Irlande : Cent ans plus tard c’est un nouvel exode...
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A la fin du XIX ème siècle et au début du XXème, un certain nombre de pays européens, dont l’Irlande, ont connu des périodes de grande famine qui avaient poussé leurs habitants à s’exiler en masse vers des pays plus prospères dont les Etats-Unis, dont ils ont constitué une partie substantielle de son peuplement. Un peu plus d’une centaine d’années plus tard, le même pays est confronté pour de tout autres raisons à la même fuite poignante de ses habitants partout vers d’autres régions du monde plus riantes économiquement.
Ce n’est plus la famine due à des récoltes désastreuses qui les y pousse mais celles résultant d’une absence de travail de plus en plus criante sur le sol national. Alors que l’Irlande apparaissait jusqu’à encore trois ans comme un des pays et une des économies les plus florissantes de l’Union Européenne et une de celles ayant bénéficié le plus de son intégration à la zone euro. Pas de chance, cette émergence de l’économie irlandaise était basée sur l’incroyable développement du secteur bancaire lui même alimenté par les prêts à risque de l’immobilier local et du subprime américain. C’est simple, juste avant la crise financière, le "PIB" du secteur bancaire était largement plus important que celui du reste de toute l’activité industrielle et commerciale de l’Irlande.
On s’était étonné dans les autres capitales européennes que le gouvernement irlandais sans même prévenir ses collègues se soit porté immédiatement au secours de sa principale banque l’Anglo Irish Bank. C’était pourtant la bonne décision pour éviter un écroulement semblable en importance, à l’échelle locale, à celui de Lehmann Brothers. Depuis, l’Irlande fait face en tachant de maintenir à flot son système bancaire mais les exigences de solvabilité qu’imposent "Bale III" aux banques vont, hélas, dépasser les possibilités de recapitalisation des banques irlandaises.
Le plan d’austérité sera drastique puisqu’il vise à passer d’un déficit actuel de 32 pct du PIB en 2010 (soit 19 milliards d’euros de déficit) à 3pct en 2014. Pour un pays dont le recul du PIB en 2010 a déjà atteint 7 pct, c’est un challenge fou. Ce sera donc 15 milliards d’économies à trouver, 10 sur les dépenses (25 000 fonctionnaires en moins et baisse de leurs salaires) et 5 sur les augmentations d’impôts dont 2 points de plus de TVA. Baisse de leur Smic de 8.65 à 7.65 euros, baisse des charges sociales de 2.8 milliards d’euros.
Rien d’étonnant donc à ce que les Irlandais, -et leurs élites en particulier-, quittent leur pays pour aller s’installer là où ils pensent pouvoir trouver du travail. Facilité linguistique oblige, ce sont vers les pays anglo saxons qu’ils se tournent en priorité, Australie, Canada, Nouvelle Zélande voire Inde ou même Grande Bretagne.En 2009 se sont ainsi 65 000 irlandais qui ont fui leur pays, en 2010 ce pourrait atteindre 120 000 personnes alors que deux ans auparavant dans les années 2006/7 c’était un solde positif de 70 000 personnes que présentait le pays. C’est dire l’ampleur et la brutalité du retournement.
Seule consolation pour ces émigrants, nous n’en sommes plus au temps du départ sur la quai d’un port sans nouvelles pour la famille restée au pays pendant des mois. les Facebook, Twitter et l’email permettent de maintenir le lien familial. Mais quelle terrible épreuve tout de même !
Merci aux politiques (N’est-ce pas Monsieur Clinton ?) qui ont voulu offrir la propriété immobilière à des familles qui n’en avaient pas les moyens, à la FED de Monsieur Greenspan qui les y a poussé en abaissant ses taux à 0 pct et à tous les banquiers cupides, collectivement et individuellement, qui ont voulu leur prouver que Si pour leur seul avantage financier....
Crédit photo : Péchés mignons
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