Masdar : une ville au milieu du désert, respectueuse de l’environnement ?
C’est le projet d’urbanisme écologique qui se veut le plus ambitieux au monde. Masdar, située près de l’aéroport d’Abou Dhabi dans les Émirats Arabes Unis, coincée dans une partie de désert assez inhospitalière, est une ville totalement nouvelle. Focus sur cette cité du futur essayant d’être 100% écologique et dont on n’a pas fini d’entendre parler.
Masdar, un projet novateur et ambitieux :
D’après les dernières estimations (2013), ce tout petit pays des Émirats Arabes Unis dispose de la 6ème réserve de pétrole au monde et de la 7ème réserve de gaz. Conscient que ces énergies ne sont pas illimitées, le gouvernement a réfléchi à des possibilités concernant les ressources du futur, afin de garder un poids important dans les décisions énergétiques mondiales.
Masdar, qui veut dire « la source » en Arabe, est un projet faramineux initié par la famille régnante d’Abou Dhabi, le Sultan Ahmed Al Jaber. Lancé en 2008, la ville allait avoir pour objectif zéro émission, zéro déchet. C’est une première pour un pays exportateur de pétrole de se lancer dans un projet écoresponsable.
Ville d’environ 6 km carrés, Masdar devrait pouvoir abriter entre 40 et 50 000 habitants et environ 40 000 travailleurs extérieurs. Ces objectifs ont été retardés à 2025. Ville carrée, compacte, protégée par les vents du désert, elle a tout de la ville futuriste en termes de production d’énergie.
Fini les voitures, elles sont toutes garées dans un immense stationnement à l’entrée de la ville. Les déplacements se font à pied (aucun logement n’est à plus de 200 mètres des commerces) ou en vélo. D’étranges voitures électriques, totalement autonomes, qui se faufilent à travers d’immenses tunnels, sont également à la disposition des habitants, uniquement dans le centre-ville. Les ingénieurs cherchent à l’heure actuelle un autre moyen de circuler dans toute la ville, comme le bus électrique ou la voiture solaire.
Au fil du temps, logements, bureaux et commerces sont sortis de terre. Uniquement des bâtiments à hautes efficacités énergétiques. En 2009, un choix jusqu'alors improbable, s’est concrétisé. L’Agence Internationale pour les énergies renouvelables a installé son siège à Abou Dhabi, preuve du développement en la matière du petit Emirat.
Un projet ralenti par la crise.
Malgré des efforts inestimables pour rendre cette ville totalement propre, le projet Masdar a dû être revu à la baisse du fait de la crise économique qui a frappé le monde dès 2008. Le budget a été réduit de 4 milliards de dollars (pour atteindre tout de même 20 milliards environ). Les toits solaires sont remplacés par des fermes photovoltaïques, le système de transport libre était envisagé dans toute la ville, mais a été réduit uniquement au centre. Enfin le dessalement de l’eau, qui était prévu grâce au soleil ne se fera finalement pas. L’eau des puits étant trois fois plus salée que celle de la mer, cela aurait nécessité trop d’énergie. L’usage de l’eau sera donc très contrôlé, aucun gaspillage ne sera toléré.
A Masdar, le bien-être au centre des préoccupations.
Mais là où la ville n’a pas le droit à l’erreur, c’est bien à la question de l’électricité solaire, énergie qu’il est fort judicieux d’exploiter dans cette partie du globe. L’Émirat doit faire face à des températures extrêmes ainsi qu’un dessalement intensif de ses eaux, ce qui lui fait consommer du gaz naturel en grande quantité afin de produire de l’électricité.
Pour cela, les ingénieurs ont différents projets en tête. Le principal étant une centrale solaire thermodynamique située à 150 kilomètres de la ville. Cette centrale pourra fournir d’importantes quantités d’électricité grâce aux rayons du soleil, mais également au-delà de la période d’irradiation solaire.
De plus, les bâtiments de la ville ont été construits de façon à ce qu’ils fassent de l’ombre les uns sur les autres afin de laisser aux habitants une température supportable. Très loin donc des 50 degrés habituels du désert. Ces constructions permettent également un besoin moindre en termes de climatisation. Un tube de six mètres de large a également été construit afin de détourner les vents frais et en faire profiter la ville, tout cela accompagné de quelques brumisateurs.
Touchée elle aussi par la crise économique, et donc parfaitement ancrée dans la réalité de la conjoncture actuelle, Masdar n’est donc pas un simple « caprice » d’émir. C’est bel et bien un exemple de ce que doivent être les villes de demain, propres, responsables et autonomes. Le monde entier ne pourra suivre cet exemple, car bien trop couteux, mais si Masdar n’est pas un modèle de développement, elle est bien un modèle d’innovation.
Peu de communiqués sont relayés concernant cette ville du futur. Masdar aurait dû être fonctionnelle dès 2016. Désormais, l’objectif officiel est d’avoir 40 000 résidents ainsi que 1500 entreprises d’ici 2025.
Quel avenir pour Masdar ?
Même si tous les moyens, humains et financiers, ont été mis en œuvre afin de faire de cette ville un véritable modèle pour le monde entier, ce projet soulève quelques questions épineuses et controversées sur le sujet. Première interrogation, la condition de vie des travailleurs locaux. De nombreux scandales ont déjà éclatés concernant les travailleurs dans cette partie du monde. Une affaire « Masdar », accompagnée de quelques révélations n’est donc pas à exclure dans les années à venir. D’autres questions restent également en suspens, notamment sur le bien-fondé écoresponsable de ces constructions ? Masdar fonctionnera-t-elle réellement simplement à l’aide d’énergies renouvelables ? Comment le problème de l’eau va-t-il être réglé sur le long terme ? Le modèle « Masdar » pourrait-il être transposé dans des villes d’une plus grande importance, ailleurs dans le monde ? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre à l’heure actuelle.
Pierre Videau / Passion Terre
Sources :
http://www.courrierinternational.com/article/2014/02/04/masdar-la-cite-laboratoire
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