Taxe sur les émissions de CO2 en Australie : nos enfants le méritent bien !
Après la divulgation par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) de données alarmantes sur les émissions de CO2 en 2010, un combat majeur pour le climat fait rage en ce moment en Australie.
Le gouvernement est sur le point de promulguer une loi qui réduirait les émissions de CO2 et ferait payer la note aux pollueurs. Mais de grands industriels, soutenus par Rupert Murdoch, tentent de faire enterrer ce projet…
Le gouvernement australien propose une taxe sur les émissions de carbone à partir de 2012 qui devrait être remplacée, 3 à 5 ans plus tard, par un système de plafond et d’échange (cap & trade) visant les principaux émetteurs de CO2.
Il s’agit là des deux moyens les plus efficaces afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) : imposer aux utilisateurs d’énergies fossiles le coût réel des émissions polluantes et nuisibles qu’ils causent en émettant dans l’atmosphère du CO2, selon le principe pollueur/payeur. Cette taxe devrait inciter les industries sales à produire proprement tout en tout en finançant les technologies de demain et en renforçant l'aide aux plus démunis.
Cette proposition suit la publication d’un rapport du Ministre du changement climatique, Greg Combet, portant sur l’impact potentiel d’une hausse du niveau de la mer pouvant atteindre 1,10 mètre d’ici 2100. Comme dans un très grand nombre de pays, beaucoup d’infrastructures australiennes se retrouvent le long des côtes. Sont ainsi à risque, menacés par les inondations et l’érosion, 5 800 à 8600 immeubles commerciaux, 3700 à 6200 édifices industriels, 27 000 à 35 000 kilomètres de routes et de voies ferrées et jusqu’à 274 000 résidences.
Le coût de l’inaction pourrait donc avoir un impact économique majeur pour les Australiens, pouvant atteindre 266 milliards de dollars selon le rapport. Pour ramener ces chiffres à échelle humaine, cela représente un coût de 23 000 dollars par travailleur (la population active compte 11,5 millions sur 21,9 millions d’habitants), ou 29 % du PIB de 2009, soit l’ensemble de la richesse en biens et services créés cette année-là en Australie (données de la Banque Mondiale)
Et aujourd’hui, nous sommes tous menacés par le changement climatique, notamment par les sécheresses et les tempêtes qui déclenchent des incendies de forêts, des inondations ou de mauvaises récoltes.
Des pays comme le Danemark, la Suède et le Costa Rica ont déjà introduit des mesures tarifaires sur les émissions de CO2, ce qui a stimulé l'innovation et diminué la pollution. Si maintenant l'Australie, le plus grand pays émetteur de CO2 par habitant, suit cet exemple, cela génèrera une dynamique invitant les autres plus gros pollueurs comme la Chine et les Etats-Unis à emboîter le pas. Cela multipliera aussi les chances d'obtenir un accord climatique mondial l'an prochain.
Si cette loi est une mesure "gagnant-gagnant", certaines sirènes répandent cependant la peur parmi la population. Ainsi Rupert Murdoch qui possède 70% de la presse australienne mène une bataille permanente sur les ondes australiennes. Connu pour soutenir depuis longtemps le déni climatique, il s'est rallié aux entreprises minières afin de diffuser des perspectives improbables de pertes d'emplois et de récession. Les dirigeants politiques et les industriels ont souvent une vision à court terme quand des actions à long terme sont nécessaires…
« Fixez un prix sur le carbone, nos enfants le méritent bien », pouvait-on lire sur des banderoles à Sydney dans plusieurs manifestations voulant faire contrepoids à l’opposition conservatrice qui nourrit la grogne parmi la population. C’est pourquoi, les Australiens et leurs décideurs politiques ont besoin plus que jamais d’un soutien mondial pour tenir tête aux profiteurs et faire renaître l'espoir de solutions pour le climat…
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