Pollution alarmante de l’air à Paris

Les médias nous rabâchent que la côte d'alerte de la pollution aux micro-particules est atteinte à Paris et condescendent parfois à nous informer qu'il en est de même sur une grande partie nord de la France.
Pour preuve, un organisme sérieux pompe l'air des Parisiens et l'analyse : c'est Airparif qui nous communique automatiquement les risques dus à une concentration moyenne supérieure à 50 microgrammes par mètre cube sur 24 heures.
Depuis la mi-mars, les Parisiens vivent sous une chape de particules fines, d’ozone et de dioxyde d’azote. Les autres aussi, mais ils n'ont pas l'honneur d'appartenir à la ville lumière, quoique la lumière soit faiblarde en ces temps de smog.
La pollution est responsable chaque année de 42.000 morts prématurées. Mais ne nous réjouissons-nous pas trop vite d'une diminution du déficit des caisses de retraite, la bouffée d'air, due à la canicule de 2003 qui a diminué le montant global des pensions à verser, ne va pas se reproduire parce qu'en plus d'exposer les bronches et d'irriter les yeux et la peau, la pollution favorise les cancers du poumon et de la vessie et les maladies respiratoires et cardio-vasculaires. La prise en charge nationale de ces maladies est estimée entre 825 millions et 1,7 milliard d’euros par an. Autrement dit, à la louche 1 milliard.
Les pouvoirs publics doivent prendre des mesures. Si les maudites particules viennent bien de l'Allemagne et de ses centrales au charbon, il faut traverser le Rhin manu militari, l'air de rien, et les fermer. Ou imposer à nos voisins germaniques de nous acheter de l'électricité nucléaire. Si de notre côté il se produit un incident, la pollution est moins visible à l'oeil nu, et, depuis 1986, on sait que les becquerels ne franchissent pas les frontières, foi de porte-parole gouvernemental.
Mais les princes qui nous gouvernent pensent d'abord à balayer devant leur porte. La maire de Paris insiste pour une circulation alternée : les voitures à l'immatriculation de même modulo 2 que le jour du mois sont autorisées à circuler. Les autres doivent stationner moteur éteint ou s'adonner au covoiturage.
Les ambulances sont exemptées de la mesure, normal, vu le nombre de malades supplémentaires.
Les forces de police sont exemptées également, c'est évident puisqu'elles doivent se rendre aux portes de Paris et sanctionner lourdement les contrevenants : 22 euros, le prix d'un stationnement dans un parking payant.
Bien entendu, elles seront critiquées puisque cette action dégarnira leurs rangs déjà engagés dans les mesures anti-terroristes, comme elles l'étaient quand les voyageurs d'une rame de RER D ont été dépouillés ce dimanche matin 15 mars dans l'Essonne par une vingtaine de voleurs qui ont profité de l'absence de force de l'ordre. L'affaire n'a été révélée que mardi soir, 24 heures après un meeting de Manuel Valls dans le département. Depuis les mauvaises langues persiflent et sous-entendent que le premier ministre voulaient que son public ne soit pas effrayé et qu'il se rende à sa grand-messe. Quant au maire concerné, il tweete : « Le maire de Juvisy [-sur-Orge] pas informé en deux jours, affaire étouffée ? » et il s'agace de la « minimisation de l'attaque, après la dissimulation ».
Laissons cette polémique qui sent le soufre et revenons à nos autorités qui ne valsent pas, la 5ème est très stable, mais qui tanguent, un pas en avant un pas en arrière.
La maire de Paris demande la circulation alternée pour le bien-être de sa population mais la ministre n'en veut pas.
L'an dernier dans les mêmes circonstances, la future maire n'en voulait pas. Certains journaux laissent comprendre qu'elle n'était que candidate et qu'elle cherchait à ne pas perdre des voix tandis que maintenant elle a décroché son CDD de 6 ans et qu'il n'y a pas de départementale chez elle. Ils nous font comprendre aussi que la ministre du parti à la rose sait bien que l'air ne sent pas la rose et que les électeurs ne veulent plus de cette rose. Elle s'ingénie donc à ce qu'ils ne l'aient pas dans le nez avant d'aller voter, surtout les banlieusards.
Tandis que les Parisiens sont loin d'avoir tous une voiture et qu'ils profitent grandement du maillage métro-train-RER-bus-tram, les banlieusards, eux, quand ils sont condamnés à prendre les transports en commun, passent beaucoup plus de temps qu'en utilisant leur voiture. La fréquence, la durée, la rupture de charge, le temps d'attente sont des réalités inconnues des bobos qui nous gouvernent. A cela il faut ajouter les moyens mis en œuvre pour rejoindre une gare et l'impossibilité d'y laisser son auto. Dans les banlieues aussi le personnel politique vit sur place, c'est pourquoi il honnit l'automobile symbole anti écologique, il multiplie les ralentisseurs et il diminue les places de stationnement, surtout à proximité d'une gare. Il n'arrivera jamais à comprendre que le pauvre banlieusard est contraint d'utiliser son auto pour se déplacer et aller travailler.
De plus le trajet boulot-dodo concerne plusieurs communes et départements, tandis que les élections se jouent localement. L'élu va complaire à son électorat, souvent des retraités puisque les jeunes s'abstiennent, en transformant son territoire en village Pierre et Vacances. Et tant pis pour le trouble-fête qui veut aller travailler. Il ne peut pas être au chômage ? Bref l'atmosphère est lourde.
Osons pénétrer en province. Dans certains départements, les particules atteignent même jusqu'à 150 microgrammes/m3, d'après la carte dévoilée par Airparif, et 30 départements sont touchés par l'alerte maximale : Finistère, Côtes-d'Armor, Ille-et-Vilaine, Morbihan (Bretagne), Seine-Maritime, l'Eure, Calvados, Manche, Deux-Sèvres, Charente-Maritime, Eure-et-Loir, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Loiret, Nord-Pas-de-Calais, Marne, Vaucluse , et les régions de Picardie, de l'Ile-de-France et de la région Rhône-Alpes. Ami, as-tu reconnu le tien ? Les niveaux les plus élevés sont observés dans le nord de la France. "Les premiers relevés du jour nous confirment que les niveaux sont encore fortement élevés sur l'agglomération parisienne", a déclaré vendredi matin Airparif, repris par l'AFP. Dans le quart sud-ouest, les concentrations ne dépassent pas le seuil d'alerte, mais cela n'implique pas une sainte pureté.
Fréquente en hiver, la pollution aux particules fines présente un risque pour la santé en particulier chez les personnes sensibles : enfant, femme enceinte, personne âgée et toute personne souffrant déjà de problèmes respiratoires tels que l'asthme. Les personnes cardiaques ou allergiques y sont également plus sensibles.
Que faire ?
Il faut éviter de sortir aux heures les plus chaudes. Bon, je sais, on était encore en hiver. Mais il ne faut pas se calfeutrer chez soi. Il faut aérer régulièrement son logement, de préférence aux heures "creuses", c'est-à-dire tôt le matin et tard le soir, surtout si vous habitez le long d'une voie à grande circulation.
Dehors, pas de masque, pas de foulard. On n'est pas des Japonais et les particules sont si petites qu'elles les traverseraient et atteindraient les voies respiratoires, dixit Arthur Depas d'AirParif, interrogée par FranceTV info. Par contre, il faut éviter les lieux les plus pollués, éloigner les poussettes des pots d'échappement, fréquenter les espaces verts comme les parcs. Outre ces évidences, pas de peinture ! "Car la peinture et les solvants vont aggraver les réactions du corps face à la pollution", en irritant les voies respiratoires, explique Pierrick Hordé, allergologue, interrogé par 20minutes.fr. Le tabagisme est également un facteur aggravant en cas de pollution.
Rappelons que dans son véhicule, une personne respire deux fois plus de particules qu'un piéton. Et combien dans les métros et les bus ?
Ne pas rouler la fenêtre ouverte, réduire sa vitesse, limiter les freinages soudains et les accélérations brusques qui polluent davantage. Ne pas laisser son moteur tourner à l'arrêt, n'est-ce pas Monsieur le conducteur de bus ?
Dans les recommandations incontestables, il faut bannir les petits trajets en auto de moins de deux kilomètres. Sans doute encore un conseil pour bobo. Quand on habite en banlieue, on sort la voiture pour dix fois plus de distance.
Vieillards, cardiaques, malades du poumon, il faut remettre à plus tard vos exercices en plein air pour éviter les crises d'asthme, les allergies et les difficultés cardiovasculaires et respiratoires.
Par ailleurs, de nouvelles preuves mettent les particules en cause dans la survenue de l’autisme. D’après une étude menée sur l’ensemble du territoire des États-Unis, les femmes enceintes les plus exposées aux particules fines (PM2,5, de taille inférieure à 2,5 microns) ont 2 fois plus de chances d’avoir un enfant qui deviendra autiste par rapport aux femmes les moins exposées. Les chercheurs ont chiffré ce risque : ils ont calculé que chaque augmentation de 4,4 microgrammes par mètre cube de particules fines dans l’air respiré durant la grossesse entraîne une hausse de 57 % du risque d’autisme chez le fœtus.
La mairie de Paris a pris des mesures pour limiter l'engorgement de particules fines dans la cuvette francilienne :
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La gratuité du stationnement résident dans Paris, afin d'inciter les habitants de la ville à emprunter plus les transports en commun plutôt que leurs véhicules personnels. 17.000 personnes détentrices de la carte à tarification réduite résidente seraient concernés.
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Si le seuil d'alerte est dépassé dans les jours prochains, la municipalité a indiqué qu'elle prendrait des directives complémentaires, comme la gratuité des véhicules Autolib' et des velib'.
Le 17 mars 2014, journée de la circulation alternée Airparif avait noté une réduction de 6 % de la concentration des particules sous l’effet d’un trafic réduit de 18 %. Pour les observateurs, c'était une grande victoire. 6 % ! Tout ça pour 6 % ! Mais qui s'occupe des 94 % ? Si aucune voiture circulait, on aurait 12 % (=2*6 %) de baisse de pollution ? Il en resterait 88 % ?
On a l'air de quoi avec cette mise en Seine du tri des voitures pour conserver 88 % des particules fines ?
Et pendant ce temps, les bouchons continuent à polluer. Qui va calculer combien nous coûtent en pollution les embouteillages réguliers ?
Financièrement, ça décoiffe : en 2013, les Français auraient gaspillé 17 milliards d’euros en carburant, en usure précoce des voitures, en heures perdues de travail, etc. dans leurs immenses embouteillages, soit en moyenne 1943 euros par foyer.
En termes de temps perdu, les embouteillages ont ainsi amputé en moyenne 135 heures et 48 minutes à chaque conducteur.
C’est ce qui ressort d’une étude prospective réalisée conjointement par le premier fournisseur mondial d’informations routières en ligne, l’américain INRIX, et la société britannique de consulting économique Centre for Economics and Business Research.
17 milliards d’euros alors que le déficit de la sécu est de 10 milliards d’euros et que le trou des régimes de retraite pourrait atteindre 15,1 milliards d'euros en 2017, selon les nouvelles projections de l'institut de prévisions COE-Rexecode.
Monsieur le président du Medef, faites pression sur le gouvernement. Je suis sûr qu'il vous écoutera davantage que les électeurs. Et dites-lui d'éradiquer ces embouteillages. Ca permettrait de baisser les charges et de gagner en productivité, et accessoirement, de restreindre la pollution.
PS : dimanche, je suis passé à pied sous le périphérique pour prendre le tram. J'ai vu des abris de SDF juste sous l'autoroute et j'ai constaté que les trams bondés étaient difficiles d'accès.
Sources :
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