Ecosse : pourquoi il ne faut pas soutenir les indépendantistes
La perspective écossaise actuellement n’est pas celle d’un état-nation, mais d’une euro-région. Il ne s’agit donc pas d’un mouvement national-démocratique mais impérial-dirigiste. C’est la raison pour laquelle, dans le contexte actuel, il ne faut pas soutenir les indépendantiste écossais. Cet article se propose de donner quelques détails.
Depuis le Brexit, la question de l’indépendance écossaise est régulièrement remise à la surface. Les médias oligarchiques ne sont pas les derniers à en faire leurs choux-gras, les milieux habituellement antipatriotiques (euro-écologistes, gauchistes, centristes) sont soudainement pro nationalisme écossais. Après tout, se dit-on, si les anglais peuvent disposer de leur indépendance vis-à-vis de l’Union Européenne, pourquoi les écossais ne pourraient-ils pas en faire autant vis-à-vis de l’Angleterre ? Mais cette présentation des faits est fallacieuse, et ces prises de position à fronts renversés ne doivent rien au hasard.
Si les médias oligarchistes et les milieux antipatriotiques prennent position en faveur du nationalisme écossais, c’est qu’ils ont parfaitement analysé la situation. Dans le contexte actuel, le nationalisme écossais n’est pas nationaliste : il s’agit d’un simple régionalisme qui renforcera l’Empire et affaiblira les Nations. En effet, la perspective écossaise actuellement n’est pas celle d’un état-nation, mais d’une euro-région. Il s’agit simplement de quitter l’Angleterre pour rejoindre l’Union Européenne. Et c’est uniquement dans cette perspective que les médias oligarchistes et les milieux antipatriotiques soutiennent le pseudo-indépendantisme écossais. Si les écossais voulaient une vraie indépendance national-souveraine, soyons tranquilles qu’ils ne bénéficieraient pas de la même complaisance de la part des ennemis de toute souveraineté nationale.
Que penser alors de l’Ecosse en France ?
L’Ecosse fut autrefois une nation indépendante, et d’ailleurs une grande alliée de la France (elle constituait une excellente alliance de revers contre les anglais). Mais elle a été satellisée par la puissance anglaise, et ils ont conduit ensemble la grande aventure britannique.
La France peut titiller un peu les anglais avec l’Ecosse, quand il s’agit de faire pression sur Londres. C’est de bonne guerre. Mais cela ne doit jamais dépasser le cadre strict des états-nations. Cela ne doit jamais déborder sur l’indépendance. Ce serait une double erreur pour nous : d’une part les anglais pourraient en rétorsion soutenir nos propres régionalistes, et d’autre part c’est la position de l’état-nation en général qui serait affaiblie. Deux raisons saines et profondes qui doivent nous inviter à manier tout cela avec la plus sérieuse modération.
Mais que ce soit en souvenir de notre vieille amitié écossaise ou dans la perspective plus universelle humaniste, la France peut soutenir les écossais dans une certaine renégociation interne avec Londres. Il n’est pas illégitime, à l’occasion de ces changements historiques, que les écossais renégocient avec Londres certains termes de leurs accords. La France peut soutenir cela sans s’ingérer dans les affaires intérieures britanniques. Cela nous permettrait de réaliser un triple objectif : mettre un peu de pression sur Londres quand on en a besoin, honorer notre amitié écossaise, soutenir une vision humaniste universelle. Mais tout cela en restant strictement et sans ambiguité sous la limite de l’indépendantisme et de l’ingérence.
Il est d’ailleurs important de rappeler que l’Angleterre actuelle n’est pas l’Union Soviétique, la Corée du Nord ou l’Allemagne Nazie... le sort des écossais n’est pas celui de quelque tribu amérindienne aux Etats-Unis-d’Amérique en 1900, ou de quelque peuplade caucasienne dans la Russie de Staline. Il faut savoir garder la mesure des choses. Les écossais peuvent tout à fait trouver un modus vivendi acceptable avec les anglais.
On rappellera d’ailleurs que le référundum de 2014 sur l’Indépendance a vu la victoire du non à 55% (avec 85% de participation). Signe que la vie au Royaume-Uni n’est pas si intolérable que cela. Et nous rappellerons aux euro-impérialistes qui réclament un autre référundum post-brexit qu’ils feraient mieux de commencer par respecter le référundum français de 2005 qui s’opposait lui à l’actuelle constitution européenne. On voit bien que l’honnêteté a peu à voir dans ces combats : et dans ce contexte particulier, Boris Johnson a bien raison de refuser la tenue d’un nouveau scrutin. C’est une véritable lutte politique qui se mène, qui ne demande aucune naïveté face à un adversaire euro-impérial qui n’en a aucune.
Il ne faut pas oublier que l'état-nation est l’espace historique d’expression de la démocratie et du libéralisme. C’est la raison pour laquelle il faut soutenir le Royaume-Uni sous puissance anglaise dans le contexte actuel. Quoi qu’on pense d’eux par ailleurs, les anglais constituent aujourd’hui une ligne de front de la démocratie libérale contre l’oligarcho-dirigisme impérial. Il ne faut donc pas se tromper de perspectives.
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