Mensonges sur toute la ligne
Personne n’y comprend plus rien : TELT, l’organisme qui gère le projet Lyon-Turin, n’en finit pas de traficoter la vérité, laissant courir le bruit, par médias interposés, que le tunnel sous les Alpes serait quasi terminé…
La presse régionale a en effet publié à plusieurs reprises des informations infondées, en laissant planer une confusion entre les galeries de reconnaissance, et le tunnel de base proprement dit, allant jusqu’à affirmer que 37 km seraient déjà creusés.
37 km sur les 57,5 km...on en est loin, très loin, car tout d’abord il s’agit de 115 km, puisqu’il y aurait en principe 2 tubes…lien
En réalité, on en serait uniquement à 14,4 km, ce qui demande à être confirmé, car les 7 tunneliers ne sont toujours pas à l’ouvrage… il n’y a, à ce jour, qu’un seul morceau du tunnelier sur le chantier, et encore, s’il faut en croire le promoteur du projet, c’est uniquement en septembre dernier que la tête du premier tunnelier est arrivé, le reste de celui ci étant promis pour les semaines qui viennent. lien
Et puis, s’il est vrai que 5 des 7 tunneliers géants nécessaires au percement du tunnel de base ont été livrés par le constructeur en Allemagne... il reste encore à les acheminer jusqu’en Maurienne. Lien
Ajoutons qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, car, faire des trous dans la montagne à coup d’explosifs, n’a rien à voir avec un réel tunnel, doublé de ses galeries techniques, avec ses voussoirs en béton pour tenter d’assurer la sécurité à l’intérieur de celui-ci.
Mais le plus important n’est pas là…
En effet, jusqu’à preuve du contraire, le financement total du projet n’est toujours pas acté, alors que la somme est conséquente : 33 milliards d’euros au bas mot alors que notre pays recherche désespérément 60 milliards d’euros au minimum, avec en prime une date couperet, 2028.
Rappelons en effet que le décret d’utilité publique d’août 2013 pour les accès a été pris pour 15 ans pour des travaux soit disant urgents dont les études préliminaires n’ont pas débuté. lien
On comprend bien l’intention des promoteurs du projet, qui tentent de faire croire que « l’affaire est bouclée », et qu’il n’est plus possible de faire machine arrière, ce qui est un pieux mensonge.
Ce serait oublier que ce ne serait pas une première...qui a oublié le fameux aéro-train, qui devait relier, en 1974, à très grande vitesse (plus de 400 km/h) Paris à Orléans, dont il ne reste que quelques pylônes en béton, perdus au milieu de la Beauce, malgré les milliards investis, ou encore Notre Dame des Landes qui avaient les mêmes supporters que le Lyon-Turin ? Lien
Or, comme l’a avoué le Comité pour la Transalpine, il y a un « risque d’extinction de la DUP de la section française qui arrive à échéance en 2028 et qui n’a à ce jour, pas été suivie de décisions permettant sa traduction opérationnelle »...lien
D’ailleurs, le COI (Conseil d’Orientation des Infrastructures) a proposé de ne pas investir sur les voies d’accès dont « les caractéristiques socio-économiques sont clairement défavorables » en privilégiant durablement la ligne existante Dijon Modane. lien
En effet, et c’est sûrement là le plus gros scandale, car le Lyon-Turin existe déjà, et l’état a dépensé 1 milliards d’euros pour moderniser cette ligne, laquelle n’est utilisée qu’à moins de 20 % de ces possibilités, tant pour le fret que pour les voyageurs, raison pour laquelle les associations environnementalistes (FNE, FRAPNA, Amis de la Terre), dénoncent une ligne existante sous-utilisée. Lien
Comme l’a écrit Steven Soarez dans les colonnes de « viral mag » : « malgré le choix du tracé coté français, l’avenir du Lyon-Turin est loin d’être scellé. Les prochaines études devrant confirmer la faisabilité technique et préciser les coûts. De plus le financement n’est pas totalement bouclé... » lien
Pour toutes ces raisons, il est plus que temps d’abandonner le projet actuel, car il n’est jamais trop tard pour dénoncer ce qu’il faut bien appeler une gabegie.
Comme dit mon vieil ami africain : « le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits ».
Le dessin illustrant l’article vient de Attac
Merci à Daniel pour son aide précieuse.
Olivier Cabanel
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