Quel est l’animal domestique le plus libre ?
Avoir des animaux, cela signifie quoi ? Le posséder, lui restreindre sa liberté. Cela concerne quasiment tout les animaux, peu importe que vous le traitiez de la meilleure façon ou de la pire façon qui soit : dans tout les cas, vous enfermez l’animal, vous vous l’accaparez. Et mis à part quelques rares, très rares personnes, la grande majorité des gens ne connaissent pas les véritables mœurs des animaux, et vont les restreindre et les faire souffrir psychologiquement, sans qu’ils ne soient forcément au courant, pire même, sans que jamais ils ne puissent l’imaginer. Vous aimez votre cheval et lui faites tout ce qu’il désire, lui construisant cabane, point d’eau et points de jeux ? Mais sa véritable personnalité, c’est de courir en liberté, en troupeau, les chevaux sont des animaux sociaux, et peu de gens le savent.
Vous adorez vos chats et allez même jusqu’à leur offrir des croquettes haut de gamme, des jouets et des sucreries ? Mais le chat est un animal carnivore, territorial, qui mange peu mais souvent, et qui couvre son territoire de par ses marquages.
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On pourrait faire la liste de tout les animaux comme cela, chien, tortue, iguane, oiseaux, qu’on en oublierait forcément, mode des animaux exotiques oblige.
Et ce, sans même parler des éleveurs, dresseurs et autres chuchoteurs, qui sont payés pour maîtriser l’animal selon notre bon vouloir.
Cependant, il y’a une un animal qu’on ne peut pas enfermer, et qui est, malgré notre joug, totalement libre : l’abeille. On pourrait éventuellement parler des fourmis, mais rare sont les élevages ayant un passage vers le dehors, généralement, elles sont placées dans la chambre pour une meilleure observation, et à ce moment, difficile de leur ouvrir un accès, à moins que la présence de fourmis se baladant dans la maison ne gêne pas, ce qui est peu probable.
L’abeille, donc. J’en vois déjà qui m’explique avec moult exemples et liens que, si, l’abeille est tout autant exploitée que les autres animaux, et que le fait de lui voler son miel n’est pas vraiment mieux que de forcer les poules à pondre ou les vaches à procréer à la chaîne. Relax max, le but ici n’est pas de rentrer dans le débat végan, le but de cet article, c’est de parler de la liberté des animaux. On peut très bien utiliser un animal ou une plante sans lui porter préjudice, cela s’appelle la symbiose, et c’est un procédé très couramment utilisé dans la nature, comme, par exemple, justement, l’abeille qui « vole » le nectar en échange de quoi elle pollinise (sans qu’elle n’en soit forcément consciente) ladite fleur.
Alors, oui, lorsqu’on parle d’apiculteurs, il faudrait créer 4 catégories d’apiculteurs : les gentils professionnels, les gentils amateurs et à l’inverse, les méchants professionnels et les méchants amateurs.
Au niveau des « méchants », c’est simple : ils n’ont aucune considération pour l’animal, et n’ont pour but, en travaillant avec, que de se faire un maximum de bénéfices, et pour ce faire, n’hésitent pas à optimiser au maximum les abeilles : transhumance, élevage intensif de reines (et donc, changement régulier de reines), produits en grande quantité, maximisation du nombre de ruches, prélèvement intégral du miel, prélèvement de gelée royale, de cire, de propolis… Ceux la sont évidemment à exclure de mon tableau.
Par contre, je pense pouvoir l’affirmer sans crainte : ils ne sont pas aussi nombreux qu’on veut bien le croire. Déjà, parce que, pour être rentable, il faut obligatoirement être professionnel, et donc, posséder plus de 150 ruches : peu de personnes vont autant investir là dedans, et d’ailleurs, comme pour quasiment tout les métiers agricoles, peu de personnes s’y intéresse mis à part les initiés. Pour vous donner un ordre d’idée, en France, en 1997, le nombre de pro était de… 1551. Eh oui, c’est un métier rare, la grande majorité des apiculteurs le faisant en tant que loisir. Et, justement, un loisir n’étant en rien obligatoire, vous pensez bien que seul celles et ceux qui aiment les abeilles s’y lancent vraiment. Partant de ce postulat, imaginez bien que les cas de maltraitance d’abeilles sont rares. Et puis, comment voulez-vous garder en captivité un insecte qui ne peut produire qu’en liberté ? Totalement impossible, et c’est bien pour ça que les visites des apiculteurs au rucher sont rares, en moyenne, 1 fois par semaine… Sauf en hiver, ou là, les visites, et donc, les dérangements sont inexistants. Et même quand l’apiculteur « intervient », il ne prive que rarement de liberté les abeilles, tout au plus, les reines, et la encore, pour des petits moments (quelques jours tout au plus, lors des élevages notamment).
Le reste du temps, les abeilles sont totalement libres, et sont donc très loin des poncifs de l’élevage intensif. On me dira alors que malgré cette liberté, on pille malgré tout la ruche, et ce n’est pas faux, tout du moins, ce n’est pas entièrement faux. Car le pillage se limite à une partie précise de la ruche, la ou il n’y a pas de couvain, le reste est laissé aux abeilles, et puis, en échange de ce prélèvement, l’apiculture, en général, fait tout pour faciliter la vie aux abeilles : mise à disposition d’un point d’eau, traitements, renforcements lorsque la ruche va mal… Beaucoup de choses sont mises en œuvre pour aider les abeilles.
Certes, on me rétorquera qu’elles peuvent très bien vivre sans aide extérieure, et c’est tout à fait vrai, par ailleurs, on pourra même noter que les apiculteurs d’antan n’avaient rien à faire ou presque, si ce n’est de mettre à disposition une ruche aux abeilles, pour leur prélever le miel à la fin de la saison. Cependant, les temps ont changé, et désormais, l’abeille est menacée de plusieurs manières… Oui, là encore, on pourra me rétorquer que toutes les menaces proviennent des êtres humains, et que notre protection est donc normale par rapport aux préjudices qu’on leur a fait subir : pesticides, varroa, frelons asiatiques… Mais ce serait balayer d’un revers de la main tout(e)s ces passionné(e)s qui oeuvrent avec passion pour le bien être des abeilles, sans forcément en retirer des bénéfices réels, puisque la plupart des apiculteurs étant des particuliers possédant moins de 10 ruches, il faut bien savoir que la récolte, si elle est maigre, pourra peut être à peine servir pour leur famille et les voisins, et là encore ! Le syndrome de l’effondrement des abeilles aboutit au syndrome de l’effondrement du miel, et donc, des bénéfices : beaucoup perdent de l’argent dans cette activité, comme bien d’autres loisirs, sans que ça ne les arrête : à ce moment, peut-on encore parler d’exploitation ? Ne serait-ce pas plutôt une forme de symbiose ?
Bien sûr, nous gardons nos travers, et voulons toujours nous accaparer les essaims ci et là, mais dans l’absolu, l’abeille « domestique » est bien l’animal domestique le plus libre qui soit. Gageons que les autres animaux domestiques retrouvent un peu de cette liberté si chère à leurs yeux, loin des poncifs des industries ne communiquant et ne se mouvant qu’avec des liasses de billets : à nous de faire évoluer les choses dans le bon sens.
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