Au départ, le Grenelle de l’environnement marchait sur deux jambes. Il s’agissait d’un côté d’inciter aux bonnes pratiques par des crédits d’impôts et de l’autre de dissuader l’adoption de pratiques dommageables à l’environnement par des taxes. A l’arrivée si l’on en croit la Cour des Comptes, on incite mais on ne dissuade pas. Le Grenelle est devenu unijambiste.
Exit la taxe Carbonne. Exit l’écotaxe sur les poids lourds. Vive les lois Scellier sur les bâtiments à basse consommation ! Elles font la joie des promoteurs et des investisseurs locatifs. Vive l’éco-prêt à taux zéro pour les propriétaires qui souhaitent isoler leurs logements !
Dans le même temps, au lieu de taxer les vols internes, le gaz au fioul ou l’automobile, on continue à réserver au secteur des transports et à l’habitat une fiscalité avantageuse (sur le Fioul, le Kérozène ou les aides à l’Automobile qui lorsqu’on y regarde de près, sont plutôt très indulgentes au vue des émissions de carbones générées).
Résultat : alors que l’impact budgétaire du Grenelle devait être neutre, les incitations fiscales devant être compensées par le revenus de nouvelles taxes, la politique environnementale affiche un déficit de 2,5 milliards d’euros. Alors même que la taxation d’activités nuisibles à l’environnement représente un potentiel de rentrées fiscales de 19 milliards d’euros ! Une manne qui pourrait être réinvestie dans le fret ferroviaire, la conversion des exploitations à l’agriculture biologique ou un réel appui au lancement des véhicules hybrides ou électriques.
Au lieu de cela, le Grenelle est devenu un monstre froid prétexte à la mise en place d’une fiscalité particulièrement inégalitaire. Ceux qui souhaitent acheter un appartement pour en tirer des rentes locatives sont bien plus favorisés que les locataires qui souhaitent accéder à la propriété.
Autre exemple significatif, qui prouve une fois de plus que le diable est dans les détails : alors que l’éco-taxe sur les poids lourds n’a toujours pas été voté, sa compensation sous forme de réduction de la taxe sur l’essieu est déjà entré en vigueur ! Une politique illisible qui fait l’objet d’une gigantesque gaspillage économique et écologique.
La conclusion des experts de la Cour des comptes est accablante : « dans le domaine des transports ou de l’agriculture, les objectifs fixés par le Grenelle pour 2012 ne pourront être atteints ».
Dommage, car ces louables objectifs nous auront quand même coûté 2,5 milliards d’euros / an.