Crise grecque : se noyer dans une petite cuillère
En Europe on fit (presque) la même chose pour le secteur bancaire. Par contre, en ce qui concerne la Grèce, on a retardé jusqu’à la limite de l’impossible pour promettre, avec l’aide du fond Monétaire International, 150 milliards. Pour le nobélisé Joseph Stiglitz, (ITV à la BBC 4), ce retard, ainsi que les exigences d’une politique draconienne d’austérité qui l’accompagnent, seront contre productifs et, sans doute, au lieu de contenir, ils vont participer à l’élargissement de la crise dans toute l’Europe. La crise, mettant sous les feux de la rampe l’incapacité politique de l’UE à aider une économie minuscule selon Stigliz, ouvre grandes ouvertes les autoroutes de la spéculation,… si ce n’est la mort de l’euro.
Revenons à la sous-estimation de plus de 40% de l’endettement des banques américaines. Et comparons-le au point unique du déficit grec supplémentaire qui a, par l’intermédiaire d’une structure de cotation suiviste, rendu quasi impossible tout emprunt de la Grèce sur le marché. Que nous dit la Réserve Fédérale concernant cette sous estimation abyssale ? (Wall Street Journal) Et bien, que la méthode pour cacher les déficits n’est pas « a priori » illégale, que la réserve ne prévoit pas pour l’instant des mesures de rétorsion mais qu’elle craint que ce gouffre puisse semer le trouble et que il pourrait provoquer des dégâts sérieux en termes d’image. C’est tout. Cette impunité structurelle vis-à-vis d’un secteur responsable de la plus grande crise économique après la dépression de 1929-1939, comparée à la rigueur vis-à-vis d’un Etat membre de l’UE de la part des institutions financières amplement fautives et sous perfusion de mensonges, du marché, et des Etats membres eux mêmes, est si criarde qu’il faut bien rechercher une explication. Pour être simple, l’endettement des ménages (Espagne) ou des Etats (Grèce), sont intolérables. Ceux du secteur bancaire, passons, il n’y a rien à dire.
Quelle est la part des flux financiers dans le PIB britannique ? Plus de vingt pour cent. 20% des emplois y sont aussi directement liés, tandis que le secteur manufacturier est passé sous la barre de 10% et que les paysans sont une espèce en voie d’extension. En d’autres termes, sauver le secteur financier c’est sauver des économies basées sur des bulles, mais que des pays occidentaux qui s’acharnent à préserver des secteurs agricoles, industriels ou de services sont des has been. En d’autres termes, tout citoyen et /ou Etat qui réfutent la déchéance d’une économie réelle n’est plus solvable. En d’autres termes, ce n’est plus le pourcentage de la dette qui compte mais sa relation avec le processus de production.
Et l’Allemagne dans tout ça ? Pour des raisons purement électorales et d’un autre âge, lié au trauma du mark weimarien, Berlin, champion européen néanmoins protectionniste, creuse, du début de la crise financière jusqu’à la crise grecque, sa propre tombe. Pays encore producteur de biens et de services non financiers, il s’autosuggère une moralité dont il a lui-même participé à la déchéance. Il cherche sa pièce de monnaie non pas là où il est en train de la perdre, mais là où va la lumière de son opinion « paysanne », pour paraphraser Mélenchon. Au lieu de s’occuper des cochons paresseux du sud, parler du quatorzième mois de salaire grec qui n’est qu’une pratique comptable pour intégrer à retardement toute augmentation salariale, au lieu de confondre Mercedes Benz et l’Acropole, l’Allemagne devrait lorgner sur une tendance, financière et anglo-saxonne, qui risque de mettre en cause son économie et ses outils de production rationnels. Les plans d’austérité imposés (ou à venir) à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal, tout comme la frilosité des investissements en Europe de l’est, finiront par mettre à bas les exportations allemandes qui garantissent aujourd’hui sa suprématie…
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