce qu’il nomme les « Trois miracles ».
- 1. un miracle technologique : des niveaux extraordinaires de nouvelles exploration et production ou de l’énergie gratuite ou à base d’hydrogène.
- 2. un miracle sociopolitique : des politiques gouvernementales et des valeurs culturelles vont permettre l’éradication de l’exclusion sociale.
- 3. un miracle fiscal : le secteur public va financer l’application de ce scénario.
Le scénario de l’évolution quant à lui, ne peut être fonctionnel, que si l’on prend le changement est global dans la société et non pas uniquement sur le plan technologique. C’est là que l’approche de la transition se positionne. Car bien que le scénario de l’effondrement est possible, c’est contre sa possibilité que le changement doit se faire.
En 2006 la ville de Portland (Oregon, USA) a créé un groupe de travail sur le pic pétrolier, celui-ci a produit un rapport intitulé « Descending the Oil peak » (descendre du pic pétrolier) qui évaluait la gamme des impacts que celui-ci pourrait avoir. À partir de là ils en ont tirés trois scénarios possibles :
- 1. La transition à long terme ; dans ce scénario, le déclin de l’approvisionnement et l’augmentation des prix se produisent tous les deux assez graduellement, ce qui permet d’y faire face et mettre en pratique des options d’atténuation
- 2. Les chocs pétroliers ; ce scénario est semblable à celui qui précède, mais il est ponctué d’interruptions soudaines et de flambées des prix, ce qui déclenche des urgences périodiques prolongées.
- 3. La désintégration ; ici, les effets du pic pétrolier deviennent si graves que le tissu social commence à se défaire, ce qui amène une compétition socialement catastrophique pour des ressources rares, y compris la nourriture, le logement et l’énergie.
La raison pour laquelle Rob Hopkins parle de ce rapport c’est qu’il cite les psychologues Winter et Koger qui expliquent « qu’un fonctionnement sain exige une foi en la satisfaction de nos besoins dans l’avenir, sans quoi le crédit que nous accordons au monde s’en ressent. Une confiance endommagée peut amener quatre réactions névrotiques qui influeront probablement sur notre comportement face à l’environnement : le narcissisme, la dépression, la paranoïa et la compulsion. »
En mettant de l’avant les divers scénarios établis dans son manuel ainsi que les résultats de ce rapport, Rob Hopkins explique que c’est en expliquant et en prenant conscience des risques de chacun que nous pourrons aider les gens à choisir la transition pour le bien de tous. En optant pour une adaptation de notre environnement pour qu’il soit plus résilient et local, c’est ainsi que nous pourrons lutter contre les effets néfastes que nous aurions à continuer tête bêche de l’avant.
Pourquoi la descente énergétique
Tout comme le mouvement de décroissance, les fondements du mouvement de transition réside à amener une descente énergétique de notre mode de vie. C’est dans ce principe que les initiatives de transition sont avant tout un mouvement écologique, tout du moins à son départ, car le but est bien de rendre notre mode de vie plus durable et en harmonie avec les ressources de la terre.
La nécessité de la descente énergétique s’explique par plusieurs raisons, Rob Hopkins en fait part d’une dans le chapitre en expliquant le concept de Rendement Énergétique pour l’Énergie Investie (autrement appeler EROIE pour son accronyme anglais Energy Return on Energy Invested) qui est le ratio d'énergie utilisable acquise à partir d'une source donnée d'énergie.
La production pétrolière aux États-Unis dans les années 1930 avait un RÉÉI de plus de 100:1, ce qui signifie que, pour chaque unité d’énergie utilisée dans le processus d’extraction, plus de 100 étaient obtenues. [... ] en 1970 ce taux était tombé à 30:1 et se trouve présentement quelque part entre 11:1 et 18:1.
Pas présent dans le chapitre, mais je prends la liberté de le rajouter, on parle maintenant du Jour du dépassement, c’est-à-dire le jour de l’année ou l’humanité à utiliser l’ensemble de ressources que peut produire la terre en 1 an. Chaque année la date à laquelle celui-ci tombe se rapproche du début de l’année. En 2017, nous en serions actuellement au 2 août. Le site ( en anglais) Global Footprint Network (le réseau de l'empreinte global) offre de nombreuses ressources intéressante.
Le terme de descente énergétique est choisie selon Holmgren, cofondateur de la permaculture pour l’aspect moins négatif qu’il véhicule plutôt que la décroissance, mais l’on peut également parler de la sobriété heureuse de Pierre Rabhi ou alors du Buen Vivir Sud Américain.
La descente énergétique de notre mode de vie est importante car le pétrole, comme esclave énergétique, était celui avec le meilleur rendement jusqu’à présent. Les énergies renouvelables sont une solution, mais qui ne peuvent pas supporter le poids de notre consommation actuelle. Les chiffres du EROIE à l’époque de l’écriture du livre (2008) peuvent avoir changés, mais représentaient : le vent de 11:1, les cellules photovoltaïques 2,5:1 et l’hydroélectricité de 23:1.
Finalement, l’importance de mettre de l’avant le concept de la descente énergétique est d’arrêter de se concentrer sur le pic pétrolier, mais de mettre de l’importance sur son après et les enjeux sociaux que la plus grande difficulté à acquérir de l’énergie amènera.
BONUS : En faisant une recherche pour une image sur le rendement énergétique, je suis tombé sur le site de jeune dessinateur, qui met en ligne ses bandes dessinées sur l’écologie. Il y en a notamment une sur le pic pétrolier et sur les esclaves énergétiques. C’est un libre accès et en plusieurs langues, je vous le conseille.
Note : Toute les références sont tirés du livre : “Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale” de Rob Hopkins dans sa version française éditée par Écosociété ISBN 978-2-923165-66-0
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