Corruption, encore... Rajoy aux abois, la caravane passe
J'ai encore en tête cette réflexion presque naïve d'une dame danoise lors d'une conversation sur la corruption es Espagne : "Au Danemark, il n'y a pas de corruption parce que c'est interdit !"
En Espagne aussi lui répondis-je, mais ici les lois sont facilement contournables, manipulables et surtout, l'esprit latin n'est pas l'esprit nordique ou germanique !
Le manque d'alternance politique est la porte ouverte à la corruption.
La constitution rédigée à la chute de la dictature franquiste incluant une division du pays en régions autonomes comme d'autant de petits califats semble avoir eu comme résultat, non seulement de créer des duplicités administratives qui coûtent chères aux contribuables et souvent contredisent l'administration central, sinon de permettre aux corrompus de s'y engouffrer et d'y vivre à leur aise.
Lorsque que l'on constate effaré devant son téléviseur, car il ne se passe pas un mois sans qu'une nouvelle affaire éclate, comment la corruption gangrène ce pays, que personne n'est épargné, banquiers, hommes politiques, grands patrons, famille royale...on peut s'interroger sur l'efficacité d'une telle constitution et des lois qui la régissent.
Je ne vais pas refaire une liste des différentes affaires de ces dernières années, vous pouvez les (re)découvrir ici et là.
Mais force est de constater que là où un parti règne de manière hégémonique, la corruption s'installe presque de manière systématique.
C'est le cas en Andalousie où gouverne le parti socialiste en maître depuis le début de la démocratie (Affaire de los Eres : 1.400 millions d'euros quand même...)
C'est le cas de la Catalogne que Jordi Pujol(parti indépendantiste de droite) a gouverné pendant 30 ans en se remplissant les poches avec le fameux 3% de commission sur toutes les commandes publiques. (3.300 millions d'euros à lui seul ! sans compter les magouilles de ses nombreux enfants)
et c'est le cas qui nous intéresse aujourd'hui : La belle et touristique région de Valence...
Valence, terre de toutes les excès.
![]() |
![]() |
L'agora, édifice qui à ce jour n'a pratiquement jamais servi, n'a jamais été terminé et qui tombe déjà en miettes. |
Rita Barbera, la "parraine".
![]() |
Rita, que l'on accuse au minimum de gaspillages honteux, a l'honneur d'avoir sa propre Wikileaks : la Ritaleaks |
Cela fait longtemps déjà que Valence fait la une des journaux pour ses nombreuses affaires liés à l'enrichissement personnel de nombres de ses hommes (et femmes) politiques. La justice, d'une lenteur désespérante, a rendu encore peu de verdicts, quand les faits n'ont pas carrément prescrits.
Mais ces dernières semaines, avec l'opération Taula, des faits nouveaux ont été mis à jour, grâce entre autre à un inculpé qui s'est mis à table. Et c'est encore une fois un vrai réseau mafieux qui est en train de se profiler dans l'organisation du Parti Populaire de Valence, avec ses parrains, comme cet Alfonso Rus, ex-président du conseil départemental (diputación), enregistré en flagrant délit de comptage de billets de 500 ou qui facture des ampoules LED pour une valeur de 27 millions d'euros quand elles en valent réellement 17. Enrichissement personnel mais aussi financement occulte du parti grâce à de juteuses commissions. Tous les actuels conseillers municipaux de la ville de Valence du PP sauf un (c'est tout en son honneur) sont actuellement inculpés ainsi que d'autres membres régionaux : 80 au total, pour blanchiment : Une donation au parti de 1.000 euros leur était demandé pour être sur les listes électorales, en retour, on leur donnait 2 billets de 500 d'argent sale.
Mais la chef, comme l'appelle certains inculpés, semble pointer Rita Barbera, maire depuis 24 ans jusqu'à l'année dernière où son cuisant échec a été récompensé par un poste de sénatrice qui la protège d'être jugée comme un citoyen ordinaire. Elle serait sinon, à l'heure qu'il est, inculpé elle aussi.
Il faut savoir qu'en Espagne, 10.000 personnes, dont plus de 2.000 personnalités politiques possèdent le statu de "aforados", c'est à dire qu'ils ne peuvent être jugés que par le tribunal suprême, d'ailleurs très politisé à droite. Alors qu'en France, le Président et son gouvernement sont les seuls à posséder ce privilège. En Allemagne, aucun ! Ceci explique aussi cela...
D'un coté, Mariano rajoy dit tout faire pour lutter contre la corruption dans son parti, et de l'autre, il crée il y a quelques jours un blindage judiciaire à son amie de longue date (elle en sait certainement aussi beaucoup sur le parti au niveau national), en la chargeant d'une commission sénatoriale qui, en cas de réélections au printemps lui permettra de rester à sa place de sénatrice quand les autres devront se représenter. On en rirait si ce n'était pas si pathétique.
Un changement qui tarde à venir.
Deux mois après les élections, le pays est toujours sans gouvernement, les différents partis n'ayant pas trouvé de points d'accords, on se dirige pour l'instant vers de nouvelles élections en fin de printemps.
Personne, ni le PS, ni bien sûr Podemos, ni même le nouveau parti de centre droit Ciudadanos ne veulent entendre parler de pactiser avec un parti pourri jusqu'à la moelle comme l'est le Parti Populaire de Rajoy.
La vieille droite espagnole s'enfonce toujours plus dans la boue de ses nombreux cas de corruption. Ce qui reste inexplicable, surfant sur une reprise économique précaire à base de mini-jobs, c'est qu'il continue malgré tout à être le parti préféré des espagnols : Le plus voté aux dernières élections avec presque 29% des voix (contre 22% pour le PSOE, 20,5% pour Podemos et 14% pour Ciudadanos), il le serait encore en cas d'élections prochaines malgré une légère baisse, d'après un sondage de janvier.
Le dernier grand scandale de ces derniers jours sonnera-t-il le glas de ce parti DÉgénéré plus proche du grand banditisme que de la politique ? Entraînera-t-il enfin sa RÉ-génération ?
Aujourd'hui même, un autre dinosaure du PP, l'ex-présidente de la communauté de Madrid, Esperanza Aguirre, a démissionné de son poste de présidente du parti populaire de Madrid à cause elle aussi d'affaires de corruption qui concernent des personnes de confiance qu'elle avait nommées à des postes clé de son gouvernement d'alors. On a l'impression que ce mauvais film ne finira jamais...
Lors d'une entrevue vendredi, Rajoy refuse de donner la main à Sanchez, peut-être le prochain président, qui cherche actuellement à former un gouvernement avec Podemos ou Ciudadanos. Il a depuis le début refusé tout dialogue avec le Parti Populaire, le parti de la corruption comme il l'appelle. La tension entre les deux hommes est plus que palpable sur la photo (et hors caméra) |
7 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON