BCE : Mario Draghi sera-t-il pire que Jean-Claude Trichet ?
A priori, cela semblait totalement impossible. Le dogmatisme obtus de l’ancien président de la Banque de France et actuel de la BCE a envoyé des millions d’européens au chômage. Malheureusement, il semblerait que son successeur soit de la même veine…
Une situation intenable
Il devient chaque jour plus évident que la monnaie unique est condamnée. Il n’y a aucune issue à la situation actuelle. La politique qui consiste à associer austérité et aide financière, si elle permet de sauver les intérêts des banques, est une catastrophe pour les pays (Grèce, Irlande, Portugal). En effet, elle revient à entrainer une immense régression sociale (chômage, baisse du pouvoir d’achat, coupe dans les programmes sociaux), sans rien résoudre à moyen terme.
En effet, il faudrait attendre que la demande intérieure et les salaires baissent d’au moins 30% pour pouvoir réenclencher une certaine dynamique économique mais il n’est pas sûr qu’après une telle purge, les économies puissent se relancer. En outre, le poids de la dette aurait tellement augmenté qu’il faudrait les restructurer sévèrement. Bref, les plans actuels sont sans issue, ne règlent pas le problème de surendettement et inflige des politiques monstrueuses aux peuples.
La seule solution durable est une sortie de la monnaie unique accompagnée d’une dévaluation et d’une restructuration, comme l’Argentine en 2002. Et ce n’est pas sans une certaine satisfaction que j’ai constaté que la commissaire européenne grecque a osé envisager une telle issue. Certes, il s’agit peut-être d’une posture de négociation, mais cela montre au moins que le tabou est levé. Il est surprenant et dommage que cette bombe ne soit pas davantage médiatisée.
Le déni de réalité du futur président de la BCE
En lisant ces déclarations, on peut décerner à Mario Draghi, candidat à la succession de Jean-Claude Trichet le trophée « Hiérarque soviétique d’or » tant ses déclarations sont à contretemps du climat réel. Selon lui, « le succès de l’union monétaire a dépassé nos attentes les plus optimistes ». On n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si les attentes les plus pessimistes avaient été réalisées ! Quand on songe aux promesses et aux balivernes de la campagne de 1992…
L’actuel gouverneur de la banque d’Italie, qui intervenait devant un parterre d’entrepreneurs allemands proches de la CDU a tenu un discours d’une orthodoxie stricte, appelant les pays à faire « des réformes structurelles », qui « ne peuvent pas être retardées avec une politique budgétaire et monétaire expansive ». Pour lui, « l’Allemagne a montré le chemin », ignorant que tout le monde ne peut pas simultanément réaliser un excédent de 4% de son PIB sur le reste de l’Europe…
Il a promis une politique dans la lignée de celle de Jean-Claude Trichet, soulignant que « fournir des liquidités toujours et partout (…) créerait une incitation au laxisme et saperait l’autorité de la banque centrale ». Bref, les allemands n’ont pas besoin d’avoir un des leurs à la tête de la BCE pour s’assurer que la délétère politique d’euro cher est maintenue. Rien de tel qu’un latin qui doit donner des gages : à côté, un germain donnerait l’impression d’être souple…
Le choix de Mario Draghi, ancien de Goldman Sachs (…) démontre une nouvelle fois toute la folie de cette BCE indépendante. Heureusement, c’est lui qui devrait présider à la disparition de son institution tant les politiques menées sont une impasse et vu la prise de conscience qui semble émerger.
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