Réflexion faite : la fin programmée de la civilisation du gaspillage
Nous vivons depuis longtemps sur la Terre, une accueillante petite planète d’un système stellaire parmi des milliards de milliards d’autres. Dans un univers qui ne vient de rien (on parle de fluctuation du vide) et qui a explosé il y a 13,7 milliards d’années, d’après notre dernière datation.
Nous en avons conscience et nous nous posons des questions essentielles.
Qu’est-ce que la vie ?
Est-elle extrêmement répandue dans notre galaxie et dans les cent milliards d’autres, répondant à des lois chimiques universelles ou bien est-ce un phénomène rarissime au point que la Terre soit finalement une exception dans l’univers, l’héritière d’une somme incalculable de hasards tous aussi improbables les uns que les autres ?
Tout irait bien dans le meilleur des mondes possibles si nous ne faisions pas les terribles observations suivantes :
L’espèce dominante, Homo sapiens, a vaincu toutes les étapes de l’adaptation à toutes sortes de milieux souvent hostiles. Bravo ! Elle a envahi tous les écosystèmes. On applaudit. Maintenant, l’homme en est au stade où il transforme radicalement le milieu lui-même, au point de rendre l’atmosphère irrespirable en la saturant de multiples sources d’émanations polluantes et de gaz à effet de serre. L’humanité, à cause de ses activités prédatrices, a bien généré un dérèglement climatique à l’échelle planétaire qui risque de rendre la Terre tout simplement presque inhabitable pour les siècles à venir.
Sur notre planète, il ne reste déjà plus que quelques lambeaux de la forêt primitive qui recouvrait jadis la plupart des terres. Les espèces disparaissent à un rythme mille fois plus élevé que durant les disparitions naturelles. La moitié des primates est en train de s’éteindre définitivement. Et ce ne sont pas nos zoos qui changeront quoi que ce soit. L’empreinte de l’homme sur son environnement atteint un stade qui dépasse l’entendement. Les campagnes ne sont plus que des cultures à perte de vue, arrosées en permanence par des pesticides qui laissent peu de chance à la biodiversité et nuisent à notre santé. Les grandes villes se transforment en mégalopoles tentaculaires, fourmilières de 25 millions d’habitants, qui élèvent leurs tours d’acier, de verre et de béton vers le ciel. 50 % de la population mondiale vit déjà en milieu urbain. En Chine, 90 % en 2050 !
A priori, quelque chose ne tourne plus rond du tout sur cette planète.
9 milliards d’habitants prévus en 2050. Mais comment nourrir correctement tous ces gens-là ? Surtout qu’on n’aura plus une goutte de pétrole à cette époque et que les agro-carburants auront sûrement envahi nombre de terres habituellement réservées à notre alimentation et à celle de notre bétail (80 %). Or, les rendements que nous obtenons actuellement sont dus à l’or noir (engrais, pesticides, pétrole pour faire tourner tracteurs et moissonneuses et transporter les récoltes).
La Terre n’est pas extensible. On ne peut pas mettre de rallonge à la table des milliards de convives. Donc certains crèveront de faim. Les plus pauvres agoniseront. C’est ce qui nous pend au nez. Quelle perspective ! Vive l’humanité !
A moins… A moins que nous ne prenions d’ici là des mesures radicales ! Que nous changions complètement de mode de vie, de système.
Et c’est sans parler des guerres ! Parce qu’il y aura bien sûr de nouvelles bonnes raisons de se faire des guerres. Devant l’appauvrissement des richesses naturelles mondiales telles que l’uranium (fin en 2040), le pétrole (fin en 2050), le gaz (fin en 2072), les métaux rares et même non précieux tels que le fer dont la fin est annoncée – eh oui ! – pour 2087 (tous les gisements métalliques et énergétiques, qui constituent la base de nos progrès technologiques actuels, auront été pillés entre 2025, date de la fin de l’or, de l’indium et du zinc et 2158, date de la fin du charbon), les pays les mieux armés seront peut-être tentés de s’approprier par la force les dernières ressources non renouvelables.
L’avenir est noir, très noir, pour cette civilisation gloutonne, pour l’humain et la nature en général. Faire l’autruche n’a pas de sens. Plus de vert. Le bleu sera devenu gris. Et trouver à manger accaparera tous nos instants.
Alors on se dit, à ce compte-là, est-ce que la vie en vaut la peine, si c’est pour arriver à ce terrible résultat ? A cette déchéance ?
Mais tout n’est quand même pas perdu, ce n’est pas l’apocalypse. Il ne faut pas baisser les bras et sombrer dans le pessimisme. Le défaitisme. Nous pouvons encore limiter la casse, faire en sorte que ce passage inéluctable se fasse plus en douceur et entraîne moins de pollution, moins de souffrance, moins de disparition d’espèces et d’individus. Il y a encore de l’espoir et l’homme a fait la preuve dans le passé qu’il est un être parfois doué et plein de ressources.
Bien sûr, il faut que toutes les nations du monde s’y mettent immédiatement et agissent dans l’urgence. En développant par exemple massivement les énergies renouvelables, en piégeant les polluants à la sortie des cheminées et des pots d’échappement, en cessant totalement la déforestation des zones tropicales, en reboisant, en recyclant tout ce qui est recyclable y compris les métaux encore abondants, en mangeant le moins de viande possible, en réduisant les naissances au niveau mondial... Que sais-je ?
Les solutions ne manquent pas. Mais certaines ne vont pas convenir à tout le monde.
En tout cas, nous n’avons plus le temps de tergiverser. Le processus est en train de se produire sous nos yeux. Cela ne concerne pas seulement nos petits-enfants, mais nos propres enfants, oui eux et nous-mêmes qui, pour les plus jeunes, courons le risque de vivre des périodes de grand désarroi, nous demandant vraiment à quoi bon vivre si c’est pour courir toute la journée après un bol de céréales…
Mais il n’est pas facile de changer d’un coup la plupart de nos habitudes, toutes les habitudes néfastes des pays les plus riches. D’autant plus que les pays émergeants demandent leur part du gâteau en voulant vivre à l’occidentale, au-dessus de leurs moyens, comme nous, aggravant inévitablement la pollution globale de l’air et des sols. Et qui pourrait le leur reprocher puisqu’il n’y a, pour l’heure, paraît-il, pas d’alternative concurrentielle ?
Et les questions se posent. Encore et encore. Elles font des bonds dans le plus gros cerveau animal. Peut-être est-ce le propre de l’homme que de s’interroger ?
Comment se fait-il que l’espèce qui se dit la plus intelligente en soit arrivée à cette guerre totale contre la nature ? A ce meurtre démentiel de la "Terre-mère" dont elle dépend pourtant entièrement ? Homo sapiens qui jusqu’à présent a surmonté avec brio l’ensemble des épreuves de l’évolution et ne s’est pas encore autodétruit…
Nous pourrions pourtant vivre en paix sur cette planète si nous étions des millions, pas des milliards ! Nous partagerions alors les richesses naturelles sans les épuiser et nous pourrions même nous payer le luxe d’une technologie non polluante. Bref nous aurions du respect. Et la vie vaudrait vraiment le coup pour tous les êtres vivants qui vivraient en parfaite harmonie, s’interrogeant sur les mystères extraordinaires du monde fabuleux dans lequel ils vivraient.
Cette Terre serait un paradis parmi les myriades de paradis. Il règnerait ici l’équilibre entre l’homme et la nature pour les sept milliards et demi d’années de vie de notre Soleil (sous sa forme actuelle de naine jaune).
Mais peut-être ce scénario d’une population mondiale raisonnable aura-t-il lieu après la chute de notre civilisation telle que nous la connaissons ? Surtout qu’ayant tout épuisé autour de nous, d’ici deux petits siècles, on ne pourra plus polluer l’environnement.
Il faudra quand même quelques millions d’années pour que la nature se reconstitue et poursuive sa merveilleuse aventure.
Michel Walter pour Terre sacrée le 11 août 2008
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