L’Atout Français
Paix, prospérité, protection sociale, abondance de biens, infrastructures, loisirs, sport, spectacles. Soleil, plages. Chômage inexistant, impôts… inexistants.
Si ça vous tente, allez voir. Ce n’est pas le bout du monde, six heures de vol, cap 135. Vous voyez ?
Oui, vous voyez, c’est une Fédération d’états : les Emirats Arabes Unis. Sept états : Abou Dhabi, Dubaï, Sharjah, Ajman, Fujaïrah, Oumn Al Qaïwan, Ras El Khaïmah, volontaires pour s’unir, et unis depuis 50 ans dans la Fédération des E.A.U.
Tout n’est pas aussi rose là-bas que l’énumération ci-dessus pourrait le laisser entendre, il faut relever par exemple la présence de 60 % d’étrangers, essentiellement philippins et indonésiens, travaillant en qualité de quasi esclaves pour le compte des Emirati. Mais là n’est pas le propos de ce billet.
Car l’union de ces sept états présente quelques caractéristiques pouvant nous conduire à une réflexion utile. Chaque émirat garde en propre la maîtrise de sa politique interne, mais ils mettent en commun la politique internationale, la diplomatie, la défense. Les sept émirats sont égaux en droit, ou presque, mais deux d’entre eux assument un rôle prépondérant. Ces deux états plus influents sont les plus riches. Alors, une telle union, cela ne vous fait pas penser à une autre, plus proche de nous…et même très proche ?
Certes l’échelle n’est pas la même, ni l’Histoire, cependant une spécificité des E.A.U. émerge au fil des ans, et elle ne manque pas d’intérêt pour nous, Européens. Les deux émirats importants, Abu-Dhabi et Dubaï, sans que la moindre obligation constitutionnelle ne les y conduise, se sont peu à peu spécialisés dans certains domaines. Quand il s’agit de commerce, d’affaires et de culture, l’émirat de Dubaï gère la question avec l’approbation des autres. Quand il s’agit de politique internationale, de diplomatie, de défense, alors c’est à Abu-Dhabi de jouer. Si les Européens, par exemple, envisagent d’organiser une exposition pour promouvoir leurs produits, leurs technologies, leurs services, dans le domaine civil…les interlocuteurs sont à Dubaï. S’il s’agit d’accords de défense, de coopération militaire, de contrats d’armement, c’est Abu-Dhabi qui discute, négocie, et signe. Dans les deux cas, l’ensemble des émirats a pu donner son avis dans les organes fédéraux, mais la négociation est conduite et menée jusqu’à son terme par Dubaï ou Abu-Dhabi selon la question concernée.
Bel exemple, organisation pragmatique, utilisation de l’expérience acquise. Ce modèle n’est-il pas en train de se mettre en place, d’année en année, et pour les mêmes raisons pratiques, dans notre Union Européenne ? Les deux pays forts, nul n’en doute, sont la France et l’Allemagne. Nul n’en doute non plus, le plus performant en économie, en industrie, en commerce…n’est pas la France.
Mais il n’y a pas que l’économie, l’industrie, le commerce, dans la vie des hommes. Dans la vie des états non plus. Or au sein de l’Europe politique en construction, la France possède un atout considérable, qu’elle est seule à posséder : sa puissance militaire, et surtout son aptitude à développer cette puissance rapidement grâce à la mise à jour permanente de ses moyens technologiques et humains au meilleur niveau mondial.
L’Allemagne dispose de la capacité technique et économique permettant une puissance militaire équivalente, mais elle est bridée pour longtemps par l’Histoire du 20e siècle, et d’ailleurs par sa constitution. Elle ne peut être, et ne veut être, une puissance militaire. En ce domaine, seule l’Union Européenne pourra lui redonner une présence dans le monde.
La France, au contraire, détient à la fois les mains libres et le potentiel économique, technique, humain, et politique. Seule de l’Union Européenne, elle a développé une force nucléaire indépendante et la maintient constamment à jour, tant en ce qui concerne l’arme que les vecteurs maritimes et aériens, et les missiles. Mitterrand avait imprudemment abandonné nos essais nucléaires avant qu’un étalonnage complet permette de les remplacer par des mini explosions déclenchées au laser. En 1995, Chirac heureusement mieux inspiré avait autorisé le lancement de l’ultime campagne d’essais, et dorénavant l’imposant « laser méga-joule » installé en Aquitaine permet une mise à jour permanente de l’arme sans essais en grandeur nature.
Cela est connu, mais ne constitue qu’un aspect de notre capacité militaire, l’aspect dissuasif. Moins connue et aussi réelle, l’aptitude française à mener seule des actions de guerre classique fut démontrée à deux reprises en Libye et au Mali. Merci Chirac de nouveau, car c’est la professionnalisation des armées qui permet la réussite de telles opérations. Ce président n’a pas brillé par ses décisions en général, mais il a su prendre celles permettant d’optimiser notre appareil militaire.
Il faut insister sur cette aptitude maintenant acquise par la France de conduire seule des opérations extérieures. Au Mali c’est indiscutable, mais la démonstration en fut encore plus probante en Lybie ou l’aide l’OTAN ne fut déclenchée que plusieurs jours après le début des opérations. Et le monde militaire n’oublie pas les déclarations des insurgés lybiens se plaignant des délais d’intervention de l’Organisation après leurs demandes, beaucoup plus longs qu’ils ne l’étaient quand l’état-major français agissait seul.
Par ailleurs, dès la quatrième république, la France avait su remettre sur pied et maintenir les deux sources impératives de toute force armée : la compétence des hommes grâce aux écoles militaires de haut niveau, et une industrie de défense complète et indépendante. Nos matériels de combat terrestres, maritimes, aériens, sont à ce jour au meilleur degré de performance mondial. Ils peuvent être insuffisants en nombre, mais leur définition existe ainsi que leur outil de production et la démonstration de leur emploi, ce qui autorise une fabrication éventuelle plus abondante en des délais réduits. Nous disposons là, pour la France et la future défense de l’Europe, d’un potentiel considérable.
La France, première puissance militaire du monde en 1920/30, avait largement perdu cet atout après la faute grave consistant à miser tous les moyens sur la défense fixe, dont la ligne Maginot, au détriment de la mobilité et des moyens d’attaque. Si elle n’est pas redevenue, loin s’en faut, la première du monde, elle a néanmoins regagné un éventail complet de possibilités qu’elle se trouve seule à posséder en Europe et qui lui confère un rôle majeur dans l’avenir de l’Union.
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