Aux peuples d’en décider
« L’organisation sociale et politique des différents pays a subi par le passé des modifications et ce processus peut continuer. Toutefois, c’est aux peuples d’en décider et de faire leur choix. Toute ingérence dans les affaires intérieures, toute tentative de limiter la souveraineté des États qu’il s’agisse des amis et alliés ou de n’importe quel autre État, sont inadmissibles. » Mikhaïl Gorbatchev, le 6 juillet 1989
Ce sont ces quelques mots, prononcés le 6 juillet 1989, qui firent tomber le Mur et s’écrouler l’Empire soviétique. Vingt ans après, nous commémorons l’évènement à grand renfort de sons et lumières et d’explications débilitantes, selon lesquelles l’Histoire se feraient au hasard des gardes-frontières qui décideraient de lever les barrières, simplement parce que leurs supérieurs auraient oubliés de leurs donner des ordres contraires.
Au moment où l’on s’apprête à refermer la chape de plomb du « traité de Lisbonne » sur les peuples européens, soigneusement tenus à l’écart de la construction du nouvel Empire, il est très logique que le pouvoir et ses médias rabaissent l’Histoire au niveau d’un conte pour enfants et occultent soigneusement qu’il suffit, vingt ans plus tôt, que la puissance dominante exprime les principes intangibles de respect du choix des peuples et de souveraineté des États pour que la dictature précédente s’effondre.
Mur = dictature
Voilà le message central de la propagande véhiculée par la commémoration de la chute du Mur. Lutter contre la dictature reviendrait à abattre tous les murs. Ainsi, quand Nicolas Sarkozy déclare devant la porte de Brandebourg : "Si je suis heureux d’être ici, c’est que la chute du Mur de Berlin sonne aujourd’hui comme un appel, un appel à nous tous à combattre les oppressions, à abattre les murs qui, à travers le monde, divisent encore des villes, des territoires, des peuples", il se garde bien de préciser de quelles villes, de quels territoires et de quels peuples il parle. (Le secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche précise, lui, qu’il reste un mur à abattre en Europe, à Chypre, entre la zone grecque et la zone turque. Voilà un magnifique argument pour faire accepter aux Français l’entrée de la Turquie dans l’UE.)
S’agit-il :
– Des barbelés à l’Est de l’Union européenne ?
– Des patrouilles européennes qui arrêtent les Africains sur la mer méditerranée ?
– Du mur construit le long du Rio Grande ?
– Du mur édifié par Israël pour enfermer les Palestiniens ?
Non il parle d’un mur non défini, d’un concept abstrait qui sous-tend l’idée que tout ce qui sépare est forcément mauvais. Il s’agit de proscrire « l’idée de mur » comme moyen d’organiser les coexistences de groupes humains avec la possibilité de les séparer par des murs, murs qui protègent souvent les plus riches, mais aussi les plus faibles ou les moins belliqueux.
Le Nouvel ordre Mondial s’accommode de certains murs dont on devrait oublier l’existence mais, en même temps, il combat cette idée générique de mur, justement parce qu’il est « Mondial ». Interdiction de se séparer, donc de se regrouper ou de se protéger. L’individu seul doit faire face au pouvoir mondial, et ce ne serait pas aux peuples d’en décider, si on se réfère à sa déclaration aux ambassadeurs du 16 janvier 2009 : "nous irons ensemble vers le nouvel ordre mondial, et personne, je dis bien personne ne pourra l’empêcher".
Conclusion :
L’empire occidental est dans le même état de décrépitude morale et intellectuelle qu’était le bloc de l’Est en 1989, quelques mois avant la chute du Mur, quand tout le monde pensait que ça durerait encore des décennies. Les opérations de propagandes délirantes à l’occasion de l’anniversaire de la fin de l’empire précédent sont révélatrices de sa faiblesse et de l’inquiétude grandissante des dirigeants.
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