Putain, cinq ans : tous à vos bottes !
Et voilà, je vois déjà certains d’entre vous me dire : Morice est reparti en croisade contre le gouvernement. Eh bien, au risque de vous décevoir, ce n’est pas du tout le sujet du jour. Non, le sujet du jour c’est plutôt une bonne nouvelle pour Jean-Louis Etienne, qui vient de perdre plutôt bêtement son beau dirigeable tout neuf à qui il a pris l’envie de servir de couverture chauffante à un pavillon de banlieue.
La bonne nouvelle, c’est qu’il n’a pas besoin de le retaper, son dirigeable fracassé : le temps qu’il le fasse, la banquise aura disparu ! C’est cela la nouvelle du jour... et elle est bien plus importante que de savoir ce que va décider le gouvernement indien en guise de protocole pour la réception ou non du colis Bruni. La nouvelle est gravissime, et elle vient de tomber : la calotte polaire arctique n’en a plus que pour... cinq ans seulement. Attendez-vous à voir débarquer chez vous de drôles de zèbres parlant le néerlandais, de grandes blondes avec des nattes juchées sur un vélo aux roues énormes, leurs digues seront submergées. Pour les vaches et les cochons, on ne sait pas comment ils vont faire (apprendre à nager ?). Localisez donc sur Google Maps l’endroit où vous habitez, et si vous êtes sous le niveau de la mer ou au même niveau... vendez votre maison avant que son nouveau propriétaire ne découvre qu’elle n’est pas insubmersible. Bref, la "cata" annoncée se précipite à une vitesse grand V, à modifier le climat certes, mais aussi les modes de vie comme jamais l’humanité n’aura eu à le faire durant toute son existence.
C’est le Pr Maslowski qui a révélé ces chiffres alarmants sinon catastrophiques, dès le discours d’introduction de Davos, aidé par l’Institute of Oceanology, la Nasa et des chercheurs polonais de la Polish Academy of Sciences (PAS). Le record de fonte avait été en 2005 avec moins de 5,32 millions de km restants. En moyenne, de 1979 à 2000, la banquise faisait 6,74 millions de km2. Or elle vient d’en perdre subitement en 2007 près de 2,61 millions de km2 ! Soit l’équivalent du Texas et de l’Alaska, ensemble, ou l’équivalent de 10 fois la Grande-Bretagne. Un autre scientifique Peter Wadhams de la Cambridge University a constaté qu’on avait oublié une chose, l’épaisseur de la glace dans les mesures précédentes. L’ayant vérifiée avec un sonar de la Navy, il put constater qu’elle diminuait fortement également, précipitant la fonte en superficie. Et pour lui, la pente prise est... irrémédiable : "The implication is that this is not a cycle, not just a fluctuation. The loss this year will precondition the ice for the same thing to happen again next year, only worse". Un chercheur canadien, Bruno Tremblay, de l’université McGill disait la même chose il n’y a pas si longtemps. Selon lui, cette année, le pôle Nord a perdu deux fois la superficie de la France !
Et ce n’est pas fini, car alentour, c’est le permafrost qui fond. Or c’est près d’un quart des terres de l’hémisphère Nord qui est recouvert de permafrost ! En Alaska, ça devient dramatique : les piliers supportant le pipe-line érigé à la fin des années 70 de Prudhoe Bay à Valdez, réfrigérés par des poteaux-frigos pour garder le permafrost, ne suffisent plus à le maintenir en place. Une catastrophe écologique pire que l’Exxon Valdez est à prévoir à brève échéance si le pipe-line se rompt. Or, il donne depuis longtemps d’inquiétants signes de fatigue. Il fournit environ 8 % de la production totale des Etats-Unis. Et plus encore, la glace renvoyant 90 % de la chaleur, sa disparition au pôle accélère le réchauffement de l’eau... et le cycle infernal s’accélère.
C’est le moment peut être de parler... gouvernement, on y revient vous allez me dire, sacré Morice va. En effet : si le Grenelle de l’environnement a bien démontré une volonté réelle de s’attaquer au réchauffement climatique, ce que je ne nie point, ces découvertes fort récentes remettent en cause l’application des priorités. Faudra-t-il songer à annoncer que la zone qui va de Saint-Omer à Dunkerque, gagnée autrefois sur la mer au Moyen Age, va devenir à nouveau inondable ? Devra-t-on ériger au plus vite des barrages sur la côte Nord sur le modèle des digues néerlandaises ? Que prévoit-on à long terme pour empêcher ou juguler la montée des eaux, devenue inéluctable ? Pour l’instant, rien n’a été envisagé. On peut craindre surtout qu’on ne prenne pas conscience du phénomène. Parmi les pressentis pour un prochain remaniement ministériel figure Claude Allègre... Or, ce monsieur a des vues toutes particulières sur le réchauffement climatique : pour lui, il n’existe pas. Ou s’il existe, il n’est pas si important que cela "ce n’est pas le problème essentiel", selon lui. "Cela ne nous paraît pas catastrophique", insiste-t-il.
Dans quelques semaines, on risque fort d’avoir en France un nouveau ministre... droit dans ses bottes...
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