L’Europe et l’égoïsme national
La réalisation du projet Européen exige l’effacement des nations. C’est incontournable et nous en sommes là. Notre histoire s’est construite sur un égoïsme national qui a pavé les paroisses françaises de monuments aux morts. Nos anciens ne sont pas morts pour que les polonais, les yougoslaves ou quiconque puisse avoir une vie meilleure mais avec l’espoir que leurs descendants puissent vivre libres et si possible confortablement. Peut-être souriaient-ils au moment de mourir en pensant au cadeau qu’ils faisaient à leurs enfants. Sans doute souriraient-ils moins s’ils voyaient l’état de la France. Aujourd’hui, les activistes du nouvel ordre européen doivent intégrer leur héritage.
Une construction européenne guidée par l’idéologie ultra-libérale exigera tôt ou tard que le peuple de France aligne son confort et sa liberté sur celle du peuple le moins disant, européen dans un premier temps, mondial par la suite. Puisque les entreprises peuvent déplacer sans entrave leur outil de production là où les conditions d’exploitation de la main d’œuvre sont le plus favorables aux actionnaires, il serait irrationnel, dans une logique d’optimisation des bénéfices, qu’elles restent dans une France où le SMIC est à 1500 euros alors que la Bulgarie, avec son SMIC à 261 euros, n’est qu’à 22 heures de camion de Paris. Elles pourraient même presser les travailleurs français à faire le déplacement, rien dans les règlements européens ne devraient s’y opposer. La désindustrialisation de la France, malgré la consommation d’une classe moyenne parmi les plus riches d’Europe et une population parmi les mieux formée du monde, n’a pas d’autre origine.
Pour lors, le déficit entre la production et la consommation génère un déficit commercial qui oscille mensuellement autour de 5 milliards, et qui se creuse avec constance. Ce déficit est résorbé par l’endettement. Il est probablement atténué par la vente aux étrangers de biens français, patrimoine et stock d’or y compris. L’évaluation de l’ampleur de ces ventes mériterait la constitution d’une commission d’information, si tant est que le pouvoir en place veuille attirer l’attention des français sur la situation. Ayant pris faits et causes pour l’Europe, il n’est pas certain que ce soit dans son intérêt. En réalité, cette course vers l’abîme sert ses funestes desseins et devrait lui permettre de passer par pertes et profit la classe moyenne française. Dès lors que la nation française sera ruinée, rabaissée, colonisée, l’harmonisation avec le moins disant social deviendra inévitable et l’Europe s’imposera comme une solution. L'allégation de contamination rabique serait un bon alibi pour qui veut exterminer son chien.
Quant aux poilus dans cette histoire ?
Le sacrifice des poilus a probablement vocation à s’insérer dans un récit européen concocté par des professionnels de l’ingénierie sociale qui feront table rase de la nation pour donner un nouvel élan à l’Europe. Après tout, l’histoire n’est jamais qu’un récit, choisi parmi tant d’autres, qui tisse une cohérence entre des faits et des croyances, pour préparer l'avenir davantage que pour relater le passé. Le travail semble déjà en cours. Avec le manque de subtilité, voire d’intelligence, qui les caractérise, les dirigeants politiques français tentent de discréditer la nation et de transférer sa charge émotionnelle sur la patrie. Le choix est malheureux puisqu’il rappelle les heures les plus sombres de notre histoire (je ne résiste pas à la tentation de renvoyer le boomerang dans la face de ceux qui abusent de cette expression). Après tout, « Travail, Famille, Patrie » n’était-elle pas la devise du régime de Vichy ? Ce choix est d’autant plus malheureux que le même pouvoir a maladroitement tenté de réhabiliter Pétain lors des célébrations du centenaire de l’armistice. Sur leur lancée, ils finiront par faire un lapsus entre Europe et IVème Reich. Les français ont bien raison d'être mécontent, la valeur intellectuelle de leurs élites suit la même courbe que celle du déficit commercial. Triste France.
Le projet européen n’est pas en train d’échouer sur un mouvement populaire mais sur une incapacité des élites à lui donner du sens, à fixer ses limites, à y introduire une certaine dose d’égoïsme, cet égoïsme qui guidera ceux qui accepteront de se sacrifier pour leurs enfants, leur nation.
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