Pire qu’en 1976. A la mi-mai, la moitié des départements français étaient en situation de sécheresse. Actuellement, 68% des nappes phréatiques présentent des niveaux d’eau inférieurs à la normal. Dégradation de la qualité des eaux, asphyxie des rivières, crise alimentaire, si le pire n’est jamais sûr, on n’a pas fini de subir les conséquences de ce stress hydrique.
1/ Détérioration de l’eau du robinet.
Le problème est pour l’instant assez peu évoqué par les médias. Mais plus les rivières et les nappes phréatiques sont à sec et plus les teneurs en polluants (nitrates, pesticides) augmentent.
Exemple dans la Beauce, particulièrement affectée par les pollutions aux nitrates.
L’Echo Républicain rapporte les propos du chef du service de l’eau au Conseil général :
« Si les rendements des cultures sont mauvais cette année à cause de la sécheresse, les quantités d’azote introduites dans les sols pourraient être « lessivées » vers les nappes, en cas de fortes pluies pendant l’automne ou l’hiver. Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la qualité de l’eau ».
A ce sujet, même les sites destinés aux agriculteurs évoquent un risque de lessivage à la fin de l’hiver. En Bretagne, le site « Terre agricole » prévient ses lecteurs :
« L´année est atypique, et les incertitudes sont plus grandes qu´à l´ordinaire sur les quantités d´azote présentes dans les sols. Ce n´est donc pas l´année à négliger les analyses de terre et les mesures de résidus d´azote à la sortie de l´hiver. »
Moins il y a d’eau, plus la concentration des polluants augmente. On doit donc s’attendre à une dégradation importante de la qualité de l’eau du robinet dans les prochaines semaines dans les régions déjà exposées à de fortes pollutions aux nitrates et aux pesticides.
2/ 2 000 km de rivières perdus depuis janvier
D’autant que l’hebdomadaire Politis rappelle qu’au moins
2 000 km de rivières ont disparu sous l’effet de la sécheresse depuis janvier. Résultat : l’ensemble de l‘écosystème aquatique est touché par un risque d’asphyxie lié à une raréfaction de l’oxygène. Les poissons seront les premiers touchés.
« En Eure-et-Loire et en Charente, des opérations de sauvetages où les poissons sont prélevés des rivières pour être mis ailleurs sont déjà en cours »,
prévient la Fédération Nationale de la Pêche. Une situation exceptionnelle en plein mois de mai.
Mêmes inquiétudes en Bretagne où l’on redoute un risque d’eutrophisation (manque d’oxygène) des rivières, en raison d’une augmentation de la concentration en nitrates et phosphates nous explique
Le Télégramme. Ceci aboutit à une explosion des bactéries et des algues vertes dans les cours d’eau, ce qui provoque la diffusion de toxines dans l’eau qui ne peut être purifiée par les stations de traitement d’eau potable même en augmentant le taux de chloration.
3/ Tension sur les centrales nucléaires :
Pour
l’Observatoire du nucléaire, la situation est déjà explosive. «
Un risque grave pèse sur la France, 44 réacteurs se trouvant en bord de rivière. En cas d'assèchement, il existe un réel risque de fusion des coeurs et donc d'un accident comparable à celui qui est toujours en cours actuellement à Fukushima (Japon) » estime l’association.
Un péril d’autant plus réel que la production des centrales hydro-électriques est amoindrie par la baisse du débit des fleuves. Les centrales nucléaires tournent donc à plein régime pour compenser la baisse de production hydro-électrique.
4/ Crise alimentaire
Conséquence des fortes chaleurs et du manque de pluie, la production de fourrage a connu une chute spectaculaire au mois de mai. Or ces fourrages et ces pailles sont utilisés par les éleveurs pour nourrir leurs bêtes. Et donc alimenter le marché de la viande.
Si les agriculteurs français ont obtenu des
subventions pour faire face à l’envolée des prix de la paille et des fourrages, on oublie un peu vite que la sécheresse touche toute l’Europe du Nord (Grande Bretagne, Suissse, Pays Bas, etc.). Cette situation provoque actuellement des fluctuations à la hausse sur le marché des céréales.
Ce sont les mêmes causes qui avaient provoqué la crise alimentaire de 2008 et les
émeutes de la faim un peu partout dans les pays du Sud.
5/ Risques d’incendies dans les forêts :
En 2009, la situation de sécheresse en Grèce avait nourri des incendies incontrôlables qui avaient détruit plus de
30 000 hectares de forêts.