Pollution de l’air à Poissy : les riverains ne peuvent plus sentir PSA
Poissy, petite ville des Yvelines nichée entre la Seine et la forêt. Le tableau pourrait sembler bucolique si ce n’était sans compter sur ce qui mine la vie des habitants du quartier Saint-Exupéry : la puissante odeur de peinture en provenance de l’usine PSA, qui inonde la zone depuis de nombreuses années. Excédés, les riverains ont décidé de réagir.
« Nous avons trois enfants en bas âge et nous sommes inquiets de les exposer de la sorte à tous ces polluants. Les odeurs sont insupportables et nous font hésiter certains jours à profiter de notre jardin », regrette Sophie, qui vit là depuis 3 ans. « J'ai une super terrasse mais on ne mange plus dehors tellement l'odeur est forte. Même le soir quand on se couche, cette odeur obsédante entre jusque dans la chambre, alors on ferme la fenêtre. Je plains les femmes enceintes et les personnes fragiles. Quelle nuisance... Des fois j'ai envie de déménager alors que j'adore mon lieu de résidence », témoigne Oumar, un ancien du quartier. Même les animateurs du tout nouveau centre de loisirs Mandela se plaignent de la situation, et doivent parfois faire jouer les enfants à l’intérieur, même par beau temps. Une situation qui a poussé les riverains à se constituer en collectif. Une quarantaine de riverains avaient répondu présents ce vendredi soir dans l’allée d’une copropriété voisine. L’objectif : faire bouger les choses rapidement pour que cessent ces nuisances, possiblement dangereuses pour la santé.
Le maire de Poissy, Karl Olive (les Républicains), avait fait le déplacement, accompagné de Gonzague de Cidrac, directeur de l’usine de peinture de PSA. « Je suis avec vous et je suis ravi que PSA se soit déplacé. Nous avons alerté la préfecture et la DRIE qui doivent nous fournir des éléments sur le problème afin d'avoir la certitude qu'il n'y a pas de danger sanitaire », a déclaré le maire. La réponse de PSA se veut pourtant rassurante : les odeurs perçues seraient dues au curetage régulier de la cuve de peinture et ne présenteraient aucun danger. Une solution pour masquer les odeurs aurait été mise en place... générant a priori plus de désagréments que de bénéfices. Interrogé par les habitants présents, G. de Cidrac a réaffirmé que toutes les mesures étaient prises pour que ces émanations soient conformes à la loi. Il a cependant confirmé : « Il n’y a pas de filtre à la sortie de l’usine de peinture. » Un capteur a été installé bien en vue dans la rue. L’analyse de l’air sera assurée par une agence... financée par PSA. Si la présence du maire et du constructeur sont appréciées, elles ne suffisent pas aux riverains.
Ce que craignent les Pisciacais ? Au-delà de l’odeur elle-même, au-delà de la forte gêne occasionnée pour les activités extérieures et l’air intérieur, c’est bien entendu la probable toxicité de cette pollution qui est en jeu. Le danger des Composants Organiques Volatils (COV) contenus dans les peintures industrielles n’est plus à démontrer. Solvants, pigments, résine, isocyanates... un cocktail détonnant dont le danger pour la santé est désormais avéré. Une récente réglementation oblige d’ailleurs les fabricants de peinture d’intérieur à indiquer la « note » de toxicité de leur produit. Toux, asthme, neurotoxicité, affections hépatiques, rénales, pulmonaires, affections de la reproduction... les risques sont multiples. Comment dès lors ne pas vouloir faire être au clair sur la qualité des odeurs de peinture venant d’une grande usine automobile ? « J’ai le nez irrité dès que je sens cette odeur qui nous pourrit la vie. Mon fils de 5 ans souffre de rinhite allergique de septembre à juin... Je voudrais être sûre qu’il n’y a pas de lien », s’inquiète Isabelle, maman d’une rue proche.
Des démarches avaient déjà été entreprises il y a plusieurs années par quelques propriétaires ; plusieurs articles avaient même été publiés dans la presse locale. Faute de résultats probants et ne trouvant pas d’appui auprès des autorités locales, les initiateurs du mouvement avaient baissé les bras. En attendant les conclusions de l’agence de contrôle et les décisions qui devraient en découler, le collectif, qui s’est étendu à Achères, ville voisine également impactée, ne compte pas attendre passivement. Des pétitions circulent et de nombreuses signatures ont déjà été collectées en quelques jours. Les habitants sont déterminés à aller au bout de leur action pour retrouver un air plus sain. Le combat ne fait que commencer. ■
Contact : Le Collectif « Poissy et Achères contre les odeurs »
[email protected] / https://www.facebook.com/SaintExcontrelesodeurs2015?fref=ts
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