L’Ukraine des convoitises
Ianoukovitch a disparu, vu pour la dernière fois en Crimée dimanche il reste introuvable. Une partie du peuple ukrainien est descendue dans les rues pour se débarrasser d'un oligarque corrompu (il suffit de voir sa somptueuse résidence en banlieue de Kiev et ses nombreuses collections). Certes un oligarque corrompu mais légitimement élu, l'OSCE1 qualifiera le résultat du scrutin d'« honnête » 2) et profitant avant sa destitution du soutien d'une grande partie de la population ukrainienne vivant au sud-est du pays. L'événement déclencheur des violences qui ont ébranlé le pays pendant 4 mois et fait plus d'une centaine de mort (si l'on rassemble insurgés et forces de l'ordre, car il ne faut pas oublier les policiers morts durant les affrontements) est le refus de Ianoukovitch de signer un accord de libre échange avec l'UE (il n'y était aucunement question de l'adhésion du l'Ukraine à l'UE dans cet accord). Les premiers manifestants pro-européens descendent rapidement en grand nombre dans les rues de Kiev et demandent la démission de président Ianoukovitch. Du côté du gouvernement comme du côté des insurgés les réactions sont disproportionnées entraînant une escalade de violence. Nos formidables médias occidentaux évoquent le soulèvement d'un peuple oppressé face à un tyran démoniaque, mais ce n'est pas aussi simple dans les faits.
Comment des manifestations pacifistes, pas plus violentes que l'occupation de la place Puerta Del Sol bien que le nombre de personnes sur cette place était nettement moins important, se sont transformées en affrontement extrêmement violents parfois à coups de balles réelles sur la place Maïdan ?
La colère et l'indignation du peuple ukrainien ont été instrumentalisées à des fins politiques et afin d'affaiblir la Russie. Les opposants de Ianoukovitch ont créé un golem maintenant récupéré par Bruxelles et Washington. Les grandes puissances occidentales condamnent les violences policières perpétrées durant le délogement de 10 000 manifestants de la place Maïdan dans la nuit du 29 au 30 novembre mais sont bien silencieuses ou pratiquent les mêmes méthodes en 2011 lors du mouvement Occupy Wall Street. N'y a-t-il pas une certaine hypocrisie ou une condamnation des violences sélective 3 ? Face à la monté des protestations Ianoukovitch n'aurait-il pas dû organiser un référendum demandant aux citoyens ukrainiens si oui ou non ils étaient majoritaires pour un rapprochement avec l'UE et respecter bien évidement le résultat du référendum en prenant les mesures nécessaires.
L'opposition a-t-elle réalisé un coup d'Etat ?
Oleksandr Tourtchynov bras droit historique de Tymochenko n'a fait que profiter de la situation. Le peuple fait fuir Ianoukovitch en prenant d'assauts les bâtiments institutionnels, la place très convoitée de président est alors libre. Ce n'est pas un coup d'état mais plutôt une récupération du pouvoir.
Quel avenir pour l'Ukraine ?
Il ne sert à rien de spéculer mais ce n'est certainement pas la démocratie qui sortira du panier. La tension est déjà montée en Crimée, région d'Ukraine la plus attachée à ses origines russes où vivent un nombre important de binationaux. Un pays stratégiques que se déchirent la Russie et l'UE au service de Washington qui n'a pas fini de souffrir. Une population entière est pris en otage car des intérêts économiques et militaires sont en jeu, ça ne vous rappelle rien...
La guerre froide s'est-elle vraiment terminée en 1991 ?
3 http://www.humanite.fr/monde/new-york-les-indignes-tiennent-bon-malgre-les-violences-480189
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