Europe : un budget au rabais pour une Europe en panne
Psychodrame à Bruxelles. Les quatre principaux groupes parlementaires européens (Verts, Libéraux, Conservateurs et Socialistes) ont appelé au rejet "en l'état" du budget 2014-2020, fruit d'un compromis entre les 27 chefs d'Etat et de gouvernement. Un budget certes marqué par une réduction historique de près de 35 milliards d'euros (-3%) mais qui reste surtout à des années lumières de toute ambition politique. Car derrière les apparences, le budget de l'UE est ridiculement petit, 1% du PIB, 908 milliards sur 7 ans, soit à peine 10 milliards par pays.

Si on considère que quand l'Europe n'avance pas elle recule, elle vient de faire un grand pas en arrière. Loin d'apparaître comme la solution à la crise économique, l'UE a été considérée par les chefs d'Etat comme une danseuse dont on peut réduire le train de vie quand les rentrées d'argent se font plus rares.
Acte le plus politique par essence d'une institution, l'adoption d'un budget en récession reviendrait à officialiser un renoncement à la construction européenne. Il confirmerait la victoire des égoïsmes nationaux sur le principe de solidarité qui sous-tend une redistribution essentiellement au profit des pays du Sud et de l'Est. L’Italien Mario Monti n'a pas manqué de pointer le paradoxe de la situation. A savoir que la logique qui l'a emporté est celle du britannique David Cameron, chef du gouvernement d'un pays dont on ne sait pas s’il sera encore membre de l’UE en 2017...
Certes, les sommes en jeu sont symboliques mais la politique, c'est avant tout une affaire de symboles. Les sources d'économies choisies en attestent. La FEAD plus connue sous le nom d’aide alimentaire doit passer de 3,5 milliards d’euros à 2,5. Coupe sombre également dans le développement des réseaux (-10 milliards d'euros), un secteur pourtant considéré comme porteur de croissance et d'emplois.
Conscient de ce déséquilibre, M. Van Rompuy, le président du Conseil européen, a proposé une initiative pour l'emploi des jeunes et annoncé le lancement d'un nouveau fonds doté de quelque six milliards d'euros, à répartir entre les régions de l'UE les plus touchées par ce fléau. Les fonds de cohésion pour les régions les plus défavorisées, notamment dans les pays de l'Est, obtiendraient également 4,5 milliards supplémentaires par rapport aux propositions faites aux dirigeants européens au mois de novembre.
M. Van Rompuy a peut être des choses à se faire pardonner. Les parlementaires européens lui reprochent de n'avoir ni parlé, ni négocié avec eux au cours des derniers mois. Les chefs des quatre principaux groupes du Parlement européen appellent surtout à la mise en place de ressources propres au budget européen qui viendraient progressivement remplacer le système actuel fondé sur les contributions nationales. Un mécanisme révolutionnaire qui permettrait de mettre un terme aux marathons entre les 27, et créerait surtout un lien direct entre le contribuable européen et l'Union Européenne.
Le vent de fronde qui souffle sur le Parlement à un an des élections européennes est historique. C'est la première fois qu'il s'aventure à rejeter le consensus politique des chefs d'Etats et de gouvernements. Car si le budget est à la croisée des chemins, les institutions de l'UE s'y trouvent également. C'est bien de la question d'une montée ou pas en gamme des institutions dont il s'agit. Avec un vrai Parlement en capacité de lever l'impôt et de contrôler les décisions de la Commission et des Etats.
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