Une action à travers le commerce équitable
Si l’on observe l’état des terres de plusieurs pays, si l’on observe la famine qui continue de sévir un peu partout sur la Terre, si l’on observe nos cours d’eau qui tranquillement deviennent des déserts, si l’on observe ces poissons, ces mammifères et ces oiseaux qui se meurent et si l’on observe la nature qui laisse sa place à l’artifice et qui se cache sous la pollution et sous ces villes dominantes, l’impuissance s’empare facilement de nous. Personnellement, j’ai choisi de ne pas laisser cette facilité prendre possession de moi, je ne lui laisserai pas ma peau, je ne l’utiliserai pas comme excuse pour vivre en me préoccupant seulement « de ce qui me regarde vraiment dans mon petit monde à moi » et je me battrai. Oui, je prends cette charge sur mes épaules. Oui, j’en assume une part de responsabilité. Oui, j’agirai !
Mais comment se sortir de cette impasse de destruction qu’a engendrée l’économie sans menacer les besoins réels de consommation et donc de production ? Certes, il faut faire attention ! Mais cessons de reproduire le problème pour les générations à venir. Comment faire autrement tout en produisant autant en si peu de temps, me dira-t-on ? Eh bien ! Je vous réponds tout simplement que le but n’est pas là. Prenons notre temps. Bâtissons une économie naturelle où la paye est de se nourrir et de vivre. Créons-nous de petites communautés et soyons indépendants. Pensons à ces femmes d’Afrique qui édifient leur liberté et qui élèvent les murs de leur autonomie dans le respect de la nature et de l’autre.
Ceux qui pensent que les pays « pauvres » devraient être capables de s’en sortir s’ils le veulent et que nous devons les aider à faire comme nous se trompent. Oui, ils sont dans la misère, ils ont faim et ils souffrent, mais ils sont souvent moins dans l’erreur que nous. Malgré qu’ils soient les victimes de milliers d’années d’exploitations perfides et malsaines, ils ont mieux compris. Nous tentons de leur apprendre « comment faire », mais c’est eux qui savent faire. Prenons le temps de les écouter et de les comprendre et nous aurons là une partie du chemin de traverser. Les gens veulent tout simplement bien vivre, subvenir convenablement aux besoins de leur famille, s’éduquer, apprendre et croître dans un milieu sain et positif. Alors, il faut simplement que nous pensions à comment nous pouvons arriver à cela. Je vous donnerai ici deux exemples étayant mon point de vue et les raisons qui me poussent à me diriger vers la solution du commerce équitable, non pas parfaite, mais qui du moins donne une saveur particulière à l’économie dite « moderne ». Je vous parle ici de ce que vous pouvez faire, pour l’instant, dans le confort de votre vie. Faisons un mouvement, créons-le, ce marché tant attendu. Encourageons-le, ce commerce qui protège la terre, la biodiversité et l’homme. Alors, voici deux petites histoires portant sur l’économie du Burkina Faso que je vous raconterai. La première concerne la triste réalité de la compétitivité et la seconde, une alternative plutôt intéressante si elle se développe correctement et que d’autres s’ajoutent à celle-ci.
Il était une fois des producteurs de coton du Burkina Faso qui travaillaient corps et âme pour réussir à rivaliser avec les autres producteurs de partout sur la planète. Un jour, alors que le coton représentait 60 % des recettes d’exportations et 30 % du PIB de ce pays, le gouvernement américain décida d’investir à lui seul plus de 11 milliards de dollars de 1995 à 2002 et 4 milliards en 2005 pour des producteurs indépendants des États-Unis (ce qui équivaut ironiquement au PIB du Burkina) afin d’exercer un contrôle sur cette économie. À plus grande échelle, 350 milliards de subventions furent investies dans les pays occidentaux afin de pouvoir vendre le coton à plus bas prix et augmenter leur chance d’avoir un monopole et d’empêcher les autres pays de pouvoir rivaliser avec eux. Ces subventions malhonnêtes eurent bien sûr comme effet d’abaisser grandement le prix du coton et d’ainsi nuire énormément aux nombreux producteurs des pays de l’Afrique incapables d’obtenir du financement et de suivre ce rythme. Avec un tel budget, les plus grands producteurs des États-Unis, tels que la famille Boswell, prirent le contrôle du marché et s’approprièrent des terres et même des lacs appartenant aux citoyens de la Californie. Ils commencèrent leur monoculture néfaste pour l’environnement avec pesticides en détruisant des écosystèmes en entier.
Produire du coton biologique devient ainsi chose impensable, car la clientèle ne recherche pas la qualité ou le respect de l’environnement, mais le prix le moins cher. Pour un producteur, le prix du coton ordinaire est aujourd’hui de 0,34 $ par kilogramme et il faut donc une énorme quantité pour pouvoir obtenir un minimum d’argent. Pour produire un coton biologique et équitable, il doit obtenir au minimum 0,64 $ par kilogramme. Alors, comment peut-il penser à le faire de cette manière s’il n’arrive même pas à rivaliser au prix le plus bas ? Aujourd’hui, exploiter cette ressource devient presque impossible en Afrique, même si le climat et les terres sont parfaitement favorables, car, comme m’expliquait un producteur du Burkina en personne, son pays ne possède pas les installations nécessaires à la transformation et le produit brut ne coûte pratiquement rien, même si on doit mettre en moyenne 10 heures par jour pour son exploitation. Ces producteurs burkinabés sont donc victimes d’un système de favoritisme et d’exclusion. En plus d’avoir pleinement conscience des graves conséquences que cela peut engendrer pour les pays en difficulté, le gouvernement offrant ces subventions favorise une minorité et agit de façon douteuse envers son peuple.
Le commerce équitable veut rétablir l’équilibre en donnant au producteur, un montant raisonnable pour le travail qu’il réalise et en abolissant des intermédiaires souvent inutiles et qui bénéficient de la majorité des profits sans effort. Il tente donc de contrer et de corriger ce que d’autres ont volontairement voulu implanté. Il existe du coton équitable assez abordable et je vous incite fortement à l’utiliser. La coopérative Fibrethik ou les compagnies Oöm, NKI, Respecterre et Lilidom sont des exemples dans le combat de cette injustice. Vous pourrez voir au bas de cet article des liens utiles vous référant à ces compagnies respectueuses de l’homme et luttant pour la survie.
Pour ma deuxième histoire, je ne citerai pas ce qui s’est moins bien passé, mais plutôt ce qui a bien été développé. Il s’agit du projet d’exploitation du karité au Burkina Faso. Dans ce pays, plus 800 000 femmes (pour un total de 1 300 000 acteurs) essentiellement du monde rural vivent grâce à cela et font de cet exercice leur moyen d’assurer la sécurité de leur famille et de remplir leurs besoins personnels. La production du beurre de karité, souvent réalisé en totalité par ces femmes, est réalisée de façon biologique et équitable puisque l’arbre de karité occupe naturellement 70 % du territoire burkinabé et que pour l’exploitation du karité on ne fait que ramasser les fruits tombant graduellement au sol. De plus, on sait qu’au niveau environnemental, cet arbre est très bénéfique puisqu’il stabilise les sols, lutte contre la désertification et peut vivre et produire pendant plus de 200 ans. Pour sa grande valeur et sa signification sacrée, il est heureusement formellement interdit de le couper. Les femmes produisent le karité par un processus qui demande énormément de patience. Le fruit, la noix et finalement le beurre doivent être travaillés minutieusement. Au moment du barattage à la main du beurre, les femmes ou la communauté transforment parfois la tâche en un rituel où des chants et des danses agrémentent les mouvements répétitifs qui deviennent spirituels et magnifiques. Et il reste que ce sont ces projets, administrés par les femmes du pays qui leur donnent une plus grande liberté et qui leur font prendre conscience de leur importance et de leur pouvoir en tant qu’individu. Pour ce produit, on offre habituellement un montant raisonnable à ceux ou celles qui le produisent, car si cela n’est pas la seule source de revenus, il permet au moins aux femmes de vivre avec un peu plus d’assurance.
Mais il faut rester vigilant, car plusieurs produits implantés sur le marché ne sont pas du tout certifiés équitables et le risque est grand. Il faut s’assurer que le produit comprend le logo de certification équitable avant d’en faire l’achat. Je vous propose donc la compagnie Karité Delapointe pour ses objectifs honorables, mais plusieurs autres compagnies offrent un produit intéressant et abordable. Il ne tient qu’à vous de prendre le temps de savoir, de vous intéresser à ce que vous achetez, car cela a un réel impact et même un immense impact que l’on sous-estime trop souvent. À vous de choisir ceux que vous souhaitez encourager.
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