La Belgique n’en sort pas de ses turpitudes
A lire ce titre, vous vous dites, ça y est, Morice nous a encore trouvé un escadron de nazillons qui s’amusent à insulter Mbo Mpenza sur le terrain d’Anderlecht, et à crier des insanités à chaque fois qu’il vient narguer les filets de l’adversaire. Ou de dénicher un groupuscule néo-nazi dans lequel figuraient des militaires belges, qui s’amusaient le week-end au fond du Limbourg à jouer les évadés de la 7e compagnie. Avec une arrestation à la clé et une belle déclaration du ministre de la Défense, André Flahaut, qui annonçait alors fièrement le « démantèlement d’un groupement néo-nazi au sein de l’armée se livrant notamment à un trafic d’armes et à de la propagande raciste, xénophobe, antisémite et négationniste ».
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Un groupuscule un peu spécial, dirons-nous, puisque Bloed-Boden-Eer-Trouw, c’est son nom, avait pour égérie une jeune brune de 24 ans, surnommée "Tamara, la louve des Vikings" par la presse, car elle posait aussi nue à ses heures perdues dans des magazines osés. C’est rare chez un soldat, car la soldate Van Aelst, une engagée, revenait juste d’Afghanistan où elle avait passé quatre mois. Pour vivre une double vie de soldate et de patronne de bistrot, au Viking, un café "rock-métal" ouvert (jusqu’à 3 heures du matin) à Bourg-Léopold. La dame s’y dévêtait régulièrement, inaugurant ainsi une forme inattendue de néo- nazisme made in Belgium assez à part. Car, aujourd’hui, fini la guerre en Irak, changement de décor, nous allons parler sexe. Ou plutôt dépravation. Et religion, bien entendu.
Une Belgique encore noyée dans un catholicisme fortement amidonné, qui comme tout catholicisme tente de s’adapter au monde moderne, avec parfois de sérieux ajustements et de sérieux dérapages. Une religion qui gère mal la sexualité de ses croyants, et qui perd sensiblement du terrain dans la population. En 2006, la Belgique a ordonné 9 prêtres seulement, pour 200 environ par an il y a quarante ans. Une Belgique qui hésite encore parfois entre traditionalisme, ultramontanisme et ouverture vers le monde moderne avec par exemple la reconnaissance et l’acceptation du mariage homosexuel. Une évolution trop lente et brouillonne, qui explique en partie que le pays est secoué depuis quelques années par de sombres histoires, dont deux terribles, avec celle de Fourniret, dont le procès va bientôt débuter en France, et celle, inévitable de Dutroux. L’homme définitivement condamné, on croyait ne plus jamais à voir son spectre resurgir. Hélas, il vient de réapparaître de la pire façon qui soit.
Ce week-end en effet, la Belgique s’est réveillée à nouveau en plein cauchemar. On apprenait en effet que l’avocat liégeois Victor Hissel, celui-là même qui avait défendu les familles Lejeune et Russo après la disparition de leurs petites filles Julie et Melissa, a été inculpé par la police, au motif de détenir... des images pornographiques dans son ordinateur. L’accusation est terrible et abat tout le pays qui, comme les familles, avait mis sa confiance dans l’homme, qui à ce jour n’a toujours pas précisé sa position véritable vis-à-vis de l’accusation. Le parquet belge réfutant d’emblée l’idée d’un quelconque usage pour une éventuelle enquête. Aux toutes dernières nouvelles, c’est l’achat par Carte Bleue de ces documents qui l’aurait trahi. Une accusation imparable, semble-t-il. Une Belgique abasourdie, qui apprend par-là même que l’avocat n’est que le bout d’un gigantesque iceberg révélé par une enquête internationale, démarrée... en Australie. Surnommée par la police "Opération Koala", l’opération avait découvert 2 500 "clients" dans 19 pays, et permis l’arrestation de 92 personnes, dont un Belge, un Brugeois de 37 ans du village d’Assebroek, accusé de violer ces propres petites filles de moins de 11 ans. Ce dernier a déjà été jugé depuis et a écopé de dix ans de prison et d’interdiction de droits civiques, sa femme de deux ans avec sursis pour "négligence". Un avocat qui écrivait dans un site ce document atterrant aujourd’hui, gaussant ceux qui n’avaient pas assez insisté, selon lui, sur le danger des pédophiles :
"Dans un tout autre genre, j‘ai eu la très désagréable surprise de lire dans le Spirou du 10 mai 2000 auquel mon fils est abonné (hebdomadaire qui a rendu célèbre la petite ville de Marcinelle, bien avant Marc Dutroux) une histoire du Petit Spirou (par Tome et Janry) intitulée Le Monsieur qui mangeait les enfants qui semble destinée à convaincre les enfants qu’ils ne doivent pas redouter de se promener seuls tard le soir, même par temps d’orage, ni refuser d’accompagner un monsieur dans une camionnette blanche, ni de craindre un autre monsieur à la mine plus patibulaire que celle du molosse dont il est flanqué, bref, que ceux qui font croire aux enfants qu’il y a des méchants qui rôdent sont soit de dangereux affabulateurs, soit de malheureux paranoïaques...".
Un avocat fort disert, qui s’exprimait encore ailleurs de cette manière pour tenter d’expliquer le manque d’implication de ses concitoyens dans la vie politique, écœurés par les "affaires", et essentiellement celles de mœurs :
"Sans doute le sort réservé, hier et aujourd’hui, à ces enfants enlevés, maltraités, violés, battus, torturés et parfois tués, de la part de ceux-là même qui ont devoir et vocation de les protéger et de les conduire vers un futur serein, a-t-il découragé et démotivé les centaines, les milliers, les centaines de milliers de gens, Belges et migrants, autochtones et allochtones, jeunes et vieux, hommes et femmes, parents et enfants, qui avaient dit avec nous ce jour-là : ’Plus jamais ça !’". Ayant semble-t-il reconnu les faits, selon certaines sources, l’avocat fait effondrer le château de cartes de confiance que les Belges avaient mis tant de mal à redresser après de nombreuses marches blanches destinées à chasser définitivement les mauvais démons de la pédophilie.
Aujourd’hui, la Belgique repart vers ses vieux démons de la défiance envers ses représentants, une nouvelle fois trahie par ceux qui sont chargés de l’aider. Ce n’est pas fait pour redresser une vie politique qui part en lambeaux et un pays au bord de l’implosion véritable. Car ce n’est pas la première fois, en prime, qu’on trouve un mélange des genres aussi pervers : le 8 février dernier encore, la Cour d’appel d’Anvers condamnait Marcel Vervloesem, auto-proclamé "chasseur de pédophiles" à quatre ans fermes pour abus sexuels sur trois mineurs, et d’autres faits pour lequel il a bénéficié d’une prescription. Lors du procès, on sombre dans le sordide, certains enfants, selon certaines sources avouant avoir commis de faux témoignages contre une gratification de 375 euros... Vervloesem subissant deux tentatives d’assassinat entre-temps, des voitures lui fonçant dessus à deux reprises. Pour sa défense, une certaine "princesse" Jacqueline de Croÿ-Solre apparaît, riche et fervente catholique, elle est la tête du réseau antipédophile où figurait justement Vervloesem, mais qui portait aussi le même nom qu’une fondation de Croÿ fondée en 1993 et dans lequel figure Aldo Vastapane, M. Martini-Belgique, familier de la Cour de Belgique et... objet des investigations parlementaires sur les prétendus ballets roses. L’homme a été anobli par le roi le 18 juillet 2006. Bref, connaître la vérité dans cette affaire devient quasi impossible, tant les pistes se brouillent ou sont brouillées. Impossible, malgré le jugement, de savoir le fond réel des choses et le degré de manipulation de certains.
Et, comme tout le pays s’enfonce dans le pervers et le voyeurisme, certains en profitent, bien évidemment. Le dernier en date, en Belgique, étant RTL-TVI, qui propose en soirée sa nouvelle émission, Tout pour plaire produite par Everlasting Prod, qui ne consiste pas à parler pédophilie, mais qui fait dans le trash voyeur absolu, en proposant une émission inimaginable, celle qui consiste à suivre sept femmes dans leurs pérégrinations à l’intérieur d’un manoir wallon pour se faire charcuter au prétexte de chirurgie esthétique, et ce, sous l’oeil de la caméra bien entendu... comme le dit La Libre Belgique "Bienvenue dans le programme le plus impudique jamais produit pour une télé belge francophone. On y apprendra, en vrac, que Patricia a été battue par son père, que Brigitte a eu du mal à avoir un deuxième enfant, qu’Isabelle, dixit le dossier de presse de RTL, ’ne s’intéresse pas à grand-chose, passe ses journées à nettoyer, pourtant elle se rend compte à quel point c’est triste (sic)’. Le clou du spectacle étant un transsexuel de 21 ans venu faire raboter sa pomme d’Adam ! A peine si un petit logo annonce que c’est interdit au moins de 12 ans.
En Belgique, où on cultive le mauvais goût télévisuel et où les soldats font du strip-tease, des petites Melissa et des petites Julie n’auront pas toutes le temps de profiter de leur belle et insouciante enfance : des adultes avides d’argent proposent un monde de débauches et de perversions comme étant le fin du fin du Paradis, qu’elles risquent fort de rencontrer un jour sur leur chemin. L’Eglise a du mouron à se faire avec pareilles ouailles. En France, pas d’émission trash chirurgicale en vue, enfin pas pour l’instant, mais un président qui, lors d’un repas, n’a pas parlé que de la Shoah, comme l’ont entendu de plus attentifs que d’autres, mais aussi d’Eglise, de religion chrétienne et de catéchisme.... en "ouvrant [les enfants] à la question spirituelle et à la dimension de Dieu". A croire que l’exemple désolant du pays voisin engoncé dans des attitudes religieuses d’un autre âge ne suffit pas encore à démontrer que la liberté ce n’est pas empêcher les gens d’exprimer leur sexualité, mais de leur apprendre à davantage la contrôler et à ne pas la vivre comme un refoulement, qui attise les attitudes perverses.
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