Allemagne : premières leçons du scrutin
En
politique, il n’existe jamais de solution idéale....Pour l’Allemagne, les
résultats des législatives anticipées sont peut-être les pires. Ce
grand pays en crise de croissance a besoin de lignes politiques
claires, d’impulsions claires, de lignes stratégiques
claires...L’Allemagne vit une crise qui est révélatrice de grandes
mutations que tous les pays européens connaissent. Le pessimisme
ambiant ne se justifie qu’en partie.
1) Economiquement, le chômage (scandaleux), l’endettement public (vertigineux) et la croissance (bien faible, avec 1%) ne doivent pas faire oublier le potentiel de créativité, de dynamisme, de productivité du pays...
2) Le Mur reste dans les têtes, mais cela va passer. Mieux, la nouvelle « République de Berlin » a dans des domaines porteurs d’avenir des potentialités fantastiques . Artistes, historiens, philosophes font déjà et vont faire encore parler d’eux... Une « renaissance » à l’allemande ? C’est en route...L’Europe ne peut qu’y gagner.
3) Ecartelée entre les mirages de l’Europe anglo-saxone et les mythes d’une Mitteleuropa mal (re)définie, entre nostalgies vaines et utopies stupides, une Allemagne « équilibrée » entre gauche et droite, entre CDU et SPD, peut constituer un pivot stimulant pour une Europe en quête de dynamisme et d’équilibre .
Dans une perspective européenne, l’équilibre allemand ainsi défini électoralement n’est pas une mauvaise donne, si la diplomatie française, les partis français, et les associations de la société civile savent jouer avec intelligence, doigté, et réalisme. Plus que jamais, le devenir européen se joue sur le Rhin, donc par une coopération franco-allemande revivifiée. Sans arrogance par rapport « aux autres », petits et grands. Mais avec une force , une puissance et une constance, à tous les niveaux.
Trois priorités :
1) Le moteur franco-allemand
doit mettre le turbo dans une Union européenne en crise et en panne
d’idées, de projets et de dynamisme. Et l’Europe ne se réduit pas à
l’UNION...
2) Le « triangle de Weimar »
(France, Allemagne, Pologne) doit trouver une consistance plus visible
et plus lisible sur un plan géopolitique et géophilosophique. Face à la
RUSSIE, comme face aux USA et aux puissances "montantes" (Chine en tête)
3) Le tandem franco-allemand doit recouvrer la tenue et la teneur, la force et la constance qu’il avait à l’époque Mitterrand-Kohl-Delors. L’architecture de l’Europe de demain , qui ne doit pas se confondre avec le futur de la seule UNION européenne, passe par des accords Paris-Berlin, avec relais à Strasbourg. C’est vrai pour les 25 (avec ou sans noyau dur). C’est vrai aussi pour l’organisation paneuropéenne de notre continent. C’est vrai encore pour l’ « Eurosphère », cette partie du monde qui vit en se nourrissant d’un « rêve européen » susceptible de créer un « ordre international » digne de ce nom.
Qu’on soit de Hanovre, comme Schröder, ou de Prusse, comme Mme Merckel, qu’on soit pour un libéralisme de dérégulation, ou pour un social-libéralisme, ou pour une adaptation d’un social-humanisme, une chose s’impose :la (re)définition d’un modèle sociétal européen. Cela passe forcément par des réflexions rhénanes, donc par l’Europe DE Strasbourg. L’Europe des valeurs qui ont du sens, et d’une citoyenneté active. L’Europe capable de trouver en elle-même la force de surmonter la crise de doute, de désenchantement, de néo-nihilisme, de pessimisme, de « déclinisme » que nous connaissons.
Sortons de ce désarroi qui nous caractérise trop. Husserl nous avait prévenu, dès 1933, ce qui nous menace le plus, c’est la lassitude. « Debout, EUROPE ! », exhortait Churchill en 1946. Renouons avec 46 pour ne pas retomber en 33.... L’Histoire a trop bégayé. Faisons en sorte que le futur ait un avenir. Cela se jouera sur le RHIN...
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