Tempête Klaus : la dette du Sud qui nous arrive dans la figure ?
Si les scientifiques n’avancent aucun lien entre les changements climatiques et le passage de deux "tempêtes du siècle" en dix ans, le réchauffement planétaire se fait sentir de plus en plus concrètement dans de nombreuses régions du globe et amène les pays du Sud à réclamer la justice climatique sur la dette écologique des pays du Nord.
(reportage depuis les Andes chiliennes où l’on réclame la "justice climatique")
La tempête Klaus, en tant qu’événement exceptionnel, ne pouvait être prévu, ni modélisé. La difficulté d’analyse de phénomènes naturels brutaux et complexes empêche d’établir un lien scientifique entre cette catastrophe naturelle et le réchauffement climatique. Le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) a tout de même prévu que le changement du climat risquait d’augmenter la fréquence de phénomènes météorologiques violents. Si la France est encore épargnée, cette actualité nous ramène a la réalité bien concrète des conséquences du réchauffement qui s’observent aujourd’hui dans diverses régions du monde.
La cordillère des Andes chiliennes, avec ses 1720 glaciers, constitue par exemple la seconde réserve d’eau potable de la planète. La récente étude de la direction nationale des eaux chilienne a établi que 92% de ces glaciers est en régression. Mais ce ne sont pas seulement des glaciers qui fondent, ce sont des millions d’habitants dont l’habitat est menacé. La mégalopole de Santiago du Chili (plus de 6 millions d’habitants) dépend par exemple à 70% du glacier Echaurren pour ses ressources en eau, glacier dont la disparition est programmée dans au plus une cinquantaine d’année. Si la planète aura quelques millions d’années pour se refaire une beauté lorsque l’espèce humaine aura disparu, l’habitat humain est à préserver dès maintenant : la fonte des glaciers supprime des ressources en eau, diminue les pluies (moins de vapeur d’eau) et modifie les courants océaniques (moins de sel dans l’eau) au risque de perturber le climat. Bien plus que risquer de perdre de belles montagnes, nous risquons de violents conflits humains pour les ressources en eau dans les années à venir.
L’Alliance pour la Justice Climatique a organisé samedi 24 janvier une marche vers le glacier San Francisco mis en péril à la fois par le réchauffement global et les projets industriels de centrales hydroélectriques. Cette organisation, qui regroupe 160 organisations défense de l’environnement dans le monde, refuse d’apparaître comme de simples défenseurs de la Nature et réclame la justice climatique. "Les pays du Sud ont une dette financière, mais les pays du Nord ont une dette écologique qui est bien supérieure" s’exclame Eduardo Rubilar, membre de la CODEFF, la plus ancienne organisation environnementale du Chili. "Depuis 1850, ils polluent avec les industries, ils pillent nos ressources et endommagent notre environnement. Nous avons commencé à générer de la pollution depuis bien moins longtemps et nous sommes les plus touchés aujourd’hui par les changements du climat" ajoute-t-il. Et l’on se souvient alors du projet du canadien de Barrick Gold de construire une mine d’or en dynamitant 3 glaciers au nord de la cordillère chilienne... Le projet, aujourd’hui suspendu, est un symbole de ce que peut représenter la dette du Nord économiquement.
Si l’écologie s’est longtemps présentée sous le visage bucolique de la défense d’une Nature verdoyante, la prise de conscience de l’urgence des menaces qui pèsent sur l’habitat humain et des risques de conflits obligent à analyser le problème plus radicalement. La question qui plane parmi les organisations réunies au pied du glacier San Francisco est de savoir si Obama va changer la donne dans les traités internationaux et commencer à assumer économiquement cette dette écologique.
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