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Accueil du site > Actualités > Environnement > Une étude scientifique renforce les opposants aux incinérateurs

Une étude scientifique renforce les opposants aux incinérateurs

Une étude de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) publiée jeudi 30 novembre indique que l’exposition aux fumées d’incinérateurs d’ordures ménagères accroît le risque de développer un cancer. Une mauvaise nouvelle, qui arrive à point pour renforcer les opposants dans leur combat contre l’implantation d’incinérateurs.

C’est souvent leur cheval de bataille : la menace que font peser les incinérateurs d’ordures ménagères sur la santé publique. Présents aux quatre coins de l’hexagone, les projets d’incinérateurs laissent rarement les populations environnantes indifférentes. De Fos-sur-mer à Clermont-Ferrand en passant par Bergerac, les collectifs anti-incinérateur fleurissent en bordure de projets, généralement portés par des syndicats de traitement des ordures ménagères.

Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de traiter les déchets, leur mode de recyclage et les lieux d’implantation donnent lieu à d’âpres batailles. En gros, tout le monde est d’accord tant que ce n’est pas à proximité de chez soi. Pas plus courageuses, les collectivités locales ont la mauvaise habitude d’abandonner cette question à des syndicats intercommunaux, moyen commode de pouvoir, à l’occasion, dénoncer les choix de ceux-ci, quand bien même ils ont été votés par leurs propres représentants au sein de ces structures.

Ajoutez à cela des échéances électorales à court terme, et on atteint alors une panique digne du Titanic chez les édiles. A l’inverse, la naissance de ces collectifs est souvent l’occasion de tentatives de phagocytage par des oppositions locales en mal de notoriété. Entre les deux, dans l’inconfortable rôle d’otage, des populations locales déboussolées, écartelées entre des affirmations contraires et plus sûres de rien. Pourtant ces scénarios locaux à la Dallas risquent bien de connaître une certaine inflexion, avec la publication de l’étude de l’INVS.

Selon cette dernière, l’exposition aux panaches de fumées des incinérateurs accroît le risque de développer un cancer, risque que bien peu d’entre nous sont prêts à courir. Et pour cause. Le problème des incinérateurs, c’est qu’en brûlant des ordures diverses, notamment des matières plastiques et des métaux, ils dégagent de nombreuses substances toxiques (particules, métaux lourds, dioxines, furanes et hydrocarbures aromatiques polycycliques) qui peuvent être inhalées, ingérées ou peuvent contaminer le sol, puis les végétaux et les animaux. Or, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), 42 % des ordures ménagères sont incinérées. Les autres sont soit enfouies (40 %), soit recyclées ou valorisées (20 %). Alors, certes, l’étude porte sur la décennie 1990, mais quand même...

L’INVS, se refuse “au stade actuel à émettre des recommandations”, en se réfugiant derrière l’argument selon lequel “il n’y a pas de transposition possible à la situation actuelle” où les incinérateurs sont “moins polluants et mieux contrôlés”. Pourtant un temps de latence d’environ dix ans doit être retenu entre l’exposition et l’apparition des cancers. D’ici là, les moyens scientifiques d’appréhension des risques encourus auront évolué. Que révéleront-ils ? Un risque que ne souhaite pas prendre les écologistes du Centre national d’information indépendante sur les déchets (CNIID) qui ont immédiatement réclamé “un moratoire sur l’incinération en France et la suspension” de tout nouveau projet en cours.

Très médiatisée, la question occulte pourtant un risque beaucoup plus sérieux en termes de santé publique, celui de la présence avérée de très nombreuses molécules chimiques cancérigènes dans les logements, que l’on retrouve après dans le sang des occupants, et liée à l’utilisation domestique de produits de toutes sortes. La révolution verte de M. Hulot a de l’avenir.


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11 réactions à cet article    


  • (---.---.0.137) 1er décembre 2006 13:42

    • Josew (---.---.25.142) 1er décembre 2006 14:33

      Ces incinérateurs urbains sont un véritable poison comme cela a été démontré dans mon département.

      Il faut les voir cracher leurs fumées le plus souvent la nuit, quand la ville dort...

      Il serait temps que des mesures soient prises pour éviter de cramer n’importe quoi n’importe comment et pour mettre des filtres efficaces à ces tours de la mort.


      • Fabrice Fabrice Duplaquet 1er décembre 2006 18:33

        Je viens de lire l’étude et effectivement le taux de dioxine est augmenté mais uniquement chez les personnes consommant les produits animaux (oeufs, laits, viandes) et végétaux (potager). Donc, la dioxine contamine les sols, l’eau et les animaux qui eux mêmes contaminent l’Homme... Un nouveau cycle écologique en quelques sortes. On se prépare un futur dangereux smiley

        http://www.artac.info/static.php?op=AppelPremPage.txt&npds=1 http://www.wwf.be/detox/fr/solution/reach.htm http://www.ville-grasse.fr/biograsse/conference_du_professeur_belpomme.pdf

        http://fr.wikipedia.org/wiki/Pollution


        • T.B. T.B. 1er décembre 2006 21:06

          Le 2ème lien envoie sur REACH, projet européen, qui serait scientifiquement contestable et impliquerait la souffrance de plusieurs millions d’animaux testés en laboratoire pour mesurer la toxicité des produits chimiques

          http://www.experimentation-animale.org/themes_campagne/produits_chimiques/10_15_millions_sacrifie s.html


        • T.B. T.B. 1er décembre 2006 20:52

          Faire des déchets une ressource. Voir lien plus loin. Au lieu de cela on le brûle avec du pétrole qui se transforme en saloperie directement rejeté dans l’atmosphère !!!!

          http://www.cemagref.fr/Informations/Actualites/Actu/dechet/maq25ans_part3_v 4bdextrait.pdf

          Je n’ai toujours pas retrouvé un article sur AV qui indique clairement que les solutions propres existent et que, si on les proposait aux citoyens, toutes les communes en voudraient. Mais voilà : les lobbies pétroliers savent convaincre les élus (quand ils ne sont pas directement partis prenantes) pour vendre leurs sales carburants ... Il y a des mises en examen, procès retentissants et détention à vie qui se perdent.


          • T.B. T.B. 1er décembre 2006 22:05

            Ca y est, j’ai retrouvé le lien smiley

            Traitement et valorisation des déchets. Ne pas manquer l’animation, c’est tout l’intérêt et c’est très efficace pour la compréhension :

            http://www.travadec.fr/index.php?nfk=1348


          • Forest Ent Forest Ent 1er décembre 2006 22:10

            Le cas tristement célèbre d’Albertville avait rappellé que nombre d’incinérateurs ne sont pas aux normes, en particulier sur les dioxines. Il me semble me souvenir que la justice avait voulu étouffer l’affaire, mais que la procureur n’avait pas voulu abandonner le dossier. Où en est cette histoire ?


            • T.B. T.B. 1er décembre 2006 22:28

              Albertville : le dépaysement de l’enquête sur l’incinérateur soulève un tollé mercredi 13 avril 2005

              Pollution - Silence... dioxine

              Trois ans après le début des enquêtes visant à faire la lumière sur la pollution de toute une vallée de Savoie par l’usine d’incinération de Gilly-sur-Isère, le procureur d’Albertville vient de demander le « dépaysement du dossier » au profit de la juridiction de Marseille, ce qui reviendrait à dessaisir la juge actuellement chargée du dossier.

              Ce dessaisissement, que beaucoup de victimes assimilent à une tentative d’enterrement du dossier, intervient alors que l’instruction fait ressortir la responsabilité d’élus locaux et de hauts représentants de l’État qui, pendant des années, ont fermé les yeux sur les rejets toxiques de cette installation. La magistrate chargée de ce dossier a d’ailleurs prononcé cinq mises en examen, dont celle du maire UMP d’Albertville, de deux responsables de l’usine et d’un fonctionnaire de la Drire pour « risques causés à autrui ». Michel Barnier, Hervé Gaymard, un conseiller de Raffarin et deux anciens préfets de la Savoie, qui tous avaient laissé fonctionner l’incinérateur alors que la toxicité de ses fumées était prouvée, seraient également sur la sellette.

              L’usine d’incinération de Gilly-sur-Isère, appartenant au syndicat intercommunal du secteur d’Albertville et exploitée par une filiale du groupe Lyonnaise des Eaux-Suez, a été fermée le 24 octobre 2001, suite à la publication d’analyses révélant des taux de dioxine sur le bétail alentour très supérieurs aux normes admises. Jusqu’à sa fermeture, cette usine traitait 27500 tonnes d’ordures ménagères par an, mais la capacité de son incinérateur étant inférieure à 6 tonnes par heure, elle n’était pas tenue par la législation au contrôle du taux en dioxine de ses rejets. Bien qu’alertées par les habitants, les autorités de l’époque n’avaient pas jugé bon de faire procéder à des examens. Paul Girot de Langlade, préfet de Savoie à l’époque des faits et qui poursuit aujourd’hui sa carrière aux Antilles, s’en est justifié en déclarant qu’il avait « déjà assez de dossiers à (s’) occuper » et que « cela coûtait 4000 F par analyse » (de dioxine). Pourtant, dans un rayon de dix kilomètres autour de l’usine, 26 communes et 41000 habitants étaient concernés par ces fumées toxiques. 365 exploitations agricoles touchées, près de 7000 bêtes, 2 millions de litres de lait, 24 tonnes de produits laitiers (fromage, lait), 12 000 tonnes de foin coupé durent être détruits. La facture s’élève à 16,5 millions d’euros. Quant aux habitants de la région, ils enregistrent depuis une augmentation inquiétante du nombre de cancers.

              Aujourd’hui, le gouvernement voudrait imposer le dépaysement de cette affaire et le silence sur ce scandale, d’autant plus que plusieurs ministres ou proches du pouvoir sont impliqués. Dans ce scandale, comme dans beaucoup d’autres liés à des questions de pollution, on retrouve la complicité des élus, des représentants de l’État et des grands groupes industriels. Face au mépris de ces gens-là pour la santé publique, la population ne peut compter que sur elle-même pour imposer la fermeture des sites dangereux d’abord, obtenir réparation ensuite.

              (il suffit de cliquer sur « Alberville incinérateur » et on trouve ce lien) Merci Forest.


            • Forest Ent Forest Ent 2 décembre 2006 01:02

              Voui, c’était en avril 2005. Le ministre des affaires étrangères de l’époque, M Barnier était franchement en cause. La procureur (procuratrice ?) avait ensuite refusé le dépaysement. C’était courageux de sa part. Je me demande ce qu’il lui est arrivé ensuite, et ce qu’est devenue l’instruction.


            • Bernie73 bernie73 2 décembre 2006 03:38

              Je suis tout à fait d’accord avec le contenu de l’article et de ces commentaires juste un bemol Une des raisons de l’inertie des pouvoirs en places c’est également, le coût des solutions alternatives. Lorque l’on arrête une usine de traitement, il faut bien envoyer ces ordures quelque part et ce n’est pas gratuit. Donc incompétence, pas une prise en compte assez rapide de l’importance du problème (comme la canicule 2003 et bien d’autres), je suis d’accord mais le coté collusion des politiques et du monde des affaire, dans ce cas, je pense pas que ce soit la cause de cette incurie. (je suis peut être naif)


              • Toy (---.---.135.150) 2 décembre 2006 15:08

                Pour compléter Bernie, il faut aussi que les politiques aient le courage de dire que les solutions alternatives impliquent (pour l’instant)un surcoût, mais qui peut être amorti sur le long terme directement (diminution du coût de ces technologies avec leur plus grande diffusion) ou indirect (pollutions évitées, maladies évitées,...)

                Et dans le cas de Fos, le problème actuel est largement du à de la lacheté politique, car de cet incinérateur au niveau des projets avortés d’implantation, on en parle depuis 30 ans, il a quasiment fait le tour du département, et on sait depuis bientôt 20 ans faut faut fermer la décharge d’Entressen de toute urgence (! ?)°Et d’ailleurs, qui peut me dire pourquoi la Commission Nationale du Débat Public n’a pas pu se saisir de ce dossier ?

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Henry Moreigne

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