Crise belge : vous n’aurez pas les Prix Nobel !
A l'heure où la liste des candidats au prix Nobel de la Paix a été communiquée, cet article a pour objet de démontrer que si les Flamands venaient à se séparer de la Belgique, ils perdraient avec elle 9 des 10 prix Nobel belges ; et ce alors que le seul Nobel flamand - qui se prénomme Corneille (sic) - fut suspendu de l'Université de Gand pour faits de collaboration !
Alors que les Flamands demandent la régionalisation de la mer du Nord ou de la station polaire belge, qu'arriverait-il si l'on devait appliquer la même logique ubuesque aux prix Nobel du plat pays qui est (encore) le nôtre ?
Au total, la Belgique compte dix prix Nobel dont un a été attribué à l'Institut de Droit international en 1904 pour son travail en faveur de la paix. Fondée à Gand, en Flandre, en 1873, cette institution est néanmoins basée à Grez Doiceau (Wallonie) depuis 2003 ; prix Nobel linguistiquement mobile donc... Mais qu'en est-il des neuf autres récipiendaires de cette prestigieuse récompense ? Ce sont des êtres faits de chair et de sang qu'il devrait être aisé à ventiler - à « communautariser » comme l'on dit en notre pluvieux Royaume de Belgique - sur base de la frontière linguistique qui sépare Francophones et Néerlandophones !
Les Wallons
Trois « Prix Nobel » sont nés en Wallonie ; aucun dans les Fourons (sorte de "Danzig" francophone en Flandre). Jules Bordet est né à Soignies et fut prix Nobel de Médecine en 1919 pour avoir découvert la bactérie à l'origine de la coqueluche. Le père Dominique Pire, né à Dinant fut récompensé par le Nobel de la Paix en 1958 pour son travail en faveur des réfugiés après la seconde guerre mondiale. Et Albert Claude, né quant à lui en province du Luxembourg, recevra le prix en 1974 pour ses travaux médicaux dédiés aux superstructures cellulaires.
Les Bruxellois...francophones
Trois Prix Nobel sont bruxellois ; aucun n'est issu de communes à facilités (municipalités flamandes près de Bruxelles dans lesquelles les Francophones - majoritaires - disposent du 'droit' d'uliliser le français). Henri La Fontaine est né à Bruxelles dans une famille – comme son nom l'indique – francophone et sera nobellisé en 1913 pour son infatigable œuvre en faveur de la Paix. Ilya Prigogine, qui, si il est né en Russie est un Bruxellois d'adoption, étudia la chimie à l'ULB et sera récompensé en 1977. Enfin, Christian de Duve est né en Angleterre et dirige un institut d'étude médicale dans une commune bruxelloise dont les travaux lui vaudront en 1974 le prix décerné par l'Académie royale des sciences de Suède. Il est le seul récipiendaire belge encore en vie et a d'ailleurs cosigné une lettre ouverte en 2007 aux négociateurs de "l'Orange bleue" (gouvernement sortant alliant démocrates-chrétiens et libéraux) mettant en garde contre « le morcellement des activités [scientifiques] (…) par les entités fédérées » !
Les Flamands
De manière égale, trois Nobel sont nés en Flandre. Auguste Beernaert, né à Ostende, premier ministre belge de 1884 à 1894 et prix Nobel de la paix en 1909 pour ses travaux dans le domaine du droit international. Maurice Maeterlinck, né à Gand et récompensé pour ses talents littéraires en 1911. Notre Camus national. Hélas pour nos compatriotes rigoristes sur l'application des lois linguistiques, ces deux Prix Nobel flamands étaient...francophones ! Notre prix Nobel « flamand » de Littérature signa d'ailleurs en 1921 un manifeste contre la flamandisation de l’Université de Gand, jusqu’alors francophone ! Nul doute que ces derniers seraient considérés comme des « Slechte Vlamingen » ('mauvais flamands' en néerlandais) par les lionceaux de Flandre ! Heureusement pour nos amis félins, un Nobel flamand épousa leurs idées nationalistes. Monsieur Heymans, fils du recteur de l'Université de Gand, reçut le prix Nobel de Médecine en 1938 pour ses découvertes relatives à la respiration et au rôle de l'aorte. Comme son père, il enseigna à Gand mais il fut suspendu par l'Université après la guerre pour des faits de collaboration ! Corneille (sic), puisque tel est son prénom, est donc le seul Prix Nobel dont pourrait se prévaloir la Flandre indépendante.
Finalement, peut-être est-ce pour Corneille Heymans que les négociateurs flamands désirent amnistier les collaborateurs en répétant à mi-voix : « ô râge, ô désespoir, ô Nobel ennemi » !
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