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Accueil du site > Actualités > Environnement > Massacre de la faune : des milliers de chamois abattus sans raison (...)

Massacre de la faune : des milliers de chamois abattus sans raison [Pétition]

Décimer les grands herbivores des montagnes n’a aucun intérêt sanitaire, scientifique ou écologique, mais permet simplement de préserver une activité de loisirs qui fait tourner les business de l’armement, des 4x4, « des trophées de chasse », et collatéralement des pompes funèbres. Une pétition est en ligne.

Alors que des projecteurs commencent à être pointés sur l’abattage de quelques bouquetins du massif du Bargy, chaque année, une dizaine de milliers de chamois et plusieurs milliers de mouflons sont tués par des chasseurs, dans la plus grande indifférence.

Pour s’expliquer, des chasseurs prétendent que tuer des animaux sauvages est indispensable au maintien des paysages de montagne. Sans chasse, les chamois et les mouflons proliféreraient, nous envahiraient, et dévoreraient toutes les forêts de France, à la manière de millions d’éléphants. Curieusement, d’un autre côté, les éleveurs prétendent que faire venir des animaux domestiques sur les alpages est également indispensable au maintien des paysages de montagne, car sans moutons et sans vaches, les alpages seraient rapidement recouverts d'arbres. En résumé, sans la divine intervention humaine, la surface de la Terre serait, pour les uns, complètement désertique, pour les autres, une jungle chaotique. Quoi qu’il en soit, les deux parties semblent s’accorder sur le fait que la Nature doit son équilibre à l’Homme.

Pourtant, depuis le début de l’Anthropocène, la biodiversité ne fait que s’effondrer. Alors qu'il y a seulement 12 000 ans, aucun animal ne dépendait de l'humain, un vertébré sur deux serait aujourd'hui domestique. Pour qu'un milieu sauvage subsiste, l'humain ne doit pas y intervenir, mais au contraire, s'y soustraire. Prétendre que les activités humaines seraient nécessaires au maintien de l'équilibre des écosystèmes n'est qu'un argument de mauvaise foi. L'arrivée des grands troupeaux domestiques et des quotas de chasse a modifié les équilibres des écosystèmes en faveur d’intérêts économiques, et à l'encontre de la biodiversité.

Dans une France qui fait vivre dix-neuf millions de bovins domestiques et soixante-cinq millions d'humains, il est insensé de nous faire croire qu'une centaine de milliers de chamois et que quelques milliers de mouflons doivent impérativement être régulés par nos soins ; et que sans la chasse, ces animaux auraient un impact catastrophique sur l'environnement. Nous enfermons des vaches par centaines dans des usines, remplaçons les forêts par du béton, les poissons par du plastique, produisons des milliards de voitures, faisons sauter par mégarde des réacteurs nucléaires ; et ce seraient quelques frêles mangeurs d’herbe, six cent cinquante fois moins nombreux que nous, qui menaceraient nos écosystèmes ?

Il est délirant de croire que sans les chasseurs, nous devrions faire face à une invasion terrestre de chamois et de mouflons, animaux au biotope très spécifique. Chez de nombreuses espèces d’ongulés, la fécondité des femelles est dépendante de la densité de la harde ; les vagues de froid et de chaleur, les sécheresses, les avalanches, les parasites et les virus, les rapaces, les loups, les renards et autres prédateurs condamnent de nombreux herbivores. Depuis toujours la Nature s’autorégule sans l’aide de l’Homme, mais nos civilisations s’obstinent à vouloir maîtriser la Nature dans sa globalité, et sont condamnées à échouer, car la brutalité humaine ne pourra jamais s'accorder à la subtilité des écosystèmes. Composé, au bas mot, de milliards et de milliards et de milliards de particules interagissant entre elles, un écosystème sera toujours trop complexe pour être mis en équation. N’en déplaise à notre orgueil, la biologie et ses composantes épidémiologiques ne font que balbutier. Ainsi, dans le petit massif du Bargy, en 2013, l’Etat estimait, suite à une expertise minutieuse, le nombre de bouquetins à 300 ; l’année d’après, suite à une « opération de vide sanitaire », ces 300 individus étaient abattus, et dans le même temps, 400 bouquetins supplémentaires apparaissaient subitement, venus de nulle part, comme par magie. Les bouquetins étant peu farouches et nettement plus faciles à observer que les autres ongulés, toutes les estimations de population d’animaux sauvages ne seraient-elles donc pas dénuées de pertinence ? Et avec elles tous les quotas de chasse, qui ne reposent que sur des spéculations d’apprentis sorciers ? La comptabilité et les raisonnements cynégétiques ne seraient-ils pas qu’une vaste fumisterie ? Autonome depuis des milliards d’années, la Nature n’a pas besoin de l’Homme comme gestionnaire.

Toutefois, afin de prévenir de rares et éventuelles épizooties (souvent importées des élevages domestiques intensifs : piétin, brucellose, kératoconjonctivite…), il est raisonnable d’organiser un minimum de surveillance sanitaire de la faune sauvage, mais cette vigilance ne nécessiterait-elle pas les compétences reconnues de biologistes et de vétérinaires, plutôt que les compétences aléatoires de chasseurs et les considérations intéressées de leurs fédérations ?

En France, les herbivores sauvages ne nous menacent pas, ne menacent pas nos forêts, ne menacent pas nos terres agricoles, ne représentent pas une part déterminante de notre alimentation. En dehors de contextes sanitaires particuliers, nous n'avons donc pas de véritables raisons de les abattre.

Charles Darwin a démontré qu'un lien de filiation existait entre l'Homme et les Animaux. Les systèmes nerveux des mammifères sont cousins les uns des autres, et l'Homme n'est pas le seul animal doué de sensibilité !

Les herbivores sauvages ne s'attaquent à aucune autre espèce animale ; l'agressivité leur est étrangère ; ils sont pacifiques, au moins autant que Gandhi, et ne méritent pas que nous leur réservions des actes de cruauté qu'ils sont incapables de commettre. L’humain est aujourd’hui en position de force, et abuse de la faiblesse des autres formes de vie. Il est de notre devoir d'écouter nos cœurs, et de donner aux animaux que nous maltraitons gratuitement, des droits.

Les chamois et les mouflons pourraient vivre dans une relative quiétude, les chasseurs leur imposent une vie de crainte, tirent même en plein hiver, dans la neige, lorsque les conditions de vie sont les plus difficiles, et tuent prioritairement les animaux les plus jeunes. Ce n’est parce qu’un acte est couramment accepté qu’il est juste. L’habitude aveugle, et fait oublier la cruauté, autrefois parfois nécessaire, de certaines de nos coutumes. Au cours de son histoire, l’humain a su remettre en cause, et parfois même abolir, certaines injustices admises par l’opinion.

Aucun argument recevable ne justifie la chasse des grands herbivores emblématiques des Alpes. Afin d’élargir le champ d’application de l’éthique humaine, la loi doit donc, à l’instar du Bouquetin, protéger le Chamois et le Mouflon.

Contre la chasse aux chamois et aux mouflons, vous pouvez signer cette pétition.

Jeune chamois éventré par un chasseur.

Mouflon mâle.


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14 réactions à cet article    


  • colere48 colere48 14 novembre 2014 09:24

    Royale décision bestiale et.... stupide !


    • alinea alinea 14 novembre 2014 11:35

      Je ne dirai rien cette fois ci Stelvio, je n’ai pas votre calme !
      Avez-vous lu « le poids du papillon » d’ Erri de Luca ?
      Ça fait du bien...


      • Matthieu Stelvio Matthieu Stelvio 14 novembre 2014 20:42

        Je l’ai lu. Il faut croire en la rédemption.


      • alinea alinea 15 novembre 2014 20:41

        Oui ! c’est vrai.
        Moi je pensais aux regards humains qui ne sont pas tous faits dans le même moule !


      • wawa wawa 14 novembre 2014 16:26

        perso j’en ai rien a battre.


        • Croa Croa 14 novembre 2014 23:09

          Fait gaffe Wawa :
          - Il y a des tarés qui dégomment chamois et bouquetins sous divers prétextes, en fait ils aiment juste ça...
          - Il y a des tarés qui torturent des ragondins sous d’autres prétextes, en fait ils aiment juste ça...
          - Et il y a aussi des tarés qui tuent les chattes sans le moindres prétexte... À si, elles excitent les chats la nuit ce qui fait du bruit sauf qu’en fait ils aiment tuer, exactement comme les autres tarés de la même espèce et dont tu n’a rien à battre ! 


        • Plus robert que Redford 14 novembre 2014 17:59

          Je lis :

          chaque année, une dizaine de milliers de chamois et plusieurs milliers de mouflons sont tués par des chasseurs,

          Et, plus loin,

          300 bouquetins sont abattus pour des mesures sanitaires..

          Bref, tu nous chies un carillon à 12 coups pour 300 bestiaux alors que « DES MILLIERS » tombent « CHAQUE ANNEE » sous les balles des chasseurs....

          Y’aurait pas un peu comme de « l’enculage de mouche », là ??


          • eric 14 novembre 2014 19:17

            Vous approchez de la vérité. ces gens s’intéressent peu au fond, aux chamois, aux mouflons, ou au taureau de combat ( quelques unités sur leurs 18 millions de bovins) ; La cible c’est nous. ils veulent nous apprendre à vivre, nous domestiquer, nous rééduquer. La logique de leurs discours c’est que nos sommes trop nombreux, nuisibles et pas assez soumis. Ce ne sont pas les chamois qui sont leurs amis, c’est l’homme, ou en tout cas les autres hommes qui sont leurs ennemis. 

            Du reste, il se garde bien aussi de signaler que les populations d’animaux sauvages en question sont en très fort développement un peu partout, notamment grâce à l’intervention humaine et en particulier celle des chasseurs.

          • alinea alinea 14 novembre 2014 19:27

            vous parlez des sangliers eric ? Mais ce n’est pas grâce aux chasseurs, mais aux éleveurs de cochons qui en laissèrent filer... les sangliers n’existent plus, grâce à l’homme !
            Ami, ennemi ? Mais il y a des hommes très bien vous savez eric ! vraiment très bien !!


          • Matthieu Stelvio Matthieu Stelvio 14 novembre 2014 20:30

            Les chasseurs sont responsables de la quasi extinction des Bouquetins des Alpes et des Bouquetins des Pyrénées ; si ces animaux prolifèrent à nouveau, c’est grâce à l’interdiction de leur chasse. Certains chasseurs prétendent sauver la faune sauvage : prétendre est une chose, prouver en est une autre.


            Je critique des pratiques, pas des personnes, et ne critique nullement la démographie humaine. Vous pensez que les hommes sont mes amis ou mes ennemis (je n’ai pas bien compris) ; pour ma part, je préfère ne pas m’écarter du sujet.

          • Matthieu Stelvio Matthieu Stelvio 14 novembre 2014 20:40

            Merci pour cette synthèse, mais ayant le goût de la nuance, je crois qu’une distinction doit être établie entre les « bestiaux » auxquels vous faites allusion. Contrairement aux chamois et aux mouflons, les bouquetins sont des animaux protégés et interdits de chasse ; la vague d’abattages de 300 bouquetins du Bargy sera suivie d’une seconde vague dont l’ampleur peut encore être atténuée ; ces vagues de tirs sont légalement contestables, ouvrent potentiellement la porte à l’autorisation de la chasse aux bouquetins, et donc à des milliers de nouveaux abattages. Pour reprendre vos expressions, je ne crois donc pas que « chier un carillon à 12 coups pour 300 bouquetins » soit « de l’enculage de mouche ».


          • Croa Croa 14 novembre 2014 23:14

            Alinéa a raison. Le sanglier a disparu... Le vrai sanglier ! Ceux qui prolifèrent aujourd’hui sont des cochongliers, cet hybride prolifique inventé par les chasseurs eux-mêmes !


          • Bruce Baron Bruce Baron 14 novembre 2014 20:12

            A quand la création d’un Parti pour les Animaux en France ?

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