La création d’une “Fédération Wallonie-Bruxelles” crispe la Flandre
Le projet était dans l’air depuis des mois, une idée surgie du sentiment unanime des francophones que l’Etat “Belgique” était en voie de délitement face à une Flandre de plus en plus nationaliste. Il fallait un bouclier pour préserver le ‘monument en péril’ qui sert tant les Wallons et les Bruxellois.
La « Fédération Wallonie-Bruxelles » est née le 4 avril 2011 à Namur, siège du parlement et du gouvernement wallons, de la transformation de la « Communauté française de Belgique », l’entité fédérée au nom bizarre qui gérait jusqu’alors les matières communautaires de ces deux Régions de l’Etat fédéral, essentiellement l’enseignement et la culture.
Précision importante : à Bruxelles, seuls les francophones, soit 85 à 90 pc de la population, sont concernés, les néerlandophones dépendent jusqu’à présent de la Région flamande pour ces matières. Rien n’est simple en Belgique et encore moins à Bruxelles.
Enfin un signal francophone clair
Au stade actuel, il ne s’agit que d’un changement d’appellation qui se veut porteur d’un symbole clair : l’union politique des francophones de Belgique, tous partis confondus. Non pas une union contre la Flandre à l’économie florissante mais une union face à ses velléités d’autonomie et à son ‘impérialisme ‘. Voyez la nuance.
Pour la suite, on verra ce qu’il y a réellement derrière ces mots. Des mots porteurs de sens qui ont eu le don d’irriter et de crisper le monde politique flamand. La fédération est censée renforcer les liens politiques entre les deux entités, ce qui n’était pas l’objectif de la « Communauté française ». Mais pas d’euphorie, la particratie et la lutte à couteaux tirés entre socialistes (PS) et libéraux (MR et FDF) joueront à coup sûr les trouble-fête.
Indignation flamande
La nouvelle, tenue secrète jusqu’à la dernière minute (c’est dire si le sujet est sensible), a immédiatement déclenché la polémique avec Moeder Vlaanderen (‘Mère Flandre’) incarnée par la nationaliste NV-A de Bart De Wever - premier parti, faut-il le rappeler, de Flandre et du Royaume - et le CD&V, son allié chrétien-démocrate des mauvais coups. C’était à prévoir sans l’ombre d’un doute dans ce climat politique délétère et conflictuel qui plombe ce pays depuis des années.
Les seconds couteaux de ces deux formations ont donc hurlé à la provocation, à l’imbécillité, au manque de correction envers la Flandre si généreuse en transferts financiers et à l’absence totale de considération pou les Flamands vivant à Bruxelles. Blabla et effets de manches quand on voit le sort que réserve la Flandre aux francophones de la périphérie de Bruxelles.
Avec l’inénarrable « BHV », la Région Bruxelles-Capitale - enclave francophone en terre flamande - qui se fédère à la Wallonie, voilà un nouveau problème qui fâche. Nul doute qu’il risque de torpiller ce qui reste des tentatives de reforme de l’Etat et de formation d’un gouernement fédéral.
Le compteur affiche aujourd’hui 298 jours de crise et le 22 avril, le gouvernement démissionnaire fêtera son premier anniversaire. Mais pas de panique, le non-pays est sous contrôle.
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