Plomb dans l’eau du robinet : les copropriétés traînent des pieds
Il reste moins d’un mois aux copropriétés pour remplacer les canalisations d’eau en plomb et se mettre en conformité avec la loi. Mais tout semble indiquer que les propriétaires traînent des pieds pour financer ces travaux.
Selon Que choisir, en 2012, 2 millions à 3 millions de foyers étaient encore alimentés en eau par des canalisations en plomb, soit tout de même 10% des logements en France. Il était donc urgent d’inciter les propriétaires à changer ces canalisations, suite à un abaissement de la teneur limite du plomb dans l’eau édictée par l’Organisation mondiale de la santé.
On ne peut pas dire que les copropriétaires ont été pris par surprise : cela fait depuis 2007 qu’une circulaire prévoyait une mise en conformité avec les normes de l’OMS. A partir du 25/12/2013, la teneur limite de plomb tolérable dans l’eau passera de 25 mg/L à 10 mg/L.
Mais alors que les travaux de remplacement ont pris du retard, une association des copropriétaires militait encore l’été dernier pour reporter l’entrée en vigueur de cette norme… en 2030 !
Dans la ligne de mire des copropriétaires, la norme de 10 mg/L de teneur en plomb dans l’eau, trop contraignante à leurs yeux. Ils font également valoir – sans que l’on sache réellement d’où vient ce chiffre - que seulement 6% des appartements seraient alimentés par une eau trop chargée en plomb. Si ce chiffre était confirmé, cela représenterait tout de même près de 320 000 foyers exposés…
Exposition au plomb dans l’eau : les conséquences sur la santé
Or, si les normes de l’OMS ont été durcies, c’est à la suite d’une série d’études internationales, montrant que même si les cas de saturnismes par ingestion de l’eau étaient extrêmement rares, une exposition prolongée à une eau du robinet dont la teneur en plomb est supérieure à 10 mg/L, impacte sérieusement le développement intellectuel des enfants.
Par ailleurs, il semble normal d’appliquer le principe de précaution quand on sait que ces teneurs en plomb sont évolutives. Pour exemple, la solubilité du plomb dans l’eau du robinet augmente avec la température, on considère qu’elle double au dessus de 25°C.
Les teneurs varient en fonction des horaires : le matin, lorsque tout un immeuble utilise ses douches, les canalisations sont mises à contribution, ce qui fait baisser la teneur du plomb dans l’eau. Mais plus tard, dans l’après-midi, lorsque le réseau d’eau est sous-utilisé, les résidus de plomb sont bien plus importants. Il faut donc rester vigilant sur les contrôles et demander à ce que les prélèvements soient effectués à différentes horaires dans la journée.
Ces signaux suffisamment alarmants – quand on sait que la question touche potentiellement la santé des plus jeunes - auraient dû inciter les pouvoirs publics à se mobiliser pour faire le nécessaire.
Dans les faits, « il parait très peu probable que des contrôles et sanctions soient mises en œuvre » après le 25 décembre, estime Que Choisir.
838 000 immeubles à Paris équipés de canalisations en plomb
Ce sera donc aux locataires de faire respecter cette norme en veillant à faire mesurer correctement la teneur en plomb de son eau du robinet - compter tout de même 300 euros à 500 euros pour une campagne d’analyse. Une vérification à faire si les canalisations ont été effectuées avant les années 1960, époque où l’on utilisait le plomb pour les réseaux d’eau, ce qui est par exemple le cas pour 838 000 immeubles à Paris.
Reste à savoir si les associations de copropriétés, qui veulent reporter la date butoir du 25 décembre 2013, comme le permet la directive européenne, obtiendront gain de cause. Un cadeau de Noel que serait tenté de leur accorder les pouvoirs publics, qui reviendrait à piétiner les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé…
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