Accord du Brexit : victoire de Londres, Waterloo de l’UE
On allait voir ce que l’on allait voir… Bien des dirigeants de l’UE évoquaient des représailles au départ de Londres, entre facture exorbitante, limites à l’accès au marché européen ou menaces d’un chaos au 1er janvier. Las, le projet peur des eurobéats a encore échoué, et l’accord obtenu par Boris Johnson scelle la victoire de Londres, et une défaite lourde de conséquences pour l’UE.
Les opposants au Brexit tournés en ridicule
Jacques Sapir a pointé que sur la quarantaine de sujets définis par l’UE, 28 donnent satisfaction à Londres et seulement 11 à l’UE. L’issue de la négociation est très claire. D’ailleurs, le ton de Michel Barnier dans le Figaro du 28 décembre n’était pas celui d’un vainqueur, mais plutôt celui d’un vaincu qui s’abrite derrière des éléments de langage trop calibrés et creux pour être honnêtes… A contrario, Boris Johnson a emporté une très forte majorité à l’Assemblée, les travaillistes ayant fait le choix de soutenir l’accord obtenu. Et si Nigel Farage a dénoncé certaines concessions, notamment sur l’Irlande du Nord, il a préféré conclure que la guerre avait été gagnée plutôt que de dire qu’une absence d’accord aurait mieux valu que l’accord conclu par Boris Johnson dans la dernière ligne droite des négociations.
L’issue des négociations n’est pas vraiment une surprise. D’une part, la position de négociation était bien plus favorable à Londres que certains le disaient du fait des déficits commerciaux du pays avec l’UE : la fin du libre-échange aurait été bien plus préjudiciable aux 27 qu’aux britanniques. Et d’autre part, Boris Johnson a abordé les négociations en étant prêt à ne pas signer, contrairement à Theresa May, dont le « better no deal than a bad deal » n’était que de façade. Pour couronner le tout, l’Allemagne était à la manœuvre, à la présidence de l’UE et de la commission, alors même qu’il s’agit du pays qui a l’excédent le plus important ! On peut gager que la crise sanitaire, qui frappe économiquement l’UE plus durement que le reste du monde ne poussait pas non plus à des attitudes trop jusqu’au-boutistes.
Sur le fond et dans le détail, c’est bien une large victoire pour Londres et un Waterloo pour l’UE. La facture un temps réclamée à Londres par les eurocrates et certains dirigeants de l’UE a purement et simplement disparu. En revanche, la France voit sa contribution sensiblement augmenter, tout de suite. Si la finance ne fait pas partie de l’accord, l’UE avait déjà accordé un sursis à Londres sur des sujets cruciaux, ce qui permet au pays de garder son leadership sur le sujet. De manière plus fondamentale, un accord de libre-échange, sans taxe et sans quota a été conclu, permettant une poursuite facilitée des échanges : en clair, la Grande-Bretagne garde son accès au marché unique européen et inversement. Les craintes de pénurie n’étaient bien que des fantasmes guère crédibles dans ces circonstances.
Londres met également fin à la libre-circulation des personnes, avec un système à points qui lui permettra de passer à une immigration choisie. Le Royaume-Uni met fin à sa participation à Erasmus, qui permettait aux jeunes de l’UE de payer bien moins cher que les autres étudiants étrangers, un choix logique pour Londres. Un accord a été trouvé sur la pêche, qui réduit de 25 à 27,5% sur 5 ans les prises des navires de l’UE. Aucune coopération n’est mise en place pour les relations extérieures. Un dispositif habile est mis en place en matière réglementaire : Londres n’a pas à suivre les règles de l’UE, et ce n’est que si des divergences trop fortes apparaissaient que l’UE pourrait imposer des rétorsions, comme le pointe Nigel Farage. Mais le déficit commercial britannique modèrera l’UE…
Pour couronner le tout, comme le pointe Les Echos, Londres est parvenu à répliquer la quasi totalité des accords commerciaux européens. Bref, au final, même si les négociations ont été longues et douloureuses, la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE se passe finalement de manière très ordonnée et apaisée et tout laisse à penser que l’impact sur l’économie outre-Manche devrait être très modéré, pour ne pas dire nul. Les prévisions délirantes des opposants aux Brexit ne se sont pas réalisées et ses partisans, comme moi, n’ont en général pas à rougir de tout ce que nous avons pu dire et écrire depuis quatre ans et demi. Ce faisant, les partisans de l’UE perdent sur tous les tableaux : la sortie de l’UE va être dédramatisée, et leur discours encore plus démonétisé, tant leurs outrances sont infirmées. Pire, comme le pointe Front Populaire, l’UE a montré qu’elle n’était pas si forte face au Royaume-Uni…
Et face aux délires des eurobéats, c’est Boris Johnson qui en sort grandi. Non seulement il a pleinement respecté le vote de 2016 des britanniques, se posant en défenseur de la démocratie face un continent trop souvent peu respectueux du vote populaire. Mais en outre, il est parvenu à négocier un bon accord qui rétablit la souveraineté britannique, tout en préservant son accès au marché de l’UE. Ce faisant, c’est tout le projet de l’UE qui est affaibli, qui ne génère ni prospérité, ni puissance.
23 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON