Mythes et légendes énergétiques
Cet article est extrait du livre "Transition énergétique. Ces vérités qui dérangent ! " sorti en mars 2018 aux éditions De Boeck.
Le développement d’Internet a probablement largement joué dans la propagation des théories du complot et de nombreuses croyances sans fondement. Le domaine de l’énergie n’y échappe pas. Régulièrement sont publiés des articles sur des technologies miraculeuses permettant d’avoir de l’énergie en abondance, ou de ne pas en consommer.
Les professionnels de l’énergie, vendeurs de pétrole, d’électricité et autres lobbys en tout genre, empêcheraient la diffusion de ces géniales inventions. Les laboratoires de recherche publics, qui ne parviennent jamais à vérifier la véracité de ces inventions contraires aux lois de la physique, seraient donc tous incompétents ou à la solde des lobbies. Les constructeurs d’automobiles se seraient cassé la tête à développer l’injection électronique ou le moteur hybride pour consommer moins de carburant alors que le moteur à eau pouvait résoudre tous les problèmes.
Aucune PME ne s’aventurerait à commercialiser ces inventions hautement lucratives par peur des représailles des lobbies. C’est risible.
L’hydrogène est souvent présenté comme une énergie propre. Les véhicules à hydrogène existent et ne rejettent que de l’eau. C’est exact. Mais il n’y a pas, ou quasiment pas, d’hydrogène dans la nature. Actuellement, il est généralement produit par transformation de méthane, énergie générallement fossile. Il peut aussi être produit avec de l’électricité, et devient alors un moyen de stockage d’énergie. À cause des pertes inévitables, l’énergie récupérée est forcément inférieure à celle utilisée initialement. L’hydrogène peut permettre de faire avancer des voitures, cette technologie de stockage pourrait être plus intéressante que celle des batteries, mais il n’y a là rien qui change fondamentalement les problèmes énergétiques.
Encore mieux dans le même style : le moteur à air. Il fonctionne aussi, et permet des voitures sans pollution, clament certains journalistes. C’est vrai, mais il faut que cet air soit comprimé, ce qui nécessite un compresseur, qui ne fonctionne pas sans énergie. Là encore, il s’agitd’un stockage d’énergie, et non d’une source, avec des pertes importantes.
Certains croient dur comme fer au moteur à eau. Je ne prétends pas connaître toute la physique, mais pour moi un réservoir d’eau ne représente une quantité d’énergie que s’il est placé en hauteur, comme toute masse. Et j’imagine mal un réservoir d’eau de pluie au-dessus de chaque véhicule permettant le mouvement à la manière de la turbine d’un barrage. À moins d’aller chercher l’énergie contenue dans les atomes d’eau, ce qui en ferait un véhicule nucléaire…
Le moteur à eau est parfois confondu avec le moteur Pantone. L’idée de cet inventeur a été de récupérer de la chaleur perdue des moteurs à essence pour transformer de l’eau en hydrogène et l’injecter dans le moteur. Le principe ne me paraît pas contraire aux lois de la physique, puisqu’il s’agit de récupérer de la chaleur, donc de l’énergie. De nombreux sites internet expliquent comment s’y prendre pour adapter le système sur un moteur existant ; de nombreux bricoleurs du dimanche affirment avoir ainsi bricolé leur voiture et diminué leur consommation. Mais aucun constructeur automobile n’a jamais commercialisé ce système. Les constructeurs passeraient donc à côté de cette géniale invention pour ne pas s’attirer les foudres de leurs amis pétroliers. Pourquoi alors auraient-ils développé d’autres systèmes d’économie de carburants ? Il y a fort à parier que le moteur Pantone réduit la puissance du moteur tout en réduisant sa consommation, et qu’on obtienne les mêmes résultats en appuyant moins sur la pédale d’accélérateur…
La théorie du pétrole abiotique remet en question l’origine biologique du pétrole. Des réactions chimiques miraculeuses permettraient aux gisements de pétrole de s’autoreconstituer au fur et à mesure qu’on les exploite. On se demande alors bien pourquoi les firmes pétrolières iraient toujours chercher le pétrole plus loin dans des conditions d’extraction plus difficiles et plus coûteuses.
L’effet Dumas : une boule de métal dans l’eau branchée sur l’électricité générerait plus d’énergie qu’elle n’en consommerait. C’est, en tout cas, ce que prétend l’inventeur, un Français indépendant, ce qui remettrait en question les lois de la thermodynamique. Philanthrope, il en a mis à disposition les plans sur Internet. Pourtant, aucun laboratoire de recherche scientifique n’a, à ma connaissance, publié quoi que ce soit sur cette révolution de la physique. Pourtant, aucun entrepreneur ne s’est emparé de l’idée pour tenter de faire fortune.
L’énergie du vide aurait été, selon certains, mise en évidence par l’ingénieur Nikola Tesla. Si ce scientifique a bien existé, a considérablement fait progresser la technologie des machines électriques et donné son nom à une unité de champ magnétique, il n’a, à ma connaissance, pas fait apparaître d’énergie miraculeusement. Il doit se retourner dans sa tombe en entendant toutes les inepties qui sont racontées par des gens qui lui vouent un véritable culte sans bien comprendre ce qu’ils racontent. Si vous avez du temps à perdre, vous pouvez passer des heures sur leurs sites internet pour essayer de comprendre. Moi j’ai renoncé, mais je dois être trop bête, ou trop formaté à la science traditionnelle.
Tout de même, aucun des promoteurs de ces énergies miracles n’a fait fortune, ou n’a tout simplement réussi à éviter de mettre de l’essence dans sa voiture et à payer ses factures d’électricité.
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