Corruption : le salaire des irresponsables
La Tribune de Genève du 30 janvier 2008 a publié un article de Marc Bretton consacré aux rémunérations des dirigeants des entreprises genevoises publiques ou subventionnées par l’Etat. Pour apprécier ces chiffres à leur juste valeur, il faut avoir à l’esprit le fait que le gouvernement genevois, affectant hypocritement d’être préoccupé par la situation des finances publiques, a refusé des augmentations salariales aux fonctionnaires, supprimé la gratuité de l’assistance juridique aux plus démunis et même diminué le montant de l’aide sociale que reçoivent les plus démunis. Les retraités ont perdu des avantages dérisoires. L’état des finances publiques était également invoqué pour « justifier » le manque d’infirmières dans les hôpitaux. Dans le même temps, on jetait l’argent par les fenêtres au profit de quelques dirigeants d’entreprises et des petits copains politicards nommés aux conseils d’administration de ces entreprises.
L’article de Marc Bretton se base sur un rapport de la Cour des comptes genevoise. Selon ce rapport, le président du conseil d’administration des Hôpitaux universitaires genevois, un politicard local, « nommé courant 2006, il aurait dû percevoir l’équivalent de 7 5000 francs suisses pour 30 % d’activité s’il était entré en fonction dès janvier ». Le président du conseil d’administration des Services industriels genevois - fourniture du gaz et de l’électricité -, un autre politicard local, « aurait gagné au total plus de 374 011 francs suisses en 2006, alors que lui-même annonçait 368 000 francs suisses à la presse ». Le président de l’Hospice général - le service social genevois - reçoit 120 000 francs suisses pour un taux de travail estimé entre 20 % et 30 %, ce qui correspond à « un salaire annuel de 400 000 à 600 000 francs suisses ». L’intéressé se prétend incapable d’indiquer quel est son taux d’activité réel. Le directeur de l’Aéroport international de Genève est payé 321 000 francs suisses. Le directeur des Hôpitaux universitaires genevois est payé 340 000 francs suisses. Le directeur de l’Hospice général reçoit 226 000 francs suisses. La directrice des Transports publics genevois a reçu 361 000 francs suisses. « Pourquoi ces différences ? C’est que la Cour des comptes a ajouté au salaire de base les indemnités diverses et certains avantages en nature, comme un abonnement annuel aux TPG ou de grassouillettes indemnités de fonction. »
Les membres des conseils d’administration - un politicard de chaque parti désigné en fonction de critères de copinage - reçoivent 8 190 francs suisses par an aux Hôpitaux universitaires genevois. Les membres du conseil d’administration des Services industriels genevois gagnent bien davantage, car ils siègent également aux conseils d’administration d’autres sociétés liées aux Services industriels genevois. « Les rémunérations totales du conseil d’administration des Services industriels genevois, président compris, se sont montées à plus d’un million de francs suisses en 2006. La Cour note que, pour 2004-2006, les administrateurs concernés se sont partagé 1,1 million de francs suisses de jetons de présence, dont 531 000 francs suisses pour le président et 366 000 francs suisses pour le vice-président. Enfin, la retraite des conseillers d’Etat - ministres cantonaux - représente un supplément salarial de 160 000 francs suisses par an. »
C’est cette arrogante mafia d’opportunistes politicards que les médias locaux nous présentent régulièrement comme des altruistes dévoués au bien public.
Frank BRUNNER
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