Crise de l’euro : la montée des périls politiques
Alors que l’euro continue à s’effondrer et à se déprécier chaque jour un peu plus, l’attention sur l’avenir sombre de la zone euro, et derrière, de l’Union européenne, se porte sur les crises politiques qui s’aiguisent vite, accompagnées d’un mécontentement social qui croît avec une force inexorable.
La zone euro est maintenant devenue la zone d’austérité forcenée porteuse de récession menaçante pour tout le système mondial. Si la situation économique et social s’y détériore rapidement, le destin immédiat de la zone euro se joue maintenant de plus en plus aussi sur le terrain politique.
Et de ce point de vue, deux Etats angoissent, et le mot est faible- les éminents commissaires européens : l’Allemagne et la Belgique.
Le destin de ces deux pays conditionne maintenant concrètement le sort de toute la zone euro et celui de l’Union européenne. C’est l’heure de la montée des périls politiques, en plus des autres dangers accumulés.
L’Etat allemand, l’aide aux plans européens, l’euro et....le Deutsche Mark
Personne parmi les analystes, financiers, économiques et politiques, ne conteste l’importance essentielle de l’Allemagne dans ce qui est encore la zone euro, que celle-ci porte à bout de bras, ou, plus exactement, de dizaines de milliards d’euros. Des dizaines de milliards d’euros enlevés à la satisfaction des besoins urgents de sa population vieillissante.
L’acharnement du gouvernement allemand à soutenir l’euro a conduit celui-ci à proposer un budget d’austérité aussi impopulaire que nuisible à l’économie du pays.
En quelques mois, la coalition au pouvoir à Berlin, qui avait conservé, au moins en apparence, un certain crédit dans la population, perd celui-ci avec une rapidité sidérante.
Y compris au sein du parti d’Angela Merkel, la CDU, nombreuses sont les voix qui critiquent, peu ou prou, ses choix politiques, financiers, économiques, budgétaires. L’opinion allemande ne veut pas être le banquier de la zone euro, voire de l’Union européenne, à son détriment.
Pire encore, les manifestations se font plus fortes dans les rues du pays, tandis que les sondages de l’opinion publique montrent l’impopularité en hausse du gouvernement. Pendant ce temps, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent de tous côtés pour exiger que les autorités de Berlin se préoccupent d’abord des problèmes du peuple allemand avant ceux des autres pays européens.
Cette dépêche en langue anglaise est révélatrice du cours des choses en Allemagne :
http://www.reuters.com/article/businessNews/idUSTRE65B1BS20100612
D’autres voix se font entendre qui évoquent la nécessité, afin de protéger l’économie du pays d’une récession européenne massive prévisible, que l’Allemagne sorte de l’euro et reprenne comme monnaie le DM (Deutsche Mark).
Il faut dire que, pour la population allemande, les mesures d’austérité envisagée sont à la fois vues comme injustes et immorales autant que mauvaises pour le pays. Elles sont regardées comme la conséquence directe des aides consentis aux plans de sauvetage de la zone euro, donc à des Etats étrangers alors qu’il s’agit de l’argent du peuple allemand, issu de son travail.
Déjà apparaissent les prémisses d’un tournant radical en cours de cristallisation de l’opinion publique allemande sur la zone euro et l’Union européenne.
http://www.leblogfinance.com/2010/0
Il est évident que l’hypothèse, de plus en plus probable, que l’Allemagne sorte de l’euro afin de protéger ses intérêts nationaux de la crise de la monnaie de la zone éponyme, sème l’angoisse, pour ne pas dire la panique dans les milieux liés à la Commission européenne..
Mais, l’Allemagne n’est pas seule à faire couler de la sueur angoissée à Bruxelles et Strasbourg....
L’Etat belge menacé d’explosion, c’est toute l’Union européenne qui vacille
Pendant que l’Allemagne entre en crise politique et sociale, la crise de dislocation frappe au coeur même de la zone euro et de l’Union européenne : la Belgique est ouvertement menacée d’explosion, ou, si l’on préfère, l’Etat belge est en voie de se disloquer et de se démembrer.
Nul besoin d’être un analyste de salon invité à bavarder dans le vide sur les plateaux de télévision français pour comprendre les dangers immenses que l’explosion de l’Etat belge en cours peut avoir sur la zone euro, l’Union européenne et ses traités, dont la caducité totale sur tous les plans, politique, budgétaire, financier, juridique, serait alors constatée par tous.
Ceci se produit dans un contexte qui voit, de la Grèce à la France, en passant par l’Irlande, le Portugal et l’Espagne, les mouvements sociaux se développer rapidement en force et en taille.
Ce processus en Belgique se met en mouvement au moment où les gouvernements de l’Union européenne poussent tous à l’austérité budgétaire et à la régression sociale que les populations refusent massivement, ce qui déstabilise ces gouvernements. Cette austérité budgétaire frappe sévèrement la consommation, donc l’économie. Dans ce tableau d’ensemble, la crise belge est la cerise sur le gâteau tremblant d’une situation générale des plus instables.
Les risques évidents de démembrement de l’Etat belge menacent tout l’édifice de l’Union européenne et sapent le peu de confiance pouvant être placée dans la survie de la zone euro. L’argument des nationalistes flamands qui ne veulent pas « payer » pour leurs concitoyens wallons est similaire dans son contenu politique à celui en cours en Allemagne vis à vis des autres pays de la zone euro.
C’est une forme de refus populaire de l’austérité adressée aux gouvernements désireux de sauver un euro solidaire au profit des banques et des spéculateurs et au détriment des salaires, des emplois, des retraites, de systèmes sociaux et des services publics dus à la population.
Les gouvernements de la zone euro ont fait eux-mêmes de l’euro le mal originel au nom duquel ils entendent réduire le niveau de vie de tous les peuples concernés, dans la zone euro et dans l’Union européenne. Ils reçoivent le boomerang politique de leurs actes irresponsables et incohérents. Et ce qui se passe n’est que le début.
Poussant à une solidarité budgétaire et d’austérité aussi inutile que dangereuse entre Etats contre leurs habitants, les dirigeants politiques ont généré un mouvement de refus qui s’apparente bien à une volonté de sauve qui peut désintègrant toujours plus ce qu’ils voulaient fortifier.
La Belgique apporte à ces dirigeants, avec l’Allemagne, les premiers refus populaires et massifs. Ces processus décisifs mènent tout droit à la dislocation POLITIQUE des ensembles UE et zone euro !
Demain, la France ?
Donc, le gouvernement Merkel plonge dans l’impopularité, les divisions et les contradictions, y compris au niveau de l’Etat fédéral en voulant notamment réduire les effectifs de la Bundeswehr -l’armée allemande- et de la fonction publique étatique.
De son côté, le gouvernement belge court à sa disparition comme tel et le pays à la désintégration.
Pendant ce temps, le gouvernement français bat les records de rejet de la part de l’opinion publique, et des processus analogues sont en cours en Espagne, Irlande, Portugal et Grèce contre les gouvernements en place.
Par ailleurs, l’euro est promis par les meilleurs analystes mondiaux à sa perte, la chose n’étant discutée que pour le laps de temps qui lui reste à vivre et à affaiblir les économies nationales, tout en opposant les peuples d’Europe les uns aux autres.
Cet article en anglais est édifiant sur les pronostics des économistes les plus réputés quant au devenir de l’euro. Etrangement, ces analyses ne sont pas traduites et reprises dans la presse française hexagonale, laquelle continue aveuglément, à quelques rares exceptions près, à prêcher dans la vide d’une pensée unique déconsidérée de toutes parts :
http://www.taipeitimes.com/News/biz/archives/2010/06/13/2003475368
Il est donc très possible que la crise générale qui rythme la vie des pays voisins de la France se répercute en France avec une force démultipliée par la découverte des réalités que les autorités s’acharnent encore à masquer à la population.par des mensonges de plus en plus intenables.
Aujourd’hui, l’Allemagne et la Belgique sont en crise ouverte aigüe. Demain, la France ?
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