Plan climat : on frise l’indécence, les PVD ne paieraient pas assez !!
La revue britannique NATURE se signale par deux articles très révélateurs du forcing que l’on subit autour de la question du climat, dans la perspective de l’après Kyoto, le nouveau sommet mondial à Copenhague en décembre.
Ma curiosité a été attirée par un titre aguicheur « Prévenir le réchauffement climatique, mais c’est très simple ! ». Ce n’était pas de l’humour au second degré.
Un certain Damon Matthews, du département géographie, urbanisme et environnement de l’université Concordia (Canada), pas vraiment un spécialiste du climat, a découvert qu’ »il existe une relation linéaire entre les émissions de CO2 et la température de l’atmosphère terrestre… »
Tant de CO2 = tant d’augmentation de température. Et ce quel que soit le lieu, le moment, la durée, nous précise-t-il avec un exemple à vous couper le souffle : « Une tonne de CO2 = une augmentation de température de 0,0000000000015° (10 puissance -13) »
Conclusion : « la plupart des gens comprennent que les émissions de dioxyde de carbone conduisent inéluctablement au réchauffement climatique mais il est bien plus difficile de saisir la complexité des éléments qui interviennent entre ces deux points. Nos découvertes ( ?) permettent désormais à chacun d’effectuer une estimation plausible de sa contribution au réchauffement climatique en se basant simplement sur la totalité des émissions de dioxyde de carbone qu’il produit. » !!!
Elémentaire, mon cher Damon et…très convaincant par-dessus le marché, surtout si on est déjà convaincu et encore…
Beaucoup plus sérieux, puisque relayé par l’AFP, ce 12/6/09, un institut allemand de Potsdam spécialiste des impacts climatiques, qui donne l’impression de trouver ce qu’on le paye pour chercher, synthétise ainsi la rencontre de Bonn préparant le sommet de Copenhague : « les engagements actuels des pays industrialisés à réduire les émissions de ges provoqueraient, au minimum, un réchauffement de la terre de +2°, considéré comme la limite à ne pas dépasser…Le réchauffement va certainement (souligné par nous) excéder les 2° par rapport aux niveaux pré-industriels. La limite de 2° a été largement adoptée par plus de cent pays, dont les 27 de l’UE… »
Gare aux esprits récalcitrants, scientifiques ou simples citoyens, irresponsables qui exposent la planète à de graves impacts climatiques ! On ne discute plus, c’est acquis : le réchauffement climatique est prouvé, quantifié, son coût évalué et il est la conséquences de deux siècles d’industrialisation. On a fabriqué à tout va, sans préservatifs, poussé les gens à consommer et à s’endetter !
A supposer que ce soit vrai et qu’on croit à leur postulat de réchauffement global et anthropique, il leur en aura fallu du temps pour découvrir le pot aux roses ?
La suite est encore plus succulente : « A ce stade, les pays riches ont annoncé une réduction totale de 8 à 14% d’ici 2020 puis de 57 à 63% en 2050, si leurs positions actuelles sont respectées. Quant aux pays en voie de développement, (les PVD), ils seront sur une trajectoire de -4% d’ici 2020…par rapport à un scénario « comme d’habitude » dans lequel les émissions s’envoleront librement… »
Diable ! Les PVD feraient si peu d’efforts et les pays riches devraient compenser ? Mais ça ne va pas du tout. Il y a la crise, voyons, il faut partager…
Et l’étude de conclure que, « dans ce cas, le volume des émissions de ges aurait doublé d’ici 2050 par rapport à 1990 , une voie qui ne laisse pratiquement aucune chance de limiter à +2% le réchauffement. »
Ce qui revient à dire : PVD, renoncez à la croissance, renoncez à sortir du sous-développement, de la sous-alimentation, de l’immense pauvreté à laquelle les libéraux veulent bien compatir de temps en temps…mais, de grâce vous n’allez pas vous mettre à polluer, vous aussi, c’est au-dessus de vos moyens et ça retombe sur nous, les riches ! Pour du cynisme, c’est du cynisme.
Et dire qu’il y en a encore qui prétendent que l’écologie n’est ni de droite ni de gauche, qu’elle est tout à fait compatible avec le libéralisme, néo ou ultra. La preuve, tous ces députés européens écologistes (pas tous) et socialistes (pas tous) qui ont dit OUI au TCE, approuvé le traité de Lisbonne, la « concurrence libre et non faussée », la privatisation des services publics…
Il faut assurément repenser le développement, prendre en compte impérativement la dimension écologique, pour produire propre et investir en conséquence (indépendamment de la question très controversée du réchauffement climatique global et anthropique), réduire les inégalités de développement entre pays, répartir autrement les richesses, donner du pouvoir d’achat à ceux qui n’en ont pas ou pas assez…Tout cela ne se fera pas sans la maîtrise publique de la monnaie et du crédit notamment, sans une extension des biens communs non commercialisables et des services publics non privatisables.
Le parlement européen qui vient de sortir des urnes est plus conservateur que jamais. La crise et les problèmes demeurent. On ne peut pas compter sur les responsables pour nous en sortir.
René Fredon
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