Escale réjouissante dans un Euroland utopique
A ma grande surprise, RST (lire son résumé sur son blog) m’a proposé de participer à un congrès organisé par des personnes proches du GEAB intitulé « Six réformes clé pour une gouvernance démocratique de l’Euroland ». Après tout, Sun Tzu dit dans « L’art de la guerre », qu’il est essentiel de connaître ses adversaires...
Des alternatifs intéressants
Le GEAB s’est fait un nom en faisant partie de ceux qui avaient vu venir la grande crise de 2008. Leurs analyses sont très intéressantes, même s’il faut reconnaître qu’ils ont la fâcheuse tendance d’annoncer un cataclysme financier à venir dans les six mois depuis plus de deux ans, un peu comme le berger qui criait tout le temps au loup. Malgré tout, j’ai pu constater la grande qualité intellectuelle de Franck Biancheri, directeur de LEAP/E2020 et du GEAB.
Il y avait néanmoins quelques points d’accord, sur les désordres financiers, l’austérité insensée imposée à la Grèce. Ont été exprimées plusieurs fois des critiques très dures contre le caractère profondément anti-démocratique de la construction européenne telle qu’elle est conçue aujourd’hui. Mieux, certains participants ont évoqué les différences nationales pour expliquer qu’on ne peut pas mener la même politique partout ou ont même critiqué le non respect des référendums de 2005 !
L’internationalisme hors sol
Mais il y a une différence fondamentale et sans doute totalement irréconciliable avec l’immense majorité des participants à ce cénacle : le rapport aux nations. Il s’est tout de même trouvé une personne pour dire qu’il « faut uniformiser les européens » ! Il a été répété que l’euro nous a protégé, sans développer, étant donné que « l’Euroland » a traversé une récession plus forte, et plus précoce que les Etats-Unis et qu’on ne peut pas dire que nous avons été protégés de la spéculation…
En fait, beaucoup d’intervenants avaient des origines de plusieurs pays, ce qui peut expliquer leur dépassement de la question nationale. On peut imaginer qu’ils souhaitent que leur modèle soit suivi mais ils oublient totalement au passage qu’ils sont une petite minorité (qui plus est souvent protégée des ravages de la mondialisation néolibérale). Pour paraphraser Sapir, leur rejet de la nation, c’est l’internationalisme à courte vue d’une petite élite coupée de la réalité.
Le désarroi des fédéralistes
Malgré tout, ce « congrès » (qui rassemblait une quarantaine de personnes) était très réjouissant pour les intrus souverainistes. En effet, d’une part, l’incompréhension entre les pays européens (Sud et ancienne zone mark) devrait bloquer toute évolution fédéraliste pour longtemps. Mais surtout, il était frappant de constater à quel point ils étaient incapables de proposer des mesures concrètes si ce n’est évoquer plus d’Europe, plus de démocratie et plus de solidarité.
Quel contraste avec les partis souverainistes (DLR, MRC ou M'PEP – vidéo du colloque à lire ici) où le constat est clair et où il débouche sur des propositions concrètes, détaillées et cohérentes. L’une des décisions du Congrès a été d’essayer de rédiger une… charte. En fait, ils parlaient beaucoup de processus (démocratie directe notamment) mais très peu de véritable contenu politique, semblant incapables de proposer un schéma fonctionnel pour l’euro.
Au final, malgré de très forts désaccords, ils me sont apparus comme relativement sympathiques mais franchement déboussolés par les politiques antisociales et antidémocratiques de cette Europe dont ils n’arrivent pas à remettre en cause les politiques qui mènent à ces résultats.
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