Aquarius : 630 vies humaines et les sales eaux
« La vie, c’est de l’eau. Si vous mollissez le creux de la main, vous la gardez. Si vous serrez les poings, vous la perdez. » (Jean Giono, 1943).
Les 274 premiers réfugiés des 630 sauvés par l’Aquarius sont arrivés dans le port de Valence, en Espagne, ce dimanche 17 juin 2018 dans la matinée à bord du "Dattilo", bateau italien venu "alléger" l’Aquarius avec un autre bateau, "Orione". Les deux autres navires ont suivi dans la journée. Aucune victime n’est à déplorer pour cette traversée qui n’a pourtant pas donné beaucoup de raisons d’être fier d’être Européen.
À force de tergiverser pendant plus d’une semaine (le sauvetage a commencé le 9 juin 2018), ce sont d’autres personnes qui sont en danger dans les eaux de la Méditerranée et qui ne peuvent pas être secourues par l’Aquarius…
L’odyssée de l’Aquarius est malheureusement l’illustration que le monde et en particulier l’Europe va mal en ce moment. Instrumentalisée dans un sens ou dans un autre, elle révèle ce qui n’est pourtant pas nouveau mais que les gouvernements préfèrent oublier.
Reprenons rapidement les faits, et commentons-les.
1. Le contexte général du crime organisé
Depuis longtemps, des criminels se font passer pour des passeurs et proposent à prix d’or la traversée de la Méditerranée à des candidats à l’immigration en Europe. Dans l’esprit de ces migrants, l’Europe est un eldorado, et même si c’est évidemment faux, ils ne le savent pas et de toute façon, la terre européenne est toujours moins difficile que leur pays d’origine. Cela pour rappeler que quelles que soient les mesures prises par les nations européennes, l’Europe restera toujours une terre enviée tant que l’Afrique et le Moyen-Orient auront un niveau de vie très inférieur à celui de l’Europe.
Ces passeurs sont des criminels car ils sont payés au début de la traversée. Donc, si leurs "clients" n’arrivent pas à bon port, ils s’en moquent, enfin, ceux qui n’ont aucune conscience humaine, bien entendu. Donc, pas la peine d’investir dans des navires coûteux et qu’importent si leurs bateaux coulent, ils sont déjà largement rentabilisés. Certains ont même coulé exprès leur navire pour pouvoir le récupérer plus facilement (notamment le 15 septembre 2014, selon les rares rescapés d’un naufrage majeur). On retrouve le même type de crime organisé lors des transports, sur terre, en Europe, de dizaines de migrants dans des camions, qu’importe s’ils meurent dans les remorques sans ventilation, les coûts des camions sont déjà largement amortis.
2. L’injuste règle européenne
L’Accord de Schengen (signé le 14 juin 1985) complété par trois séries d’accords de Dublin (signées respectivement le 15 juin 1990, le 18 février 2003 et le 26 juin 2013) ont donné un cadre d’accueil des réfugiés pour les pays membres de l’Union Européenne : chaque migrant doit être enregistré dans le premier pays franchi, et lorsque ce dernier va dans un autre pays européen et qu’il n’a pas le droit d’y séjourner, il est renvoyé dans le premier pays.
On voit tout de suite la difficulté pour les pays méditerranéens et en particulier les trois principaux : Grèce, proche de la Turquie et route des réfugiés syriens, l’Italie, proche de la Libye et route des réfugiés africains, et également l’Espagne, très proche du Maroc (avec un "comptoir" limitrophe). C’est devenu impossible, pour ces pays, de "gérer" la forte arrivée des réfugiés à partir de 2014.
3. Les naufrages et la réaction européenne
On comprend que le sujet est essentiel, mais mélange plusieurs considérations : l’humanitaire (sauver les vies), la lutte contre le crime organisé (face aux passeurs criminels), le politique (faire accepter aux peuples européens une forte arrivée de réfugiés), et la construction européenne qui s’en trouve ébranlée. L’Accord de Schengen est parti d’une volonté de libre circulation des personnes et des biens à l’intérieur des pays signataires, mais l’absence de contrôle aux frontières nationales signifie un contrôle global des frontières extérieures à l’Espace de Schengen. Or, la plupart de ces frontières sont côtières et donc difficilement contrôlables.
La forte immigration vers la Grèce a pu trouver une solution grâce à un accord avec la Turquie. Mais il est impossible à l’Europe de conclure un accord avec la Libye car la Libye n’est pas (plus ?) un État. Le problème est européen, mais la plupart des pays européens, sauf l’Allemagne, ont manqué de solidarité vis-à-vis des pays méditerranéens.
Après les premiers naufrages qui ont ému les peuples européens, en particulier ceux du 3 octobre 2013 et du 11 octobre 2013 au large de Lampedusa, qui ont coûté la vie à 634 réfugiés, l’Italie, dirigée par Enrico Letta, Président du Conseil italien, a mis en place l’Opération Mare Nostrum du 15 octobre 2013 au 1er novembre 2014, visant à observer les eaux territoriales italiennes et à secourir les éventuels bateaux en perdition. Cela a permis de sauver plus d’une centaine de milliers de vies. Il était même question d’attribuer le Prix Nobel de la Paix à la marine italienne tant son travail fut efficace. Malheureusement, pas durable.
Financée principalement par l’Italie, l’Opération Mare Nostrum fut remplacée par l’Opération Triton prise en charge par l’agence européenne Frontex à partir du 1er novembre 2014, mais cette dernière opération est beaucoup moins ambitieuse et ne s’est pas donné les moyens pour assurer le sauvetage en haute mer.
4. La création de SOS Méditerranée
D’autres naufrages importants ont eu lieu par la suite, comme celui du 15 septembre 2014 au large de Malte (environ 500 morts), celui du 12 avril 2015 dans le détroit de Sicile (plus de 400 morts) et celui du 19 avril 2015 (environ 800 morts, le plus grave depuis l’an 2000), alors que les garde-côtes italiens ont sauvé environ 10 000 personnes entre le 10 et le 14 avril 2015. Le naufrage du 20 avril 2016 a fait environ 500 morts. L’Union Européenne est fustigée pour son inaction et la fin de l’Opération Mare Nostrum (on lui a reproché de ne faire que des missions d’observation au lieu d’avoir des missions de sauvetage en haute mer).
Ce fut la raison de la création de l’association humanitaire SOS Méditerranée le 9 mai 2015 (dans quatre pays européens : l’Italie, la France, l’Allemagne et la Suisse). Elle a pour but de faire du sauvetage de réfugiés en pleine mer, en coordination avec l’association Médecins sans frontières. Elle a acquis un "bateau citoyen" appelé Aquarius, qui a commencé ses missions en février 2016 et qui a la capacité de secourir entre 200 et 500 réfugiés. L’association humanitaire est financée principalement par des dons.
5. L’événement déclencheur et les réactions des États
Dans la nuit du 9 au 10 juin 2018, l’Aquarius a fait un sauvetage en mer et a secouru 630 réfugiés (629) que l’association humanitaire a donc fait monter à bord, largement au-dessus de ses capacités. Le navire a donc demandé en urgence d’accoster sur les côtes italiennes, les plus proches. Car il n’y a pas que le problème de la surcharge, le bateau se trouvait également dans une mer agitée pour des raisons météorologiques.
La réaction du gouvernement italien ne s’est pas fait attendre et a été un moyen, pour le Ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, de montrer sa politique : plus question d’accepter de nouveaux immigrés, donc, refus catégorique de l’Italie d’autoriser l’arrivée de l’Aquarius dans un port italien.
Pour Matteo Salvini, c’était justement un bon exemple à instrumentaliser. Malgré l’investiture du nouveau gouvernement, Matteo Salvini se croit toujours en campagne électorale et n’attend qu’une chose, les prochaines élections pour prendre la tête du gouvernement. En instrumentalisant cet événement, il en a fait un enjeu politique alors qu’il est d’abord un problème humanitaire et même juridique (le droit maritime impose d’accueillir pour sauver).
L’Italie n’est pas la seule en cause. Le gouvernement de Malte, île très proche, a également refusé l’accueil. Au bout de plus d’un jour, alors que l’Aquarius tournait en rond sans beaucoup de réserves, le nouveau gouvernement espagnol de Pancho Sanchez (ultraminoritaire) a proposé le 11 juin 2018 d’accueillir l’Aquarius au port de Valence, au sud de la Catalogne. Pour Pancho Sanchez, cette décision est aussi une mesure fondatrice, qui prouve la volonté de solidarité européenne de l’Espagne. Le trajet serait long, probablement trois jours, ce qui le rendrait dangereux. L’Italie a proposé d’aider l’Aquirius à rejoindre Valence avec deux bateaux supplémentaires. À cause de la situation météorologique, l’Aquarius a dû se déporter vers la Sardaigne.
Évidemment, la Sardaigne n’est pas très loin de la Corse, en tout cas, la Corse est beaucoup plus près que l’Espagne de ce bateau, et donc, la question de la réaction de la France s’est posée. Elle a été en dessous de tout devoir moral. La première réaction de la France, ce fut son silence pendant deux jours. Pourtant, il ne s’agissait pas de donner une carte de séjour à tous ces réfugiés, il s’agissait de sauver leur vie. D’éviter une hécatombe.
Ensuite, ce fut une leçon de morale assez odieuse à l’Italie (qui supporte pourtant la plus grande vague de migration depuis plusieurs années, sans beaucoup de solidarité européenne). Emmanuel Macron a parlé de cynisme et d’irresponsabilité à l’égard de Matteo Salvini. Pour lui, la bataille contre l’extrême droite s’est déplacée sur le champ européen. Pendant plusieurs jours, les relations entre la France et l’Italie ont été conflictuelles par déclarations interposées. La page a été heureusement tournée lors de la venue du Président du Conseil italien Giuseppe Conte à l’Élysée le vendredi 15 juin 2018.
Face aux députés étonnés, y compris ceux de la majorité LREM, le Premier Ministre Édouard Philippe a déclaré que la France, naturellement, participerait à l’accueil de ces réfugiés de l’Aquarius, mais en étudiant leur situation seulement une fois arrivés en Espagne.
Pourtant, le devoir humanitaire, c’est que le port le plus proche de l’endroit où se trouve le navire accepte de l’accueillir pour éviter tout risque de naufrage. La France aurait pu les accueillir en Corse, d’autant plus que les nationalistes corses, en charge de la gestion de l’île (mais pas dans le domaine migratoire), avaient eux-même proposé de les accueillir.
Dans son argumentaire, Matteo Salvini a fustigé également le "business" des associations humanitaires qui se placent sur les côtes libyennes pour secourir les réfugiés, ce qui encourage les passeurs criminels à ne pas s’occuper de la vétusté de leurs navires et donne une sorte de garantie de passage aux candidats à l’immigration. Il n’a pas tort.
6. L’immigration, l’immigration
En France, le thème de l’immigration est utilisé dans la vie politique depuis les élections législatives de 1978, par Jean-Marie Le Pen. Mais d’autres ont eu cette intuition que l’immigration risquait de ne plus être acceptée par les Français, en particulier le Président Valéry Giscard d’Estaing qui voulait faire une loi pour stopper l’immigration (il a retiré son projet après la réaction de Simone Veil prête à démissionner sur le champ, lire le témoignage de Lionel Stoléru).
Bien sûr que l’immigration peut inquiéter et angoisser, surtout quand les nouveaux arrivants ont des identités fortes, et que ceux qui les accueillent, pour beaucoup de raisons extérieures, ont des identités faibles en ce sens que beaucoup sont en perte de repère, d’identité. Surtout aussi lorsqu’il y a un effet de masse.
Mais les "immigrés" ne sont pas la cause de la crise économique structurelle que connaît la France depuis quarante ans. Ils ne sont pas la cause du chômage et n’empêchent même pas la baisse du chômage quand la conjoncture économique internationale s’améliore (voir la fin des années 1990). Ils ne sont pas la cause des déficits récurrents que les gouvernements successifs ont faits par clientélisme, en reportant le financement de leurs mesures dépensières sur les générations plus jeunes.
Ils ne sont pas seuls responsables non plus de l’insécurité (il suffit de voir qui, aujourd’hui, est considéré comme un tueur en série). Ils ne sont pas, non plus, responsables des attentats islamistes (pour la plupart, leurs auteurs sont des citoyens français). Les immigrés ne sont pas des terroristes. Cela n’empêche pas l’arrivée, par les mêmes moyens que les réfugiés récents, de quelques terroristes, mais c’est très rare et ils sont souvent (pas toujours) repérés par les services de police.
C’est même faux de dire que les immigrés coûtent cher aux Français. Au contraire, une étude universitaire a démontré que les étrangers donnaient plus qu’ils ne recevaient, qu’ils payaient plus d’impôts sur le revenu, de TVA, de cotisations sociales, etc. qu’ils ne gagnaient d’allocations familiales et d’autres aides sociales comme la couverture maladie universelle. Un mot sur cette couverture : elle n’existe que par besoin de faire du contrôle de gestion sur les dépenses publiques. Avant sa création, les étrangers pouvaient être soignés tout aussi gratuitement, mais ce n’était pas comptabilisé spécifiquement.
7. Ces 630 réfugiés de l’Aquarius
Ces 630 réfugiés de l’Aquarius, ils ne doivent pas être pris pour des immigrés. Ni pour un instrument politique, dans un sens ou dans un autre (fermeté ou moraline). Ils sont, avant tout, "seulement" des êtres humains, des personnes qui doivent pouvoir vivre et qui doivent donc être secourues le cas échéant. Toute autre considération, aussi valable soit-elle, est à rejeter quand il y a urgence à sauver des vies humaines. C’est pourquoi la France n’est pas plus glorieuse que l’Italie ou Malte dans sa réaction.
Ces 630 réfugiés ne sont pas non plus une "cargaison" qu’on peut abandonner n’importe où. Ce sont des vies.
Or, il est assez inquiétant de lire parfois les réactions de certains internautes dans les sites Internet qui peuvent leur donner la parole. On sait qu’il y a une forte opposition à tout ce qu’il y a d’immigration mais elle peut parfois aveugler les fondamentaux.
Par exemple, on a peur d’une perte d’identité des peuples qui accueillent, qui seraient submergés culturellement par les nouveaux arrivants à la culture solidement ancrée. Oui. Pourquoi a-t-on peur ? Parce qu’on considère que cette culture est différente. Et notamment sur le regard que la société porte à la femme, et même sur la valeur de la vie humaine. Nous y voilà : on voudrait refuser l’immigration pour défendre des racines qu’on qualifierait de judéo-chrétiennes dont le premier principe est de considérer justement que toute vie humaine est précieuse et à protéger. Même celle des immigrés. Grande contradiction ! Le pape François est le premier à vouloir aider les réfugiés. On ne peut pas prétendre parler au nom des valeurs chrétiennes lorsqu’on veut rejeter les immigrés : c’est le contraire de l’Évangile !
Mais certains vont encore plus loin dans leur expression ou leur colère, et n’hésitent pas à prétendre vouloir éliminer purement et simplement le bateau gênant sans se rendre compte que cela signifierait tuer les 630 personnes qui ont été secourues par l’Aquarius. Dont des femmes, parfois enceintes, des enfants, des bébés. Que ceux-ci ne s’aventurent pas à fustiger les assassins d’enfants. Ils ne valent pas mieux qu’eux !
8. Bernard Tapie face au FN
Cela me fait penser à une déclaration provocatrice de Bernard Tapie, qui, à l’époque, était député de Marseille et était alors leader des listes socialistes pour les élections régionales de mars 1992 en Provance-Alpes-Côte d’Azur ("Énergie Sud"). Des listes "désocialistisées", avec lui comme tête de liste dans les Bouches-du-Rhône, Léon Schwartzenberg dans les Alpes-Maritimes et Alain Bombard dans le Var (ce dernier a finalement abandonné). En face de lui, il y avait Jean-Claude Gaudin, président du conseil régional sortant (qui fut réélu), et Jean-Marie Le Pen.
N’ayant pas peur de l’affrontement direct (et physique !), Bernard Tapie a décidé de se rendre dans un meeting organisé par le FN à Orange, le 28 janvier 1992. Cela ne manquait pas d’audace ni de courage. Lorsqu’il est entré, il a essuyé beaucoup de sifflets, évidemment, car il ne passait pas inaperçu et c’était d’ailleurs le but, ne pas passer inaperçu. À la tribune, on lui proposa de venir parler au micro. Alors, sous les huées, Bernard Tapie s’empara du micro et parla tellement "bien" qu’il fut applaudi !
Pourquoi applaudi par la salle ? Parce qu’il leur a dit des choses que la salle voulait entendre, rejeter les immigrés : « On prend tous les immigrés, hommes, femmes, enfants. On les met sur des bateaux, et on les envoie très loin d’ici. ». La salle l’a alors acclamé. Il poursuivit : « Et quand ils sont assez loin, pour être sûr qu’ils ne reviennent pas, on coule les bateaux ! ». Et là, ce fut le délire. La salle exulta.
Bernard Tapie a alors esquissé un sourire. Il avait réussi sa démonstration. Il rembraya : « Je ne me suis pas trompé sur vous. J’ai parlé d’un massacre, d’un génocide, de tuer hommes, femmes et enfants. Et vous avez applaudi. Demain, au moment de vous raser ou de vous maquiller, lorsque vous vous verrez dans la glace, gerbez-vous dessus ! ». Il est reparti de la salle très rapidement… sous les huées, évidemment. Chapeau l’artiste !
L’anecdote a été racontée par André Bercoff. À ma connaissance, il n’y a pas eu d’enregistrement sonore de ce meeting, et donc, il faut bien sûr croire ce dernier.
J’ai peur qu’aujourd’hui, ceux qui prônent ce genre de solution radicale, sans peut-être se rendre compte du sens réel de leur pensée, ne sont pas seulement parmi les militants d’un parti d’extrême droite, mais plus largement répandus dans le spectre du paysage politique.
Le soir même (28 janvier 1992), en meeting à Marseille, Bernard Tapie n’a pas hésité, preuve à l’appui, à dire que les électeurs de Le Pen était des "s@lauds", rompant une habitude bien française qui veut que les électeurs d’un parti extrémiste étant à reconquérir ne doivent surtout pas être fustigés : « Arrêtons de trouver sans cesse des excuses aux électeurs du FN. Arrêtons de dire que Le Pen est un s@laud mais que ses électeurs doivent être compris, qu’ils ont des problèmes difficiles. Si l’on juge que Le Pen est un s@laud, alors ceux qui votent pour lui sont aussi des s@lauds ! ». Jean-Marie Le Pen a alors déposé plainte pour ces propos injurieux..
9. Boat people
Le problème des "boat people" n’existe pas depuis le 9 juin 2018. Il existe depuis au moins les années 1970 pour fuir la dictature cambodgienne. Une réponse de politique intérieure à cet enjeu international majeur n’est pas du tout à la hauteur. Il n’y a pas à tergiverser dans l’urgence, il y a à sauver les vies humaines, à les secourir, à ne pas laisser échapper la moindre chance de les sauver.
Cela n’empêche pas les réponses politiques ultérieures. Les réponses humanitaires doivent être rapides et spontanées, les réponses politiques plus réfléchies et collectives, et comme l’a répété Emmanuel Macron avec raison le 12 juin 2018, elles doivent être focalisées sur les racines du mal. De deux manières : aider au développement des pays d’origine, mais c’est du long terme qui ne résoudra rien avant plusieurs décennies ; faire la chasse aux passeurs criminels.
En revanche, laisser croire que les pays européens sauront décourager les candidats à l’immigration en prenant des décisions qui les décourageraient, au point même de laisser des réfugiés mourir en mer, c’est une véritable illusion : ceux qui traversent aujourd’hui la Méditerranée savent déjà qu’ils risquent gravement leur vie, mais cela ne les empêchera jamais de vouloir la traverser, surtout s’ils risquent déjà leur vie dans leur pays d’origine.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (17 juin 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Le radeau Aquarius.
Aymen Latrous.
L’affaire Leonarda.
Mamoudou Gassama.
Arnaud Beltrame.
Donner sa vie.
L’esprit républicain.
Ce qu’est le patriotisme.
Les réfugiés.
Une politique d’immigration ratée.
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