L’ordolibéralisme allemand à l’épreuve du quotidien
Un aperçu du modèle économique allemand.
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L220xH351/Erhard-a1392.jpg)
Tout comme le fédéralisme, la mise en oeuvre de l'ordolibéralisme requiert une grande discipline, une rigueur de tous les instants. La structure décisionnelle n'étant plus verticale mais horizontale, l'unilatéral se soustrait à l'échange, et l'autorité au compromis. Les exemples les mieux connus où l'on doit s'accorder avant de décider sont : Bundestag (députés nationaux) vs Bundesrat (régions) pour la politique, de même que direction vs syndicats pour les entreprises (représentés à égalité au conseil d'administration). Mais il existe un autre équilibre fondamental à respecter, qui constitue la base d'une économie allemande ô combien florissante, c'est celui entre le marché et le cadre légal qui lui fixe les règles. Cet équilibre nécessaire porte un nom : l'ordolibéralisme.
Terminaison peu connue, elle fonde pourtant l'économie sociale de marché (Soziale Marktwirtschaft) chère à nos amis d'outre-Rhin. L'ordolibéralisme, conceptualisé à une époque où la plaie nazie se fait menaçante, définit une troisième voie, entre économie planifiée et libéralisme sauvage. L'Etat a un rôle important à jouer afin d'organiser ("ordo") le marché de façon libre et efficace, au profit des citoyens. Il fut mis en oeuvre après-guerre, notamment sous l'égide de Ludwig Erhard, ministre de l'économie du Chancelier Adenauer de 1949 à 1963. Son nom est souvent associer au "miracle économique allemand", miracle qui perdure de nos jours.
"Voie du milieu", équilibre entre régulation et liberté d'entreprendre, séparation des pouvoirs (monétaires, budgétaires et sociaux), on se demande bien pourquoi les Allemands (et leurs alliés périphériques : Autriche, Pays-Bas etc.) sont les seuls à s'être engagés sur une voie qui parait si pleine de bon sens (et de bienfaits pour les sociétés concernées) ? La raison est simple : c'est un système extrêmement exigeant qui requiert conviction, éthique et art du compromis. Les Allemands n'ont d'autres choix, après leur débacle du siècle précédent, que de se montrer exemplaires et d'adhérer à ces valeurs, quel qu'en soit le sacrifice à réaliser. D'autres pays ne se sentent pas soumis à la même contrainte. Malheureusement... pour eux !
Chaque jour l'actualité allemande égrène des exemples de cette confrontation entre cadre législatif et forces du marché. Une loi doit venir renforcer le contrôle du réseau ferré (voir précédent article), monopole détenu par la Deutsche Bahn, elle-même propriété... de l'Etat allemand, afin de ne pas défavoriser les opérateurs privés, susceptibles d'offrir de meilleurs services aux usagers, à moindre coût pour la collectivité. Et de créer de l'emploi. Ainsi l'Etat doit-il se sacrifier pour que vive l'ordolibéralisme !
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